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mercredi 27 avril 2022

FLATULULER, FLATURLER

Parler fort d'une voix aiguë, crier, pour couvrir un pet.


    De ce côté-ci nous avons vue plein sud sur la partie la plus pittoresque de la ville ! flatululai-je en ouvrant grand la fenêtre au cas où.
   Et, comme décidément aucun scooter ni sirène ne venait à mon secours, j’embrayai désespérément d'un grand éclat de rire en désignant le panorama d'un geste large.
   Dehors il faisait un soleil radieux, épouvantable.

(René SOUZIX, La liberté fait crier)

dimanche 24 avril 2022

GODELURÈTRE

Jeune homme se croyant irrésistible devant les dames en se tripotant la braguette.


  Si ça continue il ne va plus être présentable ! assuricana Dina dans sa barbe en soutenant le regard du godelurètre au visage lisse et luisant, mais que son verre semblait décidément encombrer.
  Le fait est, en dehors des regards, il n'y avait rien alentour pour poser un verre ni quoi que ce soit, si ce n'était à même le sol.
  ― Il a un slip au moins ? pouffa Vicky en se détournant pour reposer au sol son regard duveteux.

(Emmanuel SEULIVAT, Portraits cachés)

vendredi 8 avril 2022

HALLUCIGNITION

"Apollonie Sabatier", bicentennaire de sa naissance, (7 avril 1822)


Perception psychique sans objet réel dans lequel la notion de feu joue un rôle prépondérant.


  Se la jouer Granguignon pour se refaire des histoires, du roman de soi venu d'ailleurs, alimenté par l'impatiente et patiente traduction qui s'accomplit de jour en jour, fébrile, vivifiante, à malmener interminablement le Boyer écorné : retrouver ce qu'il y a eu avant les mots, à en palper sinon que des mots ; tâter là-même la véracité de l'invérifiable obsédant, du sublimagyné à s'en aveugler. Pèlerinage absorbant d'un traducteur improvisé remontant ses propres traces dans la ferveur du miroir-sans-tain, jusqu'à transformer le réel pour se l'approprier. Dérapage insensible, irrésistible, dans l'ivresse de la solitude, en quête de révélations éblouissantes. Et puis angélitisme à l'instar du modèle original pour entretenir le flambeau vivant d'un fantôme cristallisé avec assez de force pour bâillonner les sarcasmes ruminés de la maldonne, assourdir les ricanements échoïstes de la brunante daubeuse.
  Alors cristallisation encrée au détour d'un trait de plume un peu trop gai, un triste soir de décembre frisquet réchauffé par l'âme irradiante du vin évadé de sa prison de verre, et, « les yeux illuminés par l'ardeur du mirage », ressortir du tiroir quelques strophes vengeresses à la chute morbifique pour stigmater un rire par trop cristallin s'il n'est moqueur. Récurrence maladive qui porte au rouge un cœur battu d'avance dans l'indistinct foisonnement d'un paysage ouvert aux perspectives illimitées. Tant d'océan déjà. Cette liberté qui fait doucement mal, lancine en cela sans cesse, fait de la solitude l'exaltat obligé par l'icarcération dans des cieux imagynaires : soleil convoité comme d'immenses prunelles où s'engouffrer cul sec pour s'évader de sa prison de terre.
  Et c'est l'étoile devenue femme ainsi sacralisée dans cette hallucignition que le poète, qui se fait prêtre adorateur dans le feu d'une passion savamment désincarnée, en vient si bien, ne serait-ce que par l'incandécence de la parure, à se brûler consciencieusement les ailes et la cervelle jusqu'à extinction, et insensibilité de la cendre chargée d'une mémoire infiniment revisitable. Cette volupté des intérieurs démesusurrés. « Le rêve qu'on espère est celui qui prend forme ». Cette usure, cette lassitude tant convoitée, ce détachement délicieux passionnément escompté, distance nécessaire dans l'éternelle contemplation d'une attente passive, réconfort du spectacle domptément prolongé de ce qui fut embrasement, comme le soleil vient s’affaler pompesamment sur un horizon impeccable de sérénité ; spectacle construit de soi-même sans les inconvénients d’un naufrage non consenti, avec ce sentiment vague d’avoir été heureux sans que, bien sûr, il n’en ait rien été.

(Aldus LOEWENSPOEL, Maman Bobo)