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jeudi 20 octobre 2022

Elle et Lui (Arthur Rimbaud)

ELLE

(Travail de Mémoire)



L’eau claire avec le sel des larmes de l’enfance
Blancheur nue au soleil l’assaut des corps de femme
À cru la soie aux flots portée Elle oriflamme
Où fleurit un ammi qu’une semelle offense

Ébat d’anges spectral le coulis d’air en marche
Cris d’or frais sauroraux au chiasme sourd Elle
Sombre avant la nuit claire où sa couche rebelle
Ombre de ses draps d’or l’eau saline sous l’arche

Et l’œil humide pompe à l’Olympe limpide
L’eau tiède au fond du cœur la pâleur insipide
Lavant sa robe bleue où valsent les ombelles

Fourmillement lent d’eau lasse Elle pleure comme
La mémoire infantile aux miroirs infidèles
Pour voir naître l’aube et vivre la mort de l’homme


LUI


                    Il faut lire en fermant les yeux
                    Chaque mot éprouvé qui sonne
                    Rebelle au sens et mélodieux
                    Et puis le sens alors rayonne

                    Ce qui t’échappe s’en revient
                    Boomerang faute de mémoire
                    Pour retrouver ce presque rien
                    Qui te comblait dans la nuit noire

                    Et dans l’art du demi-sommeil
                    Vêtu du plus simple appareil
                    Tu vibres au vent du silence

                    Plus rien n’existe tu revois
                    Et revis la même séquence
                    L’écho tu de ta propre voix


samedi 27 février 2021

SPUMEUR

État d’un caractère constamment agité.


Un ventre ouvert sans espoir
Pour abreuver le cœur inerte
Sonder les flots mer offerte
Au courant d’airs d’apparoir

Soif d’eau céans de vacarmes
Gueule entrouverte ô spumeur
Plonger crier grand steameur
Chaos de sel plein de larmes

Saoulever l’entrave au corps
Et verser sans vains efforts
Au sisyphon sa mer d’ivresse

Qu’en ses pleurs encore imbu
Pataugeant plein de détresse
Il s’esbroufe à corps ventru


(Apollon KLOSTROGNIAMENTALK, Sonnepténaires)

dimanche 17 janvier 2021

Solis Luce Clarior (Charles Baudelaire)

        




SOLIS LUCE CLARIOR



Trébuchant en plein jour, des aveugles sans bruit
Promenaient tête en l’air leur laideur coutumière
Comme si, sourdement happés par la lumière,
Ils guettaient dans le ciel le reflet de leur nuit.

Ainsi que des forçats, cherchant un jour trop rare,
Ils traînaient pesamment l’entrave de leurs corps
Qu’ils redressaient parfois dans d’austères efforts
En laissant échapper une plainte bizarre.

— Animé par l’éclat dont ils étaient privés,
Je me mis, le cœur vide, à battre les pavés
Comme pour délivrer mon âme prisonnière ;

Mais comme le soleil de son œil de géant
M’aveuglait, aussitôt je fermai la paupière
Car je ne voyais plus que gouffre et que néant.


"SOLIS LUCE CLARIOR " Sonnet (Charles Baudelaire) "Arabécédesque, Olivier Goldsmith"

lundi 23 novembre 2020

DÉLICÉLESTEMENT

Pascal Juif (arabécédesque)
Photo Pascal Juif


Tournant à l’orage pour le plus grand plaisir. → NUEIGEUX● Avec l'infinie volupté des sentiments coupables délivrés pour un temps de tout remords dont le caractère inéluctable nourrit en permanence l'intensité de la jouissance.


Tandis que l'horizon plein de feintes froideurs 
Crache comme un volcan ses sanglantes ardeurs, 
J'ai peine à contenir ce que mon cœur réprouve. 

Nul ne s'y tromperait : l'air est doux comme un sein 
Délicélestement lourd, palpable, malsain,
Et l'odeur de la nuit avance à pas de louve.

DÉLICÉLESTEMENT, Baudelaire "Arabécédesque" (Olivier Goldsmith)

jeudi 2 avril 2020

RÊVASER

Croupir nonchalamment dans la perspective de quelque issue prometteuse dont l’objet vague s’impose à mesure de son indétermination.


