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mercredi 21 août 2024

LITTÉRATURNE

"Cyrano de Bergerac", tirade des "Non merci"

Réduit poussiéreux encombré de livres, de papiers.


Mais… glander à propos, mais bayer aux corneilles,
Mais baîller de sommeil après de folles veilles,
Puis dormir, puis rêver, puis renaître à nouveau
Pour laisser maints projets envahir le cerveau,
Calé dans le cockpit de ma littératurne
Voyager sans entrave entre Lune et Saturne,
Passer mon temps à lire, à rimer comme un sot,
Versifier recto, rectifier verso,
Ne pas avoir à rendre un devoir, un ouvrage,
Etre un loser, peut-être, et manquer de courage,
Ne jamais rien finir pour tout recommencer,
Toujours, à perdre haleine, avancer, m’élancer,
Balancer, ressasser, m’exercer à l’audace,
Me perdre à m’égarer pour retrouver ma trace
Sans plus craindre l’échec, l’avenir, le linceul…
Et jouir malgré tout du tourment d’être seul.


(Raymond de VOSTAND, Cyrano de Rudubac)

vendredi 5 janvier 2024

NOMBRILLER

cyrano de bergerac édition originale 1898 (E. Rostand)

Rayonner insolemment d’égocentrisme.


A soi seul être un feu d’artifice de pute
Pour se vendre et reluire en cherchant la dispute ?
Non, merci. Nombriller tel un soleil d’emprunt
Pour éblouir le ciel d’un trait inopportun,
Et récolter ainsi les tweets épidermiques
Qui nourrissent en vain de vaines polémiques
Pour la gloire sans nom de mon nom ? Non, merci !

(Raymond de VOSTAND, Cyrano de Rudubac)


edmond rostand, cyrano de bergerac tirade des "Non, merci".

jeudi 5 janvier 2023

SAYNISETTE

 

portrait Pierre Corneille modifié blog "saynisette"

Sketch sur un sujet scabreux.


Cet interest tousjours qu'on porte aux saynisettes
Lors que, lassé bien-tost des simples amusettes,
De l'humaine Nature on jouyt en secret
En nous deffendant bien d'y porter interest !
La raison pour laquelle on se plaist à ces choses
Est que nous en prisons les effets sans les causes
De peur de nous sentir un peu trop concernez.
Ainsi sommes-nous faits que, puant par le nez,
Nous allions en humer l'odeur nauseabonde,
Asseurez qu'il s'agit du trou du cul du monde.

(Légitimus CŒURNŒIL, Ithyphigénéithliacus)

jeudi 15 décembre 2022

TOUPÉTER

Buste  de Molière à Chambord, avec lunettes

Se conduire avec un sans-gêne, une grossièreté inqualifiable.


                        ÉTAMÈRE
Quoy ! qu'un pareil fripon vienne icy toupeter,
Avec sur le visage un air à souffleter…

                        ORGERON
Et s’il me plaist à moy que ceans je l’accueille ?
Car enfin je me dois d'héberger ce Morlœille.

                        ÉTAMÈRE
Vautré dans vos fauteuils, crachant sur les tapis,
Bientost il se prendra pour un petit marquis,
Demandant sans vergogne & l'azile & la table.

                        ORGERON
Et moy, ce que je veux, c'est de rester aimable
Avec qui pourroit bien servir un interest
Qu'il convient de garder dans le plus grand secret.

                        ÉTAMÈRE
Ma foy, tant de mystere à de quoy me surprendre !

                        ORGERON
Vous en sçaurez tantost le Party qu'il faut prendre,
Et qu'aimer son Prochain est toûjours un bienfait.

                        ÉTAMÈRE
A vostre air entendu j'en constate l'effet !
Mais ne me meslez point à vos sales Histoires
Où le plaisir confine à des vices notoires.

(Jean-Pierre MORLŒILLELa mare au lit)

jeudi 15 septembre 2022

CENSUSURRER

"Britannicus", parodie de la pièce de Jean Racine


Chuchoter ou mimer ce qu'on n'ose dire tout haut.


ALBUMINE
Si je devine en vous maint panchant pour le sexe,
A vous voir, je demeure indécise, perplexe ;
Mais je veux, à l’aspect d'agremens si serrez,
Juger là de propos que vous censussurez :
Autant que vostre slim vous moule fort la chose,
Vos yeux parlent bien mieux quand vostre bouche est close.

