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vendredi 5 janvier 2024

NOMBRILLER

Rayonner insolemment d’égocentrisme.


A soi seul être un feu d’artifice de pute
Pour se vendre et reluire en cherchant la dispute ?
Non, merci. Nombriller tel un soleil d’emprunt
Pour éblouir le ciel d’un trait inopportun,
Et récolter ainsi les tweets épidermiques
Qui nourrissent en vain de vaines polémiques
Pour la gloire sans nom de mon nom ? Non, merci !

(Raymond de VOSTAND, Cyrano de Rudubac)


edmond rostand, cyrano de bergerac tirade des "Non, merci".


samedi 4 décembre 2021

POÉTARADER

Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand, édition originale (Olivier Goldsmith)

Balancer à tout-va des vers de mirliton.


Aller partout enfler, à qui veut bien l’entendre,
Sa bedaine et sa voix des talents d’un Clitendre ?
Signer dans les salons des piles de recueils
Pour combler l’appétit des modestes orgueils
Puis, poétaradant de force prosodies,
L’essor illustre ailé de plumes alourdies,
Dégorger du gueuloir entre deux « pas d’souci »
Pour vomir sans pudeur son nombril ? Non, merci !

(Raymond de VOSTAND,  Cyrano de Rudubac)

mardi 23 avril 2019

MINOTORDRE


Faire saillir ses muscles de manière spectaculaire.


« Sculpturiste » ? pour être encombré de son corps,
Epater sa Roxane et autres beaux records ?
Minotordre pataud, bralourdi de sa force,
A faire frétiller sa viande sous l’écorce ?
Crâner, grosse caboche et cerveau rétréci,
En bibendum gonflable aux grands airs ? Non, merci !


(Raymond de VOSTAND, Cyrano de Rudubac)

vendredi 1 février 2019

DÉCLAMSER

Réciter avec emphase et d'une voix mourante.


        Moi qui fus tout de n'être rien,
        Debout contre l'arbre, je pisse
        Une dernière fois… C'est bien
        De déclamser au précipice
Un souffle d'âme morte aux allures de chien,
Quand mon trait tient si peu, que sur l'écorce glisse
Un panache dernier pompeusement au sol.

(Raymond de VOSTAND, Cyrano de Rudubac)


"Déclamser", Edmond ROSTAND "Cyrano" (Arabécédesque, Olivier Goldsmith)

vendredi 18 janvier 2019

HYPOCODISTIQUE

Au théâtre, distichomythie en langage enfantin, forme dialoguée symétrique par groupes de deux vers d'un style niaisement affectueux.


CYRANO
A pipi de dodo, zizi de diablotin.
O bave, incontinence ! O trésor enfantin !

CHRISTIAN
Mon tout petit toutou, ma crème bien battue,
Mon cher petit trésor, ma sucette pointue…

CYRANO
Toi-même gros matou, bien vilain bon gros chat,
Mon gros pipi tout chaud, mon gracieux crachat…

CHRISTIAN
C'est pour la rime ou quoi ?… Bon, la rime est facile,
Mais ça pousse au poisseux tout en restant gracile.

CYRANO
C'était juste un essai... « Dits inaccoutumés,
Hypocodistillés entre adultes rimés ! »

CHRISTIAN
C'est nul.

CYRANO
                    Et tant qu'on peut ! qu'on en ait quelque honte
Lorsqu'en société l’on sent que cela monte,
Ces mots presque interdits parce que dégradants
Dont on goûte à plaisir les rototos fondants.

CHRISTIAN
Chiassez le précieux, il revient en courante.

CYRANO
Réplique bien vilaine à rayer sans attente.

CHRISTIAN
Réplique sans pareille en un pareil tournoi.

CYRANO
Non, vraiment, sans « caca » c’est de mauvais aloi.
Je préfère de loin ces doubles syllabiques,
Qui ne trahissent point nos hypocodistiques,
A tous ces jeux de mots pour piliers de comptoir :
Régressons en gardant semelle au décrottoir.