Mol du désir d’eaux boueuses
Le corps enduit d’or brûlant
Bien lisse corps bruisselant
Dans ses rondeurs onctueuses

Corps tout vêtu d’autre peau
Pour rêvaser l’esprit tendre
S’improviser sans scaphandre
Plongeur songeur en sale eau

Marsouillon bien dégueulasse
Pour catir ses seins saillis
Et les flancs de sa cuirasse

Fleurant l’or et le cambouis
Il conquiert l’ombre céleste
Qu’un noyau d’étoile empeste


(Apollon KLOSTROGNIAMENTALK, Sonnepténaires)

mardi 11 février 2020

Manon la pierreuse (Charles Baudelaire)

"Manon la pierreuse" de Charles Baudelaire (Arabécédesque, Olivier Goldsmith)


MANON  LA  PIERREUSE


Avez-vous déjà vu la petite pierreuse
Manon qui, du trottoir flattant la saleté,
Vient offrir aux passants sa chemise fangeuse
Comme gage certain de son infirmité ?

Sobre dans l’oripeau que son ouvrage exige,
Beaux lambeaux de splendeur autrefois pleins d'orgueil,
Elle porte son lot, religieux vestige
D'un plaisir attristé comme on porte le deuil.

Elle abrite en son sein des parfums péremptoires
Qu'exhalent jour et nuit de secrets émonctoires,
Tandis qu'on voit briller son front halitueux.

― Subtile excrétion de nos bizarreries !
Oserons-nous jamais goûter, voluptueux,
Au suc acidulé de tes coquetteries ?




vendredi 18 octobre 2019

MASQUELETTE

Épaisseur avantageuse dissimulant une ténuité structurelle désobligeante.


Mille yeux du louche apparat
Évoquant l’art du striptease
Qu’un rien d’habit hypnotise
Bardant aux plis de son drap

Traits furieux d’or en somme
Peau lisse aux buts convenus
Dressant les poils maintenus
De cette carne ou tout comme

Cuir saignant allant de pair
Avec l’heur d’un vice expert
Déchirant l’ombre incomplète

Seulœil roide aiguisant l’os
Pour blinder son masquelette
Puis mollir dans l’enclosmos


(Apollon KLOSTROGNIAMENTALK, Sonnepténaires)

mercredi 28 août 2019

SONNEPTÉNAIRE

Poème à forme fixe composé de quatorze heptasyllabes justifiés de vingt-huit caractères, espaces comprises, de coupe 4/3 pour les deux quatrains sur quatre rimes, et 3/4 pour les deux tercets suivants sur trois rimes. Le respect des règles de versification classique, reine mère des contraintes, n'est pas tant une obligation qu'une politesse.


Repère un vers de sept pieds 
Qui t’emprisonne au problème 
Maint labyrinthe en toi-même 
Pour en froisser tes papiers 

Un truc chiant qui travaille 
Le cœur tout plein du dégoût 
De battre au vent et surtout 
Pour accomplir ta trouvaille 

Que d’un rien vraiment banal 
Naisse au jour l’objet final 
Par défis presque ordinaires 

Mais qu’ensuite après essais 
Il nourrisse à pleins succès 
Tes prochains sonnepténaires 

(Apollon KLOSTROGNIAMENTALK, Sonnepténaires)

lundi 5 août 2019

Valise (Noël Talipo & Sguono Shivko)


VALISE


Que renferme, au grenier, la valise en carton
Que la poussière et le silence ont recouverte ?
D’un voyage elle garde une étiquette verte.
Seul a vu son trésor, fureteur, le raton.

Peut-être est-il venu se faire un gueuleton
De chiffes, de papiers, dans la malle entrouverte
Et, dans le paradis de cette découverte,
Combla-t-il son penchant de voyageur glouton.


Rongeur globe-trotter, raconte à l’enfant sage
Les océans bravés, les torrides rivages,
L’accostage aux pontons envahis de senteurs ;

Qu’imprégné du remugle exhalé de la malle,
Il s’invente un pays qui le laisse songeur,
Longtemps, au noir grenier de son âme brumale.


NB & OG

jeudi 27 juin 2019

DYSPHORREUR

Sensation immotivée de mal-être grandissant.


Un coup de blouz bat le cœur
Qui ne saurait le comprendre
Un tant soit peu dysphorreur
Si ce n’était tant de cendre

Tel un bourdon qu’un vol bas
Toujours plus lourd exaspère
Brouillard d’ardeurs cadenas
Soleil qui fouille incarcère

C’est de l’or pur des enfers
Qui des cieux passe les fers
Tord-boyaux pour les limaces

Goût de stupre et moite peau
Peur chauffant les carapaces
Et la mort veule à-vau-l’eau


(Apollon KLOSTROGNIAMENTALK, Sonnepténaires)


● Malaise paroxystique.