BRITANORAQUE
Madame, il est plus doux, en de pareils appas,
De taire ce qu'on dit en le disant si bas,
Pour que ce qui se dit soit autrement sublime
Et monte plein d'ardeur de mon épididyme.

(Jean-Rachid de CRAMPISTON, Britanoraque)

mardi 8 décembre 2020

CHARMEMENT

Potentiel de séduction irrésistible.


L'innocence toûjours a tout à redouter
D'un fatal Charmement à si bien l'exploiter. 
J'aimerois vous haïr de vous aimer, Madame,
Tant vostre omnipresence entretient une flâme
Qui m’oxide les nerfs, & qui, pour seul profit
Consumant mes boyaux, me flingue sans répit ;
Car vostre Look d'enfer en dépit de mes craintes
Me pousse à desirer d'en souffrir les atteintes.
A scooter, à roller, en silence, à grands bruits,
Partout je vous retrouve & partout je vous fuis.

(Jean-Rachid de CRAMPISTON, Scaphedre)

mardi 16 juin 2020

INTÉPIDITÉ

INTÉPIDITÉ "Arabécédesque" (Olivier Goldsmith) Suréna Corneille

Hardiesse contenue.


EURYCIDE.
Seigneur, faut-il aussi que j'oste ma culotte ?

GEMAYEUR.
Point tant de nuldité qu'un vil desir pelote,
Et différencions culotté de gonflé.
Avez-vous seulement l'entrecuisse étoffé
Qu'il dote ainsi ce dont vous voulez vous démettre ?
Il faut, par volupté, du cœur demeurer maistre,
Et gérer à propos un desordre imminent
En l'habillant toûjours d'un desir lancinant.
L'héroïsme n'est plus marque d'un grand courage
Dés lors qu'il est guidé par la fievre & la rage.
Préférons le calcul & l'intépidité
Au stérile fracas de cette nuldité.
L'effeüillage sied mal à l'ame exacerbée
Qu'enflâme un doux secret à l'ardeur inhibée.
Rhabillez-vous, Madame, & faites-nous valoir
Ces tresors délaissez que vous nous fistes voir.

(Légitimus CŒURNŒIL, Eurycide)

jeudi 11 juin 2020

JUPÈTE

JUPÈTE "Arabécédesque" (Olivier GOLDSMITH)


Vêtement féminin d’une seule pièce enserrant la taille et taillé avec une grande économie de tissu.


Je voy que ma jupete en secret vous excite
Et que, d'un fier semblant exaltant mon merite,
Ma Cambrure, attentive à capturer vos yeux,
D'un cœur indifferent a sçeû trahir les vœux.

(Jean-Rachid de CRAMPISTON, Les ficelles de Nathalie)

mercredi 18 mars 2020

TURGÉRECTION

Raideur pénienne involontaire et embarrassante.


ALICE, s'arrêtant net au pas de la porte. – Oh ! mon Dieu !
DUGRIVAL, se mettant en biais et dissimulant tant bien que mal le bas de sa chemise sans vouloir y paraître. – Ah ! madame, justement… permettez-moi…
ALICE, louchant malgré elle sur la turgérection de Dugrival. – Ah ! monsieur, je ne consens point à vous entendre.
DUGRIVAL. – Mais je n'ai encore rien dit !
ALICE. – Pardi ! vous êtes bien assez convaincant comme ça pour se passer de vos commentaires.
DUGRIVAL. – Les habitudes matinales, vous savez…
ALICE. – Mais je ne sais rien du tout, monsieur ! Épargnez-moi vos gauloiseries ! C'est insupportable, à la fin !… Et puis on pourrait venir !…
DUGRIVAL. – Vous êtes bien là, vous !
ALICE. – Ah ! ça c'est un comble !
DUGRIVAL. – Et puis la fatigue, avec cette chaleur… c'est typique.
ALICE. – Mais c'est monstrueux !… Satyre ! Apache !… Nervi !
DUGRIVAL, outré. – Oh ! je vous en prie, c’est assez dur comme ça !… Enfin je veux dire…
ALICE. – Pinocchioïde !
DUGRIVAL, humilié. – Oh ! non… (Il se ressaisit.) Et puis zut, à la fin ! je n'y suis pour rien, moi… Vous n'aviez qu'à ne pas entrer ! Vous auriez pu frapper, au moins !
ALICE. – Mais, cher monsieur, j'étais à mille lieues de penser que vous fussiez là, et surtout que vous en fussiez là !… Vous êtes un malade !
DUGRIVAL – « Fussiez, fussiez »… Mais je me porte très bien, madame : je suis en parfaite santé !
ALICE. – Oui oui… je vois !
DUGRIVAL. – Eh bien vous n’avez qu’à ne pas voir, voilà !…
ALICE. – Oui oui… Mais tout de même, permettez-moi...
DUGRIVAL. – Ah ! non, non, non, non, non, non, non, non et non !… Ou plutôt si !… Enfin je ne sais plus, moi !… Et maintenant permettez-moi…(Faute d’issue autre que la porte d’entrée où se tient Alice, il fait mine de vouloir se retirer pour signifier son intention.) Permettez-moi… (À la cantonade.) Oh là, là, là, là ! la guigne !
ALICE. – Quoi encore ?
DUGRIVAL, à la cantonade. – Elle va encore me guigner longtemps comme ça ? (Il se trouve un prétexte en dansant sur ses jambes.) J'ai envie de faire pipi : là !… (Il grimace.) C'est l'émotion…
ALICE. – Vous régressez, mon cher.
DUGRIVAL. – Mon vase ! Il me faut mon vase… je ne peux pas l'attraper… j'ai les mains prises !

