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jeudi 27 juin 2019

DYSPHORREUR

Sensation immotivée de mal-être grandissant.


Un coup de blouz bat le cœur
Qui ne saurait le comprendre
Un tant soit peu dysphorreur
Si ce n’était tant de cendre

Tel un bourdon qu’un vol bas
Toujours plus lourd exaspère
Brouillard d’ardeurs cadenas
Soleil qui fouille incarcère

C’est de l’or pur des enfers
Qui des cieux passe les fers
Tord-boyaux pour les limaces

Goût de stupre et moite peau
Peur chauffant les carapaces
Et la mort veule à-vau-l’eau


(Apollon KLOSTROGNIAMENTALK, Sonnepténaires)


● Malaise paroxystique.


On ne peut s'empêcher de boire, écervelés 
Pour oublier jusqu'aux englouements enfiellés.
Sournoise dysphorreur des lendemains de cuite

Quand vivre vous réveille et vous torture ensuite.

(Jean-Alphonse de LA MOUSSOLAINE, Les élancoliques)

jeudi 20 juin 2019

ENCRICRINER

Lasser sévèrement son entourage par des mouvements d’archet inconsidérés.


Mais encricriner a du bon :
Je sais un air très populaire
Qu’il faut racler au violon
Si tu veux larguer ta rombière
Et rendre le chien furibond.



(Martin LEMIÈVRE, Les démasculines)

vendredi 14 juin 2019

FANFRELOUCHER

Prendre le pli de la surcharge décorative, de la joliesse convenue.


La beauté sans ouvrage est celle qu’on préfère ;
Celle qui nous travaille au miroir sans arrêt,
Nous rend silencieux puis nous rend solitaire
Devant l’inaccessible et supposé portrait.

Comme toujours on est tout près de ce mystère :
Ailleurs est la beauté qui nous ressemblerait.
Comment la dire alors à défaut de la faire ?…
Ainsi fanfreloucher entretient son secret !

Car on peut aisément tirer de la nature
L’
artifice idéal à donner en pâture
Aux esprits encombrés d’un pareil engouement

Pour vivre dans l’espoir d’une grâce formelle,
Et dans l'illusion d’un obscur dénouement
Sinon la mort à quoi chaque rêve se mêle.


(Samson d’ALLUNELLE, Méditations hypnothétiques)

jeudi 6 juin 2019

GLISSUER


Évoluer à grand peine sur un terrain fangeux, dangereux.


C’est un miroir informe, une flaque boueuse,
Terre vague et sans nom qu’on ne voit plus finir,
Comme un Paris-Roubaix à n’en plus revenir
Où la mort faucherait comme une mitrailleuse.

Avec 36 – 16, et souvent en danseuse,
Quoique tout soit si plat, il faut bien plus souffrir
Que s’il fallait grimper sans jamais aboutir,
Pour tracer vers le ciel sa route hasardeuse.

Alors on a le cul bien lourd comme un pavé,
Glissuant sur ce pan de ciel inachevé,
La tête dans la brume où brouiller ses névroses.

Faut être un peu maso, bougrogne-t-on parfois,
Tant l’on dure, affligé de notre propre poids,
En transpirant ainsi la matière des choses. 



(Christophe DURALUMAIN, La pourfuite du bonheur)