On ne peut s'empêcher de boire, écervelés 
Pour oublier jusqu'aux englouements enfiellés.
Sournoise dysphorreur des lendemains de cuite

Quand vivre vous réveille et vous torture ensuite.

(Jean-Alphonse de LA MOUSSOLAINE, Les élancoliques)

vendredi 14 juin 2019

FANFRELOUCHER

Prendre le pli de la surcharge décorative, de la joliesse convenue.


La beauté sans ouvrage est celle qu’on préfère ;
Celle qui nous travaille au miroir sans arrêt,
Nous rend silencieux puis nous rend solitaire
Devant l’inaccessible et supposé portrait.

Comme toujours on est tout près de ce mystère :
Ailleurs est la beauté qui nous ressemblerait.
Comment la dire alors à défaut de la faire ?…
Ainsi fanfreloucher entretient son secret !

Car on peut aisément tirer de la nature
L’
artifice idéal à donner en pâture
Aux esprits encombrés d’un pareil engouement

Pour vivre dans l’espoir d’une grâce formelle,
Et dans l'illusion d’un obscur dénouement
Sinon la mort à quoi chaque rêve se mêle.


(Samson d’ALLUNELLE, Méditations hypnothétiques)

jeudi 6 juin 2019

GLISSUER


Évoluer à grand peine sur un terrain fangeux, dangereux.


C’est un miroir informe, une flaque boueuse,
Terre vague et sans nom qu’on ne voit plus finir,
Comme un Paris-Roubaix à n’en plus revenir
Où la mort faucherait comme une mitrailleuse.

Avec 36 – 16, et souvent en danseuse,
Quoique tout soit si plat, il faut bien plus souffrir
Que s’il fallait grimper sans jamais aboutir,
Pour tracer vers le ciel sa route hasardeuse.

Alors on a le cul bien lourd comme un pavé,
Glissuant sur ce pan de ciel inachevé,
La tête dans la brume où brouiller ses névroses.

Faut être un peu maso, bougrogne-t-on parfois,
Tant l’on dure, affligé de notre propre poids,
En transpirant ainsi la matière des choses. 



(Christophe DURALUMAIN, La pourfuite du bonheur)


mardi 7 mai 2019

KENAVORTER

Rater son départ.


Ce qui reste d’enfant
Enfermé dans le corps
Fantôme butte au vent
Hanté de vieux décors

L’éclat d’un souvenir
Qui poursuit ricaneur
Ses douleurs de fakir
À naître dans le cœur

Comme un ressentiment
Mensonge issu du sein
Qui règne obstinément

Une enfance à dessein
De trop nous aimanter
Pour mieux kenavorter


(Apollon KLOSTROGNIAMENTALK, Poèmes-revolver et pistolettres)

lundi 25 février 2019

Les vieilles châtelaines (Arthur Rimbaud)

LES VIEILLES CHÂTELAINES Arabécédesque (Olivier Goldsmith) Arthur RIMBAUD



LES VIEILLES CHÂTELAINES 



Régnant parmi les ors, les quartz, les porcelaines,
La panse bien remplie, un pot de nuit banal,
Reliquaire indécent des vieilles châtelaines,
Courbe ses flancs honteux sur l’acajou royal. 

Ainsi devine-t-on dans les splendeurs hautaines 
L’âcre démangeaison d’un plaisir uréthral
Jaillir spumeusement en moiteurs puritaines
Des dentelles qu’on lève au lever sépulcral. 

Dans cet écartement de cuisses décharnées, 
Elles rêvent alors à leurs jeunes années
En palpant de leurs plis les atroces tiédeurs, 

Tant la chose leur semble une faute à cet âge, 
Qu’il leur faille toujours des sublimes hideurs
Perpétuer l’horreur par un vain tripotage.


(Cahier Labarrière, 1870 < 02 1871)

dimanche 20 janvier 2019

GARGAMIEL

Substance dont on abuse compte tenu de ses propriétés lénitives étonnantes.


C’est bizarre quand même, avec cette poussière
Qui vous colle aux mollets bien qu’on fasse du vent,
On garde haut la fesse à rêver seulement
D’une victoire acquise en battant l’étrivière.

On se croit immortel d’une façon grossière !
C’est une connerie. On le sait, et pourtant
On redouble d’effort tant c’est réconfortant
De concéder au jour notre propre lumière.

Alors, comme on se vautre, on s’accroche au guidon ;
L’on pédale, et l’on boit de l’eau tiède au bidon,
Supposé gargamiel en guise d’ambroisie ;

Et sur la selle on prend la posture de l’œuf,
Croyant renaître un jour en ce jour d’asphyxie,
Dimanche vingt janvier, l’an deux mille dix-neuf.