(Georges FLOODEAU, La main au panier)



lundi 27 janvier 2020

BORDREL

BORDREL mot-valise blogger.com "Arabécédesque" (Olivier Goldsmith) Jean Racine Phèdre

Grand désordre organisé.


Un semblable bordrel a sa raison secrette
Qu'on peut élucider pour peu qu'on s'y arreste.
Il en faut démesler le chaorganisé,
Le foutoir d'un foutoir un peu trop provisé
De vieux Syllogomane épris d'infinitude,
Pour découvrir l'objet de tant de solitude.
Sçauras-tu par toy seul, sans le moindre secours,
Percer d'un tel bordrel les plus sçavans détours ?
Sans ton crétin de Pere, avec toy descenduë,
Je sauray retrouver la Verité perduë !


(Jean-Rachid de CRAMPISTON, Scaphedre)

mardi 24 décembre 2019

FARD'EAU

FARD'EAU, Arabécédesque (Olivier Goldsmith) [Molière, Tartuffe]


Vase de nuit, lourd récipient rempli d'un liquide douteux.



PERONELLE
Ciel ! vous-mesme portant les deux pots de Pamufle…
Il traîne encore au lit à cette heure, ce muffle ?

AMAROLINE
Allez, Péro ! Plûtost, delivre-moy du poids
De ces pesans fard'eau qui me brisent les doigts,
Et pour qui je conçoy tant d’horrible amertume !


PERONELLE
Ouais ! voila bien, Madame, une étrange coûtume !
Je vous laisse le soin d'un si bel hypocry,
Car à de tels plaisirs il faut estre aguerry.
Pareils amusemens vont aux ames morbides
Qui n’ont pour goust pervers que ces panchans humides.
Ma « Libid’eau », Madame, est plus sobre en cela
Pour m'en sortir assez sans tout ce brouhaha,
Ni ce bel agrement que vous tirez à feindre
Une pareille horreur si preste à vous étreindre.


(Jean-Pierre MORLŒILLE, La mare au lit)

mercredi 11 décembre 2019

GÊNESSE

Gênesse  "Arabécédesque" (Olivier Goldsmith) Jean Racine Iphigénie


Génération montante manifestant une défavorisation remontée.


GAGAMENTOWN
Je voy que le courroux voilant vostre impuissance
Distrait vostre impudeur non sans quelque élégance.
Chilla, tu n’es qu’un con de pitbull enragé
Qui se la léche apres s'estre bien soulagé.
Et puisqu'on peut clasher en langue turque ou grecque,
Sçachez que vous parlez comme on pisse ou défeque,
Et ce gros trou du cul qui vous ouvre tout grand
Le milieu du visage est si préponderant
Que le reste n'est plus que vent & que poussiere
Inapte à s'exprimer, surtout sans museliere.
Vostre boule à zéro, vostre petit œil noir,
Vous font un air de bœux qu'on mene à l'abattoir.
En attendant, je croy que le véterinaire
Y pourvoiera bien mieux que je ne pourrois faire.

CHILLA
Tu progresses.

GAGAMENTOWN
                                Parfois j’ay grande volupté
A devenir vieux con, & ma felicité
Croist singulierement devant tant de gesnesse
Qui râpe de la crotte en pissant par la fesse.
Et maintenant, passons à nos raisons d'Estat.

