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jeudi 20 octobre 2022

Elle et Lui (Arthur Rimbaud)

ELLE

(Travail de Mémoire)



L’eau claire avec le sel des larmes de l’enfance
Blancheur nue au soleil l’assaut des corps de femme
À cru la soie aux flots portée Elle oriflamme
Où fleurit un ammi qu’une semelle offense

Ébat d’anges spectral le coulis d’air en marche
Cris d’or frais sauroraux au chiasme sourd Elle
Sombre avant la nuit claire où sa couche rebelle
Ombre de ses draps d’or l’eau saline sous l’arche

Et l’œil humide pompe à l’Olympe limpide
L’eau tiède au fond du cœur la pâleur insipide
Lavant sa robe bleue où valsent les ombelles

Fourmillement lent d’eau lasse Elle pleure comme
La mémoire infantile aux miroirs infidèles
Pour voir naître l’aube et vivre la mort de l’homme


LUI


                    Il faut lire en fermant les yeux
                    Chaque mot éprouvé qui sonne
                    Rebelle au sens et mélodieux
                    Et puis le sens alors rayonne

                    Ce qui t’échappe s’en revient
                    Boomerang faute de mémoire
                    Pour retrouver ce presque rien
                    Qui te comblait dans la nuit noire

                    Et dans l’art du demi-sommeil
                    Vêtu du plus simple appareil
                    Tu vibres au vent du silence

                    Plus rien n’existe tu revois
                    Et revis la même séquence
                    L’écho tu de ta propre voix


lundi 25 février 2019

Les vieilles châtelaines (Arthur Rimbaud)

LES VIEILLES CHÂTELAINES Arabécédesque (Olivier Goldsmith) Arthur RIMBAUD



LES VIEILLES CHÂTELAINES 



Régnant parmi les ors, les quartz, les porcelaines,
La panse bien remplie, un pot de nuit banal,
Reliquaire indécent des vieilles châtelaines,
Courbe ses flancs honteux sur l’acajou royal. 

Ainsi devine-t-on dans les splendeurs hautaines 
L’âcre démangeaison d’un plaisir uréthral
Jaillir spumeusement en moiteurs puritaines
Des dentelles qu’on lève au lever sépulcral. 

Dans cet écartement de cuisses décharnées, 
Elles rêvent alors à leurs jeunes années
En palpant de leurs plis les atroces tiédeurs, 

Tant la chose leur semble une faute à cet âge, 
Qu’il leur faille toujours des sublimes hideurs
Perpétuer l’horreur par un vain tripotage.


(Cahier Labarrière, 1870 < 02 1871)

dimanche 2 septembre 2018

Popol et son catin

Popol et son catin Arabécédesque "Olivier Goldsmith"


   Popol et son catin qui lui n’apprécie la picole que pour choquer les verres dans l’ivresse scandaleuse et spectaculaire. Pose, pause. Chacun attend car l’immobilité n’existe pas : Popol distrayant son gosier devant et derrière son ballon avant que le coq ne chante, dans l’impatience secrètement incontinente de dévorer tout cru la poésie messianique et son pilote d’essai qui, las des tétons laids, gerba naguère les petites amoureuses éclenchées pour s’abandonner faussement pensif aux déduits émérotiques alors scandaleux, couronnés bientôt par les épines émoussées de la gerbe finale. 
   "Venez, chère grande âme : on vous attend !"... Quelle invite moins préoccupante pour les vertueux apeurés que nous sommes ?
   En attendant, voyez comme il se penche vers son Popol pour lui grignoter l’âme et incendier sa tripe des jadis coupables délices pour mieux l’accabler ensuite des affres de sa dépopolisation : trop relou le Popol ! Le fait est, nul ne ressortira indemne, comme dit Eugène, des terribles loisirs que leur amour leur crée. Jouir c’est souffrir sans le savoir, et tant pis pour après. Le maso diffère en cela juste que, le sachant, il pose la vérité comme préalable (en tant que vertueux effarouchés évitons ainsi le terme "fondement", ayant précédemment abusés par deux fois du mot "âme"). Mais il n’est pas indispensable d’être maso pour faire un bon pilote d’essai qui, comme on sait, sait qu’il ne sait pas encore.

mardi 13 mars 2018

Déserts (Arthur Rimbaud)

déserts" arthur rimbaud arabecdesque.blogspot.com



DÉSERTS


   Ô fantômes ! Esclave de mes lourdises, qu'on me jette aux orties ! Et le sang du monde refluera vers ma tête à battre la charge. Ah ! que mon désert s'en ressente ! — Désertion ! Ogresse affamée aux lueurs de l'auberge, l'épuisement guette sa proie et j'irai m'affaler sans le sou.
   Avant, fog immense des cités qui m'octroyait l'ombre apprise des rêves, et les regards de terreur que la nuit énervait pour me confondre. Opprobres souverains ! Aux bauges tourbillonnaires où tu te prélassais, frère d'infortune, je n'irai plus car l’exil se nourrissait de ta sève.
   Or bientôt l’aube fut pointe, yeux portés aux larmes sans faconde qu'une ivresse muette. — Et, dans la pâleur du ciel transi, dans mon habit d'acier emprunté aux pôles, je guettai un soleil farouche pour le nourrir de mes dégoûts.


HIATUS

   Soleil, j’ai embrasé l’aube d’été. Alors
   J’ai levé un à un les voiles de l’eau morte
   Et marché bras ouverts de mon immense corps
   Jusqu’au midi, jusqu’à ce que la Nuit m’emporte.


   Sang parcouru d'antiques fleurettes, vieilles hantises… Oh ! Léthé parfumé des profondeurs vertueuses, j'embrasse ton courant ! Plus tard seulement, — comme dans une fête, — le sel mordant de la peur se changera en rosée loin des ricanements sales au fracas rhythmique des sabots, — et, dès lors, aux heures vaporeuses des ornières, loin des pas de la foule qui déchiraient les fausses Nuits d'été.


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mercredi 21 février 2018

EMPÉTRI

Fortement influencé par un environnement absorbant.


J'étais au fond du trou, la mer me distrayant
De pays inventés d'un houlement de hanches ;
Et je m'aventurais, halicte bégayant,
Dans des profondeurs d'eau ceintes de pertes blanches.

Bourlinguiste empétri d'origines sans fin,
Criblé par le silence où finit tout voyage,
J'éprouvais mot à mot, ivre crêve-la-faim,
Un sol vague et noyé comme ultime mouillage.

Empétri, Arthur RIMBAUD "Arabécédesque, Olivier Goldsmith"

mardi 12 septembre 2017

FRAÎCHIER

Forcir avec une violence inhabituelle, en parlant du vent.


   Desseins mussés d’Amélie sous les lampes intérieures quand bouillonnant le flot frappe au cœur, et qu’affalant ses dentelles elle offre à l’ombre, enfin mis à nu, l’arc-en-fiel des lointains inférieurs.
   Et le génie s’écharpe où fraîchie la risée.


dimanche 21 mai 2017

LILLIPRUSSIEN

Surnom donné aux soldats allemands qui déferlèrent un soir de janvier 1871 pour se protéger du froid mais qui, faute de matelas déjà réquisitionnés, passèrent la nuit sur les marches des petits escaliers d’habitation.


Férocement vautrés, la crosse entre les cuisses,
Les lilliprussiens, par pleines garnisons,
Font gargouiller la nuit le ventre des maisons
Avec des rêves lourds de bière et de saucisses.


LILLIPRUSSIEN (Arthur Rimbaud) "Arabécédesque, Olivier Goldsmith"