(Christophe DURALUMAIN, La pourfuite du bonheur)

mercredi 12 décembre 2018

SALUBRIÉTÉ

Ivresse salutaire.


C’est un luxe inouï d’étoffes, de dentelles
D’une femme comme ivre aux rires assassins
Qui dispense alentour le parfum de ses seins,
À moins que ce ne soit celui de ses aisselles.

Longtemps son cœur, versé dans les fausses amours,
À tout vent a battu comme une vieille enseigne.
Si parfois le soleil l’illumine et la baigne,
Ses yeux restent pourtant chargés des sombres jours.

Elle n’est plus bien jeune et pourtant elle est belle.
Un incurable mal lui ronge la mamelle
Pour soulager bientôt celui de son destin :

Elle va retrouver ainsi qu’un météore
La nuit froide, emportant dans un bruit de satin
La salubriété qui la fait rire encore.

Charles Baudelaire "Salubriété" Olivier Goldsmith (arabécédesque)

mardi 13 novembre 2018

CORSONNET

Célèbre poème à forme fixe et en taille de guêpe.


Un corsonnet, mais qu’est-ce ? — Un texte bien lacé
Qui trouve sa tournure en serrant la taille,
Interdisant au corps, dans sa tenaille,
Tout excès qui serait déplacé ;

Qui serre encor la taille prise
Pour faire jaillir le haut,
Et rentrer comme il faut
Le bas par traîtrise,

Qu’un moule enfin
Si soudain
Libère l’âme

De son contenu
Au papier qui réclame
Son lot de poème nu.

(Apollon KLOSTROGNIAMENTALK, Poèmes-revolver et pistolettres)

vendredi 15 juin 2018

La muse amère (Charles Baudelaire)

"La Muse amère" sonnet retrouvé  de Charles Baudelaire



LA MUSE AMÈRE



Mâtine d’amour et de haine,
Mon âme est comme un diamant
Plongé dans l’eau d’une fontaine
Par le désir de mon amant.


Maîtresse ainsi de son silence,
Reine d’un empire incertain,
Je visite son indolence
Pour mûrir son vers enfantin.


Souvent, du fond des nuits sans lune,
J’utilise son infortune
Pour lui dicter ce que j’écris ;


Et, pour ranimer son marasme,
J’ajoute au rire du mépris
L’aigreur féroce du sarcasme !


"La Muse amère" SONNET Ch. Baudelaire "Arabécédesque, Olivier Goldsmith"


vendredi 23 mars 2018

TIMIDIOTIE

Bévue insignement commise sous l’effet d’une inhibition.


Ah ! j’ai déraisonné sous votre propre toit :
Ma timidiotie est-elle donc injure,
Et suffoqueriez-vous de haine à mon endroit
Tant je vous vois prouter du bec dans ma figure ?

Je suis gauche, il est vrai, d’être aussi maladroit,
Mais mon esprit se fige ainsi qu’un long murmure
Face à de fins esprits un peu trop à l’étroit,
Dès lors qu’il faut prouver qu’on a de la culture.

Veuillez m’en excuser… (Maintenant j’ai besoin
De m’absenter : je dois aller au petit coin,
Loin du regard de tous pour soulager mon âme ;

Que, seul avec ma honte et tiré le verrou,
Aux épreintes sujet, impuissant et infâme,
J’essaie un tant soit peu de passer par le trou.)

(Jean-Barnave de LAMAISON de FIÈVREDOR, Les Épreintes)

jeudi 4 janvier 2018

Adieux à Paris (Charles Baudelaire)

Adieux à Paris (sonnet) Baudelaire arabécédesque




ADIEUX À PARIS




Aujourd’hui le ciel roule, ivre de mousseline,
Sur le corps étendu de la grande cité,
Hydre de boue et d’or, violente et câline,
Amas de pierre où gît l’aveugle humanité.

― Que de fois j’ai pétri ton énorme poitrine
Pour éprouver mon cœur sur ton cœur indompté,
Ajoutant au parfum de ta fleur assassine
L’étrange invention d’une âpre volupté !

Mais mon cœur désormais cherchant son ermitage,
Je viens t’abandonner un ultime regard,
Ô toi que j’aime encor, maîtresse sans visage,

Comme le manant ivre, ou comme le soudard
Dans un amour vengeur, qui froisse et qui rudoie
La fragile impudeur d’une robe de soie !



"Adieux à Paris", sonnet  Charles Baudelaire (Arabécédesque, olivier goldsmith)