CHILLA
Pour te la jouer seul en ubupotentat ?
Helas ! Pere odieux de fille anorexique !

GAGAMENTOWN
Le petit chien Chilla sa Mere encore nique ?
Pourtant je ne suis pas Papa si « rodieux ».
Mais jactons, à present que tu jappes bien mieux.

(Jean-Rachid de CRAMPISTON, Sissigenie)

jeudi 19 septembre 2019

PANTOUFFLÉTAIRE

Polémiste sans conviction réelle.


  Emberlificrottés dans notre testicouilllis séborrhéique, empatouillés dans le jus saumâtre de nos limbes oléagineux, nous voici devenus des carnassiers bidons, des polémanthropes margouilleurs d'un zoo sans clôtures, poussahs poussifs, pantoufflétaires braillards, écornifleurs pourfendeurs de cacahuètes piégées et grands buveurs de Viandox sec.

(Samuel MORDOGUE, Mort-aux-rats)

mercredi 21 août 2019

TROMPRE

Faire du bruit par peur du silence, du noir.


Je vois nos descendants, qu’un même rêve exhorte,
Aller loin dans le ciel sonder leur propre nuit
Et, pour trompre à leur suite (ô silence où tout fuit !),
Des chevelus jouant de la musique forte.

(Hugo SPLECTOR, La fiente de l’Esprit)


                                        _____


Infatigablement nous allons dans un gouffre
(Bien qu’à la vérité nous y sommes déjà),
Et rien dorénavant ne peut nous retenir.
Et bientôt le jour tombe, emporté lui aussi ;
Déjà je vois la nuit sans étoiles, sans hommes,
Et l'avenir profond où s'abîme le monde ;
Déjà je sens sous moi la terre qui déverse,
Comme un tombeau glacé qui ne résonne pas…
Comme si… comme si rien n’avait existé…
Que sommes-nous ? que suis-je ? Un spectre, une ombre… une âme,
Ou bien quelque animal venu gratter le sol
Pour disparaître encore et encore, englouti
Dans l'insondable flot d'une mer sans rivage…
Faire du bruit par peur du silence, du noir :
C’est là le vain projet des âmes en souffrance
(Et le fait de tous ceux qu’on nomme des fêtards).
On pourrait dire ainsi « trompre » en inversant les lettres…
Et malgré tout j’entends l’abîme, le silence
Prolonger sans répit mes piaffements stupides…
J’entends… et puis j’écoute, en dépit de moi-même…
     (Il se fige. Temps de silence)
Une brèche est ouverte au milieu de mon ventre,
Et déjà l'eau s'engouffre à l'intérieur de moi.

(Chrisostome MARLOQUÊTRE, L'âme létale)

samedi 27 juillet 2019

ARIGIDITÉ

ARIGIDITÉ "Arabécédesque" (Olivier Goldsmith) Jean Racine BAJAZET


Intransigeance d’un esprit borné.



LÆTANIA
Juste Ciel ! ce Minus…

OXANNE
                                              Estoit mal rancardé,
Car depuis Ibrahim l'a si bien possedé
Que Raymond, sous l'effet d'une heureuse fortune,
A pû luy refiler sa Came contre Thune.

LÆTANIA
On est faites ?

OXANNE
                             Not yet. Chouette fatalité !
Car, chez un con pareil, toute arigidité
Vient prouver sa limite au cerveau qu'il héberge,
Et je sçauray fléchir un poireau qui gamberge.



(Jean-Rachid de CRAMPISTON, La came de chez Ibrahim)

mardi 16 juillet 2019

BOUILLONNIR

BOUILLONNIR "Arabécédesque" (Olivier Goldsmith) Jean Racine Iphigénie

Être en proie à un accès d’exaspération improbative.



GAGAMENTOWN
Hi ! hi ! Pleurons, pleurons cette Hostie innocente,
Puisqu'à ce sacrifice il faut que l'on consente,
Et nous aurons enfin le plus bel avenir.


CHILLA
Ces mitos ça m'vénere à faire bouillonnir,
Poucave !


GAGAMENTOWN
                      Doy-je craindre une voix menaçante ?
Ah ! que doy-je esperer d’une humeur si blessante ?


CHILLA
Ferm' ta gueule fombou, boloss, gros Porc, connard !
Tu crois que t'as le flow ? Sa race le crevard !
Tu crois que j'vay t'laisser niquer ta noble Fille ?
Gagatride, t'es trop le dossier d'la famille !
On va passer l'flambeau plustost à un Psyco,
Wesh ! on va t'expliquer que t'es juste un skizo
Qui revend des mégots avec ton Calchiotte
Pour t'payer du bedo, gros bastard, face d'ilote !


