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mardi 29 novembre 2022

UNIFÉNO(MÉNO)RMITÉ

 

Charles Baudelaire "Fusées, Mon coeur mis à nu"

Caractère écrasant du conformisme de masse.


   Honneur et Sainteté qui caractérisent de génération en génération les grands sauvages de nos civilisations.
   Raideur empruntée. Se rengorger à tire-lariglouglou.
 Ce monde comme [démonstration] ‹représentation› de [l'unifénormité] ‹l'unifénoménormité›.
  Je ne saurais quant à moi me poster en de sottes [attitudes] ‹altitudes›. Ceux-là plissent le front et froncent le sourcil qui marbrorent ainsi quand je ris seulement de cette misère insigne de ma race.

vendredi 8 avril 2022

HALLUCIGNITION

"Apollonie Sabatier", bicentennaire de sa naissance, (7 avril 1822)


Perception psychique sans objet réel dans lequel la notion de feu joue un rôle prépondérant.


  Se la jouer Granguignon pour se refaire des histoires, du roman de soi venu d'ailleurs, alimenté par l'impatiente et patiente traduction qui s'accomplit de jour en jour, fébrile, vivifiante, à malmener interminablement le Boyer écorné : retrouver ce qu'il y a eu avant les mots, à en palper sinon que des mots ; tâter là-même la véracité de l'invérifiable obsédant, du sublimagyné à s'en aveugler. Pèlerinage absorbant d'un traducteur improvisé remontant ses propres traces dans la ferveur du miroir-sans-tain, jusqu'à transformer le réel pour se l'approprier. Dérapage insensible, irrésistible, dans l'ivresse de la solitude, en quête de révélations éblouissantes. Et puis angélitisme à l'instar du modèle original pour entretenir le flambeau vivant d'un fantôme cristallisé avec assez de force pour bâillonner les sarcasmes ruminés de la maldonne, assourdir les ricanements échoïstes de la brunante daubeuse.
  Alors cristallisation encrée au détour d'un trait de plume un peu trop gai, un triste soir de décembre frisquet réchauffé par l'âme irradiante du vin évadé de sa prison de verre, et, « les yeux illuminés par l'ardeur du mirage », ressortir du tiroir quelques strophes vengeresses à la chute morbifique pour stigmater un rire par trop cristallin s'il n'est moqueur. Récurrence maladive qui porte au rouge un cœur battu d'avance dans l'indistinct foisonnement d'un paysage ouvert aux perspectives illimitées. Tant d'océan déjà. Cette liberté qui fait doucement mal, lancine en cela sans cesse, fait de la solitude l'exaltat obligé par l'icarcération dans des cieux imagynaires : soleil convoité comme d'immenses prunelles où s'engouffrer cul sec pour s'évader de sa prison de terre.
  Et c'est l'étoile devenue femme ainsi sacralisée dans cette hallucignition que le poète, qui se fait prêtre adorateur dans le feu d'une passion savamment désincarnée, en vient si bien, ne serait-ce que par l'incandécence de la parure, à se brûler consciencieusement les ailes et la cervelle jusqu'à extinction, et insensibilité de la cendre chargée d'une mémoire infiniment revisitable. Cette volupté des intérieurs démesusurrés. « Le rêve qu'on espère est celui qui prend forme ». Cette usure, cette lassitude tant convoitée, ce détachement délicieux passionnément escompté, distance nécessaire dans l'éternelle contemplation d'une attente passive, réconfort du spectacle domptément prolongé de ce qui fut embrasement, comme le soleil vient s’affaler pompesamment sur un horizon impeccable de sérénité ; spectacle construit de soi-même sans les inconvénients d’un naufrage non consenti, avec ce sentiment vague d’avoir été heureux sans que, bien sûr, il n’en ait rien été.

(Aldus LOEWENSPOEL, Maman Bobo)

mercredi 26 janvier 2022

MENTAIRE

Apollonie Sabatier, celle qui est trop gaie selon Baudelaire
Celle qui est trop gaie

Omettre par pudeur, par lâcheté.


À mentaire avec toi je ne suis plus moi-même,
Sinon pâle héros d’un roman sans auteur
Qui, plein de ton image, attarde son poëme,
Aventure sans nom dont je suis l’inventeur.

Et, certains soirs, longeant les murs ainsi qu’une ombre,
Je trempe dans le vin ma plume sans pitié
Pour conclure à nouveau dans mainte chambre sombre
Une histoire d’amour sombrant dans l’amitié.

samedi 3 juillet 2021

Damnation (Charles Baudelaire)

"Damnation" BRIBES (Charles Baudelaire) Arabécédesque, Olivier Goldsmith

    Les deux quatrains du sonnet inachevé Damnation (Bribes) que nous connaissons tous, composés sans doute en regard de La reine de Saba (Flaubert, Tentation de Saint Antoine, L’Artiste du 21 décembre 1856, p. 21). Reine qui, semble-t-il, n’a pas non plus laissé indifférent Théophile Gautier comme on peut le lire dans Emaux et camées : « sa bouche arquée a des moues à mettre un saint au désespoir »). 
    Ce sonnet faisait partie de l’un des projets (avortés) de poèmes à faire pour la seconde édition des Fleurs
    v. 3,  « Dompteur féroce et doux » sonne comme une réminiscence des Chats.
    En l'absence des tercets, rien ne permet de penser comme Jacques Crépet (Juvenilia I, p.371) que cette pièce inachevée ait été composée en l’honneur de Jeanne.
    La mise au net pourrait dater de fin 1858<1859 (Honfleur ?). 


