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mardi 16 février 2021

VIVACILLER

Rechercher constamment des situations instables pour briser la monotonie de l'existence.


  Le temps de durer qui fait durcir. Tu en es là. Ça prend du temps et tu le sens passer, à en devenir trop dure. Tu t'encombres d'une vie pour rien, parce que tu y es. Alors voilà, ça prend de plus en plus de place cette épaisseur bientôt intenable d'être ainsi de tout ton poids plantée comme un piquet, à fixer la bulle bien centrée du niveau, jusqu'à la nausée, avec le poids de le dire encore.
  Tu tiens trop de place. Alors tu penses au poids des autres parce qu'il n'est pas le tien. Tu voudrais encombrer les autres de ton trop de poids. Tu as toujours tout à donner. Alors tu ne tiens plus en place, tu vivacilles dans la peur de toi, pour te dégager de toi, dans la peur que ça te rattrape. Alors tu pars en vrille pour rencontrer les autres, les percuter pour t’alléger de toi-même en te lestant de leur trop de poids, dans l'idée que de même ils se soulageront de ce trop de poids en se lestant du tien. Beaucoup appellent cela de l'amour. D'autres parlent d'amitié, mais c'est l'amour qu'on préfère.
  Alors tu te déstabilises. Et tu finis par vivre ainsi de ce certain oubli de toi, comme si tu étais devenue du vent. Tu penches de tous côtés dans cette crainte de l'aplomb de toi, du fil à plomb qui te donne tant à retordre. Vivre est de déverser toujours, et qu'importe le moment de ta chute, de ta ruine, si le temps que ça tienne soit suffisamment vécu hors de toi pour ne pas y retomber.

(Ordalie CAMPÈLE, Nerveuse le matin)

mercredi 29 août 2018

BAGARER (SE)

Chercher désespérément une place de stationnement.


   Cette place toujours à prendre sur laquelle se jeter comme sur un morceau de viande. C’est toujours pareil : te bagarer, trouver à tout prix, ta place, jamais la même, mais tu ne la trouves pas. Alors tu tournes, tu tournes, tu passes, tu repasses, t’arrêtes, ça se libère là-bas, trop tard, tu repars, t’arrêtes, ça s'agace derrière, pas assez de place. Alors tu repars comme si tu n’arrivais plus à rejoindre aucune rive.
   En attendant ça va de plus en plus mal. Tu tournes comme une bourrique, fais tourner les autres en bourrique de vouloir cesser de tourner comme une bourrique. Quelle ânerie cette place, celle qui n'est toujours pas la tienne !
   De plus en plus inconsistante, tu dérives dans l’angoisse d’une panne qui t'immobiliserait pour de bon. Tu deviens conne.
   Conduite déviante. Quelle place cherches-tu vraiment, là ou ailleurs ? Quelle place avais-tu réellement hier ? avant hier ? C’est toujours pareil : rien n'est jamais comme avant, comme si chaque fois il fallait tout recommencer. Alors tu dis que c'est de la folie, que tu deviens folle. Il faudrait le devenir vraiment : ça c'est une place à prendre. Pour la garder.

(Ordalie CAMPÈLE, Nerveuse le matin)