GAGAMENTOWN
Et vous mesme, ça va ?


CHILLA
                                               Tu clash' mal le daron.
Zyva, mon sang m’enjoins de t'péter la cheutron,
Mais je kiff’ trop Sissi pour t'exploser, ta Mere !
Pas vray, t'as le chiro qui grave déblatere.
T’es trop relou : j’te jarte, ô face de goret !
A d'autres reviendra de te couper l'sifflet.

(Jean-Rachid de CRAMPISTON, Sissigenie)

mardi 23 avril 2019

MINOTORDRE


Faire saillir ses muscles de manière spectaculaire.


« Sculpturiste » ? pour être encombré de son corps,
Epater sa Roxane et autres beaux records ?
Minotordre pataud, bralourdi de sa force,
A faire frétiller sa viande sous l’écorce ?
Crâner, grosse caboche et cerveau rétréci,
En bibendum gonflable aux grands airs ? Non, merci !


(Raymond de VOSTAND, Cyrano de Rudubac)

vendredi 1 février 2019

DÉCLAMSER

Réciter avec emphase et d'une voix mourante.


        Moi qui fus tout de n'être rien,
        Debout contre l'arbre, je pisse
        Une dernière fois… C'est bien
        De déclamser au précipice
Un souffle d'âme morte aux allures de chien,
Quand mon trait tient si peu, que sur l'écorce glisse
Un panache dernier pompeusement au sol.

(Raymond de VOSTAND, Cyrano de Rudubac)


"Déclamser", Edmond ROSTAND "Cyrano" (Arabécédesque, Olivier Goldsmith)

vendredi 18 janvier 2019

HYPOCODISTIQUE

Au théâtre, distichomythie en langage enfantin, forme dialoguée symétrique par groupes de deux vers d'un style niaisement affectueux.


CYRANO
A pipi de dodo, zizi de diablotin.
O bave, incontinence ! O trésor enfantin !

CHRISTIAN
Mon tout petit toutou, ma crème bien battue,
Mon cher petit trésor, ma sucette pointue…

CYRANO
Toi-même gros matou, bien vilain bon gros chat,
Mon gros pipi tout chaud, mon gracieux crachat…

CHRISTIAN
C'est pour la rime ou quoi ?… Bon, la rime est facile,
Mais ça pousse au poisseux tout en restant gracile.

CYRANO
C'était juste un essai... « Dits inaccoutumés,
Hypocodistillés entre adultes rimés ! »

CHRISTIAN
C'est nul.

CYRANO
                    Et tant qu'on peut ! qu'on en ait quelque honte
Lorsqu'en société l’on sent que cela monte,
Ces mots presque interdits parce que dégradants
Dont on goûte à plaisir les rototos fondants.

CHRISTIAN
Chiassez le précieux, il revient en courante.

CYRANO
Réplique bien vilaine à rayer sans attente.

CHRISTIAN
Réplique sans pareille en un pareil tournoi.

CYRANO
Non, vraiment, sans « caca » c’est de mauvais aloi.
Je préfère de loin ces doubles syllabiques,
Qui ne trahissent point nos hypocodistiques,
A tous ces jeux de mots pour piliers de comptoir :
Régressons en gardant semelle au décrottoir.

(Raymond de VOSTAND, Cyrano de Rudubac)


"Hypocodistique" Edmond ROSTAND "Cyrano" (Arabécédesque, Olivier Goldsmith)

jeudi 31 mai 2018

COURROUSSIR

Se consumer de rage.


MALCESTE
Tout m'excede à l'envy, fait boüillonner mon Sang.
J'ay la teste qui brûle & suis courroussissant
Comme un autocuiseur laissé par Avanture
Sur un feu dévorant qui dure & qui torture !

CELIMARE
Qu'avez-vous ?

MALCESTE
                                 Suis-je donc d'aussi peu de valeur
Que vous me préferiez un si piétre enjoleur
Qui, pour comble d'horreur, habite juste en face ?

CELIMARE
Croyez-vous donc toûjours qu'on prenne vostre place ?
D'une flame sans feu vous faites bien trop cas
Pour courroussir à poinct avec tant de Fracas.

(Jean-Pierre MORLŒILLE, L'amy de trop)