DAMNATION


Grand ange qui portez sur votre fier visage 
La noirceur de l'Enfer d'où vous êtes monté ; 
Dompteur féroce et doux qui m'avez mis en cage 
Pour servir de spectacle à votre cruauté ; 
 
Cauchemar de mes nuits, Sirène sans corsage 
Qui me tirez toujours debout à mon côté, 
Par ma robe de saint ou ma barbe de sage, 
Pour m'offrir le poison d'un amour effronté ; 
 
Vous par qui je deviens ce que je ne veux être 
Et me connaissez mieux que je puis me connaître, 
Qui dois-je fuir en vous, ou de vous ou de moi ? 
 
— Allons ! puisque après tout ce feu qui me taraude 
Me donne à résister pour éprouver ma foi 
Tout en satisfaisant le cher ange qui rôde !

 



dimanche 13 juin 2021

ASPIRÂLE

Raucité anhéleuse ascendante.


À quoi bon suffoquer pour si peu de plaisir ?
Crois-tu donc qu’exhalant autant de verve orale
Je vacille à mon tour ? Ô fatale aspirâle
Essoufflant tout vertige où roule un vieux désir !

Charles Baudelaire barbu avec cheveux longs (Olivier Goldsmith)

vendredi 28 mai 2021

BÉALTITUDE

Quiétude ostensible et superbe de l'âme.


Agitant les deux bras de ma béaltitude,
J'incline à volupter, le front plein de dédain
Pour les choses d'en bas, et, parfois baladin
Du cloaque, à bénir l'immonde multitude.


Charles Baudelaire souriant avec cheveux longs

jeudi 20 mai 2021

CHAMBOULEVARD

Suede 1967 "chamboulevard"

Voie publique troublée par une augmentation soudaine et chaotique de l'activité.


Les foules ne sont pas ce qu'on croit qu'elles sont,
Monstres hurlants pareils à des fêtes foraines.
Sur ce chamboulevard plein de choses humaines,
Ce ne sont que des cœurs battant à l'unisson.

samedi 15 mai 2021

DIVOGUER

 

Océan, grain en approche (Arabécédesque)

Naviguer au hasard, barrer machinalement sans se soucier du cap.


Comme on erre indécis pour aller nulle part,
Je divogue aveuglé par les yeux du hazard
Qui fixerait les flots où ma courbe s'écoule…
Ainsi je m’abandonne au chaos de la houle,
Pauvre hère indécis qui ne va nulle part.

jeudi 6 mai 2021

EMBRASSERRÉ

Maintenu dans une étreinte constante.


Pétris de nos amours désespérés
Nous aurons le poli des objets rares,
Et des mots inconnus, doux et barbares,
Rassureront nos cœurs embrasserrés.

EMBRASSERRÉ (#bicentennaireBaudelaire)

vendredi 30 avril 2021

FÉBRILLER

Pétiller d'ardeur. Avoir les yeux étincelants d'excitation.


J'imaginerai dans la nuit
Fébriller tes noires prunelles
Dévorant, âpres sentinelles,
Mon cœur longuement et sans bruit.

Fébriller (Arabécédesque) #Baudelaire2021

dimanche 25 avril 2021

GRANDIOSER

Se lancer résolument dans une entreprise ambitieuse et périlleuse.


  Nous avons toujours tendance à trop en faire et nous nous emballons à déballer notre affaire, à satisfaire d'emblée ce feu qui nous taraude, puis nous voilà saisi d'effroi devant tant de choses étalées qui nous charment comme elles nous épouvantent de nous charmer. Nous gloussons sous cape en nous relisant, puis on se refrène à l’idée d'avoir passé les bornes sitôt qu’on relève les yeux sur le monde.
  On ose, et puis on n'ose plus. On veut en montrer, puis on craint aussitôt de le faire. Un feu nous dévore mais l'incendie reste circonscrit de peur du bûcher. Et pourtant il nous [tarde]* darde tant, nous qui brûlons sans cesse de grandioser (comme vous dîtes si bien !) sous le soleil aveugle de l’imbécillité.

* Biffé.

Arabécédesque (grandioser)

lundi 19 avril 2021

HALITUANT

HALITUANT "Arabécédesque" (Olivier Goldsmith) Baudelaire

D'une moiteur étouffante, en parlant de climat.


