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vendredi 28 septembre 2018

PROUPE

● Avant et arrière apparemment identiques d'un navire.


   Vouloir se coucher dans le lit du vent et prendre le vent par la proupe ; ne plus savoir ce que c'est que d'aller où que ce soit tant le flot s'agite avec fureur autour de notre immobilité. Cette fureur même, immobile à force. On allait sombrer : cette fois c'était sûr.

(Moïse CAPQUARD, Suave Marimagne)



● Perte de repère, désorientation totale.


Agrément de fortune

Ma proupe insatisfaite
Ce sarcasme en plein ciel

Haute nuit pour un jour à naître
Ce rictus suspendu sur la rose des vents
Pour le malin plaisir des routes impossibles

(Crinolines)



vendredi 21 septembre 2018

RÊVAGUER

S’abandonner à des pensées ineptes et oiseuses.


Mâchouillant sans finir un reste de brioche,
Je croyais rêvaguer en parfait soliveau ;
Mais, malgré mes efforts de fantasque fantoche,
De puissants cogitos accablaient mon cerveau.

(Alcidias GRALIVON, Les moisissures)

vendredi 14 septembre 2018

STUPIDIOLÂTRIE

Stupidiolâtrie (Arabécédesque, Olivier Goldsmith)

Luciano Berruti ©2014 L’Eroica - Ciclismo d’Epoca SSD


Dernier degré de la fanitude.



Le Fabuliste se voulant Coursier.


En ce jour, je suis las de mon pérenne employ
Et je veux retourner la plume contre moy.
Ne suis-je point moy-mesme un Animal à Fable ?
Vous l’allez voir icy, la chose est admirable.

Un peloton souvent volant devant chez moy
Me causoit à la longue un cruel desarroy.
Bien qu’ayant sur ce poinct une idée assez flouë,
Je resvois à mon tour d’aller prendre la rouë.
Il me manquoit pourtant, digne de mon fessier,
Un de ces beaux velos plus carbone qu’acier.
Donc je m’offris l’engin, fascinante merveille
(Stupidiolatrie à nulle autre pareille !)
Je joins la troupe enfin, plein d’ardeur & de bluff,
Les muscles frétillant sous mon cuissard tout neuf.
Mais, à tourner braquet comme trois cents hélices,
J’amassay du lactique avec mes pauvres cuisses
Pour exploser bien-tost au premier coup de cul.
Ainsi, completement largué, cramé, fourbu
D’avaler autant d’air en moins d’un kilometre,
J’entrevis tout mon lot de Coursiers disparoistre
Dans la sérenité de l’Orizon champestre.
Alors tout en sueur, les yeux pleins de Soleil,
Je ramay, pathetique en mon fier appareil,
Pour retrouver chez moy desarroy puis sommeil.

Il est toûjours fatal de succomber trop vite
Au prompt desir de vivre un resve sans merite.
A qui sçait bien resver, resve vient à propos 
Pour le vivre au réveil toûjours frais & dispos.

(Jean LAFONTENERRE, Fâbleries)

lundi 10 septembre 2018

TRIBAUDE

Femme homosexuelle proposant de manière incoercible aux passantes des services supposés alléchants.


Je vis dans un quartier dont le mètre carré
Flambe à proportion d’un concours de tribaudes.
J'y gîte, ardée ainsi par des femmes trop chaudes
M'invitant le matin à boire mon café.

(Ginette MASCAROND, Poésies nobles et avariées)

vendredi 7 septembre 2018

UBICOQUITÉ

Fait d’avoir plusieurs domiciles occupés simultanément.


   C’est au mois d’août que ça se complique, la chaleur aidant. L’afflux des voyageois, ces faux adeptes de l’ubicoquité, chamboule l’espèce sédentaire, apportant tant angoisse sourdement orageuse et méfiance instinctive de cet inconnu venu de nulle part qu’attrait mystérieux de ce lieu-non-dit, ce vent chaud d'indéfini dense fait de prunelles ardentes et de roulottes désuettes, d’osier et de guitare manouche. Cette météo des hommes invariablement prévisible qui fait chaque fois l’hiver plus froid, plus figé dans les habitudes rabougrelottantes ; fait du patelin encrassiné ce lieu-dit toujours plus désertant.

(Léselle HULOCOT, Les gens du village et les voyageois)

dimanche 2 septembre 2018

Popol et son catin

Popol et son catin Arabécédesque "Olivier Goldsmith"


   Popol et son catin qui lui n’apprécie la picole que pour choquer les verres dans l’ivresse scandaleuse et spectaculaire. Pose, pause. Chacun attend car l’immobilité n’existe pas : Popol distrayant son gosier devant et derrière son ballon avant que le coq ne chante, dans l’impatience secrètement incontinente de dévorer tout cru la poésie messianique et son pilote d’essai qui, las des tétons laids, gerba naguère les petites amoureuses éclenchées pour s’abandonner faussement pensif aux déduits émérotiques alors scandaleux, couronnés bientôt par les épines émoussées de la gerbe finale. 
   "Venez, chère grande âme : on vous attend !"... Quelle invite moins préoccupante pour les vertueux apeurés que nous sommes ?
   En attendant, voyez comme il se penche vers son Popol pour lui grignoter l’âme et incendier sa tripe des jadis coupables délices pour mieux l’accabler ensuite des affres de sa dépopolisation : trop relou le Popol ! Le fait est, nul ne ressortira indemne, comme dit Eugène, des terribles loisirs que leur amour leur crée. Jouir c’est souffrir sans le savoir, et tant pis pour après. Le maso diffère en cela juste que, le sachant, il pose la vérité comme préalable (en tant que vertueux effarouchés évitons ainsi le terme "fondement", ayant précédemment abusés par deux fois du mot "âme"). Mais il n’est pas indispensable d’être maso pour faire un bon pilote d’essai qui, comme on sait, sait qu’il ne sait pas encore.