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mercredi 28 août 2019

SONNEPTÉNAIRE

Poème à forme fixe composé de quatorze heptasyllabes justifiés de vingt-huit caractères, espaces comprises, de coupe 4/3 pour les deux quatrains sur quatre rimes, et 3/4 pour les deux tercets suivants sur trois rimes. Le respect des règles de versification classique, reine mère des contraintes, n'est pas tant une obligation qu'une politesse.


Repère un vers de sept pieds 
Qui t’emprisonne au problème 
Maint labyrinthe en toi-même 
Pour en froisser tes papiers 

Un truc chiant qui travaille 
Le cœur tout plein du dégoût 
De battre au vent et surtout 
Pour accomplir ta trouvaille 

Que d’un rien vraiment banal 
Naisse au jour l’objet final 
Par défis presque ordinaires 

Mais qu’ensuite après essais 
Il nourrisse à pleins succès 
Tes prochains sonnepténaires 

(Apollon KLOSTROGNIAMENTALK, Sonnepténaires)

mercredi 21 août 2019

TROMPRE

Faire du bruit par peur du silence, du noir.


Je vois nos descendants, qu’un même rêve exhorte,
Aller loin dans le ciel sonder leur propre nuit
Et, pour trompre à leur suite (ô silence où tout fuit !),
Des chevelus jouant de la musique forte.

(Hugo SPLECTOR, La fiente de l’Esprit)


                                        _____


Infatigablement nous allons dans un gouffre
(Bien qu’à la vérité nous y sommes déjà),
Et rien dorénavant ne peut nous retenir.
Et bientôt le jour tombe, emporté lui aussi ;
Déjà je vois la nuit sans étoiles, sans hommes,
Et l'avenir profond où s'abîme le monde ;
Déjà je sens sous moi la terre qui déverse,
Comme un tombeau glacé qui ne résonne pas…
Comme si… comme si rien n’avait existé…
Que sommes-nous ? que suis-je ? Un spectre, une ombre… une âme,
Ou bien quelque animal venu gratter le sol
Pour disparaître encore et encore, englouti
Dans l'insondable flot d'une mer sans rivage…
Faire du bruit par peur du silence, du noir :
C’est là le vain projet des âmes en souffrance
(Et le fait de tous ceux qu’on nomme des fêtards).
On pourrait dire ainsi « trompre » en inversant les lettres…
Et malgré tout j’entends l’abîme, le silence
Prolonger sans répit mes piaffements stupides…
J’entends… et puis j’écoute, en dépit de moi-même…
     (Il se fige. Temps de silence)
Une brèche est ouverte au milieu de mon ventre,
Et déjà l'eau s'engouffre à l'intérieur de moi.

(Chrisostome MARLOQUÊTRE, L'âme létale)

mercredi 14 août 2019

VIRONCHONNER

Tourner en rond, s'agiter en bougonnant.


J'étais comme on peut être amer et sans le sou,
Vironchonnant en vain en rêvant de tempête :
Quelque chose manquait qui me bourrait la tête ;
Et je compris alors que je n'étais plus soûl.

(Stanislas PHOLLION, D'une mer inconnue)

lundi 5 août 2019

Valise (Noël Talipo & Sguono Shivko)


VALISE


Que renferme, au grenier, la valise en carton
Que la poussière et le silence ont recouverte ?
D’un voyage elle garde une étiquette verte.
Seul a vu son trésor, fureteur, le raton.

Peut-être est-il venu se faire un gueuleton
De chiffes, de papiers, dans la malle entrouverte
Et, dans le paradis de cette découverte,
Combla-t-il son penchant de voyageur glouton.


Rongeur globe-trotter, raconte à l’enfant sage
Les océans bravés, les torrides rivages,
L’accostage aux pontons envahis de senteurs ;

Qu’imprégné du remugle exhalé de la malle,
Il s’invente un pays qui le laisse songeur,
Longtemps, au noir grenier de son âme brumale.


NB & OG