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vendredi 14 septembre 2018

STUPIDIOLÂTRIE

Stupidiolâtrie (Arabécédesque, Olivier Goldsmith)

Luciano Berruti ©2014 L’Eroica - Ciclismo d’Epoca SSD


Dernier degré de la fanitude.



Le Fabuliste se voulant Coursier.


En ce jour, je suis las de mon pérenne employ
Et je veux retourner la plume contre moy.
Ne suis-je point moy-mesme un Animal à Fable ?
Vous l’allez voir icy, la chose est admirable.

Un peloton souvent volant devant chez moy
Me causoit à la longue un cruel desarroy.
Bien qu’ayant sur ce poinct une idée assez flouë,
Je resvois à mon tour d’aller prendre la rouë.
Il me manquoit pourtant, digne de mon fessier,
Un de ces beaux velos plus carbone qu’acier.
Donc je m’offris l’engin, fascinante merveille
(Stupidiolatrie à nulle autre pareille !)
Je joins la troupe enfin, plein d’ardeur & de bluff,
Les muscles frétillant sous mon cuissard tout neuf.
Mais, à tourner braquet comme trois cents hélices,
J’amassay du lactique avec mes pauvres cuisses
Pour exploser bien-tost au premier coup de cul.
Ainsi, completement largué, cramé, fourbu
D’avaler autant d’air en moins d’un kilometre,
J’entrevis tout mon lot de Coursiers disparoistre
Dans la sérenité de l’Orizon champestre.
Alors tout en sueur, les yeux pleins de Soleil,
Je ramay, pathetique en mon fier appareil,
Pour retrouver chez moy desarroy puis sommeil.

Il est toûjours fatal de succomber trop vite
Au prompt desir de vivre un resve sans merite.
A qui sçait bien resver, resve vient à propos 
Pour le vivre au réveil toûjours frais & dispos.

(Jean LAFONTENERRE, Fâbleries)

jeudi 27 juillet 2017

RAMOLLOSSE

Gros chien de garde beaucoup moins méchant qu'il ne paraît.



Le Ramollosse & son Maistre


Parmy certains gros Chiens qu'on peut justement craindre,
               Il en est de tres-malheureux
               Qui n'aiment pas estre hargneux.
Ainsi ce Dogue noir que nul n'oseroit plaindre.
Ce Ramollosse estoit assez terrifiant,
               Et plus il vouloit estre aimable,
               Plus son Maistre, homme abominable
               En dépit d'un aspect riant,
Luy donnoit du baston, du pied ou de la pierre,
Comme s'il eust voulu le réduire en poussiere
Pour luy donner le goust de son méchant employ.

Mais le Dogue toûjours larmoyoit plein d'effroy.
Son Maistre alors fut pris d’une ire peu commune :
              Je feray de toy mon Psittbull,
              Aboya-t-il un peu maboul
Au Chien qui gemissoit de crainte & d'infortune.
Un jour, plus furieux qu'un troupeau de roquets,
Il voulut le punir d'estre si peu mauvais ;
Mais plus le Maistre estoit en humeur détestable,
Plus le Dogue poussoit sa plainte lamentable.
Il frappa tant la Beste à ces cris éperdus,
Et si férocement qu'on ne l'entendit plus.

Nul n'est jamais, helas ! ce qu'il laisse paroistre :
Si le Dogue a fort peu le don d'estre touchant,
       Un écriteau signalant Chien méchant
              En dit bien plus long sur le Maistre.

(Jean LAFONTENERRE, Fâbleries)