Rechercher dans ce blog

Affichage des articles dont le libellé est Zoblota. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Zoblota. Afficher tous les articles

jeudi 8 juin 2017

CYNÉMA

Salle de projection autorisée aux chiens.


   Rien de mieux qu'un chouette rififilm au cynéma : ça tire, ça gémit, ça aboie, ça hurle à la mort, ça clabaude, ça gueule, et puis ça s'apitoie, ça geint, ça se gratte, alors tu te grattes, ça sent la poudre et la pisse, ça bave, ça chauffe, ça sniffe, ça reniflaire, ça échaufourne, ça déraille, ça échafourre, ça regueule puis ça se rue, ça poursuit, à tire d'haleine, ça tournevrille, ça rouleboule, ça vire en vrac, ça freine, ça plante la truffe, ça là où je pense, et ça repart, ça tire la langue, à bout de souffle, ça bondit, ça mordille, déchiquète, ça remue, ça rappelle à l'ordre, ça se jette à l'eau, ça mouille, ça se secoue, ça remue la queue, ça caresse, ça lèche la carcasse, ça dévisage, ça se niche dans les trous, et puis ça fraie, ça se tourne, ça se retourne, ça se contourne et puis ça se détourne, ça s'effraie, et puis ça repart, alors ça se recontourne et ça se bistourne, ça saigne, ça saigne encore, ça s'encroûte, ça ratisse, ça se regratte, alors ça regarde sa montre, ça bâille, montre les dents, ça pue, ça s'étire, se pandicule, ça se détourne encore, ça s'en va, ça a toujours de la gueule et en plus c'est pas cher : le grand cynoche qui touche au propre de l'homme dans sa globalité flagrante, expression reproduite d'une aventure vécue dans la pénombre des salles obscures, langue pendante et oreilles dressées, à l'affût de la trame d'enfer qui démange et déménage sur un écran de rêve quand le prurit crasseux du quotidien devient imaginaire.

(Archibald ZOBLOTA, Demain sans savoir quand)