Je vis dans son œil trouble aux lueurs engourdies,
Dans son œil ensuqué, son œil lourd et chargé,
L’halituant ennui des longues maladies
Plombant son cœur transi d’un amour affligé.

mercredi 14 avril 2021

IMMONDOYANT

Fangeux en dépit d'un aspect attrayant.


Le soleil sévissait sur l’eau verte et profonde,
Comme si tout le ciel sur l’enfer chatoyant
Y voulût arrêter la splendeur vagabonde
       Du cours immondoyant.

dimanche 17 janvier 2021

Solis Luce Clarior (Charles Baudelaire)

        




SOLIS LUCE CLARIOR



Trébuchant en plein jour, des aveugles sans bruit
Promenaient tête en l’air leur laideur coutumière
Comme si, sourdement happés par la lumière,
Ils guettaient dans le ciel le reflet de leur nuit.

Ainsi que des forçats, cherchant un jour trop rare,
Ils traînaient pesamment l’entrave de leurs corps
Qu’ils redressaient parfois dans d’austères efforts
En laissant échapper une plainte bizarre.

— Animé par l’éclat dont ils étaient privés,
Je me mis, le cœur vide, à battre les pavés
Comme pour délivrer mon âme prisonnière ;

Mais comme le soleil de son œil de géant
M’aveuglait, aussitôt je fermai la paupière
Car je ne voyais plus que gouffre et que néant.


"SOLIS LUCE CLARIOR " Sonnet (Charles Baudelaire) "Arabécédesque, Olivier Goldsmith"

mardi 22 décembre 2020

ALCOOLVE

ALCOOLVE Arabécédesque (Olivier GOLDSMITH) "Les deux bonnes soeurs" Baudelaire (Fleurs du mal)

Pratique érotisante de la soûlographie.


Bibine pour alcoolve en nuisances féconde,
Qu'on va boire au lieu dit Chez les deux bonnes sœurs ;
Qui nous fusille un peu chaque fois, brune ou blonde,
Et nous rive aux ruisseaux des mornes sexueurs.

vendredi 11 décembre 2020

BRUILLER

Miroiter en produisant un effet sonore caractéristique.


Le cuir et le métal, cauchemars de plaisir,
Déferlaient et bruillaient sur ses bras, son échine,
Et son fard empourprait cette obscure machine,
Insolennellement au soleil du désir.

BRUILLER  Arabécédesque (Olivier Goldsmith)


lundi 23 novembre 2020

DÉLICÉLESTEMENT

Pascal Juif (arabécédesque)
Photo Pascal Juif


Tournant à l’orage pour le plus grand plaisir. → NUEIGEUX● Avec l'infinie volupté des sentiments coupables délivrés pour un temps de tout remords dont le caractère inéluctable nourrit en permanence l'intensité de la jouissance.


Tandis que l'horizon plein de feintes froideurs 
Crache comme un volcan ses sanglantes ardeurs, 
J'ai peine à contenir ce que mon cœur réprouve. 

Nul ne s'y tromperait : l'air est doux comme un sein 
Délicélestement lourd, palpable, malsain,
Et l'odeur de la nuit avance à pas de louve.

DÉLICÉLESTEMENT, Baudelaire "Arabécédesque" (Olivier Goldsmith)

mardi 17 novembre 2020

ÉLASTICOT

Franchenouillarde à la mastication.


Longtemps j'eus appétit des grands yeux verts de Berthe
Malgré sa taille épaisse et ses quatre chicots,
Jusqu'au jour où je vis, grouillant sur la desserte
A mon intention, un plat d'élasticots
Dont la sauce semblait couleur des yeux de Berthe.

"élasticot" Arabécédesque BAUDELAIRE (Olivier Goldsmith)

mardi 2 juin 2020

LASCIVITUDE

Démotivation amoureuse.


Poursuivant son désir dans sa lascivitude
Elle aimait à gésir les soirs brûlants d’été,
Soleil couchant figé d’exquise incertitude
Pour donner au jour feu des airs d’éternité.


mardi 11 février 2020

Manon la pierreuse (Charles Baudelaire)

"Manon la pierreuse" de Charles Baudelaire (Arabécédesque, Olivier Goldsmith)


MANON  LA  PIERREUSE


Avez-vous déjà vu la petite pierreuse
Manon qui, du trottoir flattant la saleté,
Vient offrir aux passants sa chemise fangeuse
Comme gage certain de son infirmité ?

Sobre dans l’oripeau que son ouvrage exige,
Beaux lambeaux de splendeur autrefois pleins d'orgueil,
Elle porte son lot, religieux vestige
D'un plaisir attristé comme on porte le deuil.

Elle abrite en son sein des parfums péremptoires
Qu'exhalent jour et nuit de secrets émonctoires,
Tandis qu'on voit briller son front halitueux.

― Subtile excrétion de nos bizarreries !
Oserons-nous jamais goûter, voluptueux,
Au suc acidulé de tes coquetteries ?