(Raymond de VOSTAND, Cyrano de Rudubac)


"Hypocodistique" Edmond ROSTAND "Cyrano" (Arabécédesque, Olivier Goldsmith)

mardi 8 mai 2018

HUMORISQUER

Se hasarder à des plaisanteries douteuses.


CHRISTIAN
Je compris un peu tard que mes mots firent mouche
Et regrettai bientôt d’avoir ouvert la bouche,
Redoutant qu’il ne vînt lever cent émouchoirs
Pour transformer mon pif en usine à mouchoirs.

LEBRETTEUR
Etouffez quelque temps vos feux dithyrambiques
Plutôt que d’attirer la foudre par des piques. 
A des jeux moins risqués allez donc exercer
Vos talents.

CHRISTIAN
                          Mais, mon cher, j’étais loin de penser
Qu’à plaisanter ainsi sur un nez de gorille
L’humeur déshumorise au point qu’on courrouspille !

LEBRETTEUR
Dame ! sur un tel nez gardez d’humorisquer
De crainte qu’il ne vienne à s’en étoffusquer !…
« Nez de gorille » !… Quelle autre injure est moins pire ?

CHRISTIAN
Et pourtant…

LEBRETTEUR
                             Justement : pour lui, pince-sans-rire
A tête de litote incline à son billot.

CHRISTIAN
Quoi ? si peu d’hyperbole et le prendre si haut,
Pour ne jamais flairer de trait inadmissible
Sans qu’insensiblement il s’en sente la cible !

(Raymond de VOSTAND, Cyrano de Rudubac)


"HUMORISQUER" ROSTAND "Cyrano" (Arabécédesque, Olivier Goldsmith)

vendredi 2 février 2018

NAVIGATERRE

Velléitaire ambitieux.


CHRISTIAN, agacé.
Tu me fais mal au cœur à bouger tout le temps.
Arrête ! ou je t'envoie une pointe nasale.

CYRANO
C'est que je suis en mal de me faire la malle,
Comme un navigaterre avide de bouger,
Voyageant sans bouger, rêve de voyager.

CHRISTIAN
Alors profites-en pour aller sur la lune !

CYRANO
Cela m'aiderait-il à combler ma lacune ?

CHRISTIAN
Crois-tu que ce qu'il manque en toi puisse être ailleurs ?
Voyages au long cours sont toujours les meilleurs
Qui ne sont pas en butte aux limites du monde.
Va donc là plutôt où la terre n'est pas ronde.
La lune sur ce point est vraiment nulle à chier.
C'est juste le moyen qu'il faut étudier.
Le vrai but d'un voyage est de mettre les voiles :
Seul partir compte.

CYRANO
                                        Alors autant vers les étoiles.

CHRISTIAN
Maintenant tâche un peu de trouver le sommeil.

CYRANO
Je voudrais bien t'y voir.

CHRISTIAN
                                                    La nuit porte conseil.

CYRANO
Alors repasse-moi l'oreiller de dentelle.

(Raymond de VOSTAND, Cyrano de Rudubac)


"NAVIGATERRE" Edmond ROSTAND "Cyrano" (Arabécédesque, Olivier Goldsmith)

vendredi 15 décembre 2017

ÉPOUVENTAILLER



Effrayer en agitant une lame.


CYRANO
Parigot me prenant pour le roi des gascons,
Oinguant à tour de bras pour effrayer les cons,
Partout je promenais une mine hautaine
Pour montrer ma colère et soulager ma peine ;
Gorgeur comme égorgeur pour épouventailler
Ceux que ma main rêva longtemps d'étripailler ;
Infect envers quiconque eût quelque irrévérence,
Irrévérencieux envers l'indifférence…
Et pourtant je t'ai plu… Ça, je n'y comprends rien !

CHRISTIAN
C'est que tu piques juste où ça me fait du bien,
Et tu vaux à toi seul tout un essaim de guêpes…
Allons ! n'en parlons plus, mon gros loulou des steppes !

(Raymond de VOSTAND, Cyrano de Rudubac)


Edmond ROSTAND "Cyrano de Bergerac" (Arabécédesque, Olivier Goldsmith)