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lundi 29 octobre 2018

FIASCOÏT

Panne sexuelle engendrée par l’idée de procréation.


Ta tristesse au front bas ou tes rires scabreux
Majestueusement enrubannés de soie
Sauront, au fiascoït si bien malencontreux,
Étoffer le désir que ton ventre fourvoie.


Fiascoït (Baudelaire) "Arabécédesque, Olivier Goldsmith"

vendredi 26 octobre 2018

GALIMATHÉMATIQUE

Rigoureusement incompréhensible.


Déterminisme étrange, algébreu chaotique…
Calculomania galimathématique ;
Ingéomaîtrisable horreur sur tableau noir
Que l'on indégurgite avec un entonnoir.

(Benjamin SCORVICIÉ, Les barbioles)

dimanche 21 octobre 2018

HÉSITENSION

Indétermination fébrile et laborieuse. Concentration paralysante de l’esprit.


   Le style, c’est toujours mieux de ne pas s’en occuper et de se laisser embarquer sans chercher à dire autrement, autrement mieux, ce qui prendra forme peu à peu par accrétion de tout ce qu’il y a eu jusque là. C’est ça le style. Celui qu’on ne choisit pas, le nôtre, qu’on ne voulait pas forcément. Écrire c’est ainsi que ça se passe sinon c’est autre chose, une habile posture pour faire savoir par ce biais, mais ce n’est plus nous. C’est juste notre savoir-faire qui fait illusion et, un jour ou l’autre, on finit par en être désastreusement désœuvré.
   Sur l’instant d’écrire on ne voit rien de ce que ça peut être. On ne vaut rien. On croit ça. Mais le doute, tout ce qui fait achopper, sert paradoxalement à progresser. Je crois qu’on n’avance pas sans ça quant à ce que nous sommes. On n’accepte pas d’être aveugle quand on a des yeux pour voir, de tituber sans boire, toutes ces hésitensions qui donnent l’impression de perdre un temps précieux comme si on en saignait. C’est comme de ne rien faire. Même quand on ne fait rien on travaille. On travaille sans nous. C’est parce qu’on est travaillé quoiqu’il en soit. Il n’y a jamais de repos. Il y a toujours quelque chose qui se fait. Ou se défait, c’est pareil. Écrire de ne pas écrire. Ne pas parvenir à écrire et écrire quand même, jusqu’à ne plus écrire pour espérer écrire un jour…
   Avoir du style, c’est être dépassé par soi et souffrir infiniment de croire qu’on ne puisse jamais l’atteindre. 

(Doralisa PYRARGNE, Savoir comment savoir)

jeudi 18 octobre 2018

INHIBITURE

Ivresse anesthésiante, pour oublier.


   C'est le soir parfois que ça arrive, de se voir être seul dans une pièce, une chambre, une cuisine. D'avoir peur de ça et de rien d’autre. D'être soi comme ça, sans rien d'autre que soi. Cet accès, cet excès de lucidité qui s’empare de vous avec cette même violence toujours, règne sur vous comme un ciel sans nuage, dévasté. Alors, même si on écrit, même si on a écrit — et qu'on sache que ça restera ce qu'on a jeté là sur le papier — on a recours à cette « inhibiture », comme je l'appelle. C'est comme un tunnel soyeux à traverser jusqu'à ce qu'on retrouve le jour de l'autre côté pour se débarrasser de cette panique de la veille. De cette violence-là qui a toujours le dernier mot quelque soit la victoire sur le papier. C'est terrible, je sais, ce que je dis, mais je crois que ça concerne pas mal d'entre nous. Il y a cette nécessité-là de reprendre son souffle dès que l'oppression nous submerge avec la violence d'un océan. Alors on ne peut plus s'arrêter de boire sinon la peur c'est encore pire. Bien sûr, ce n'est pas si grave d'avoir peur. Ce n'est pas toujours cette horreur d’être là, insupportable. Il est tellement naturel d'avoir peur. Mais pas comme ça.

(Dodeline DURAXE, Je ne sais pas si demain...)

dimanche 14 octobre 2018

JE-M’EN-FOUTRISTE

Personne déprimée du seul fait de son inertie.


À force de ne plus rien voir
En jouant au je-m’en-foutriste,
Je me rencogne dans le noir
Pour me visiter en touriste.

(Vivien VERVAL, Oubliettes avariées)

mercredi 10 octobre 2018

LUSTRINER

Faire briller une surface en s’y soulageant.


« Admirable » est un mot qui me met hors de moi :
Impudique impuissance à dire ce qu’on aime
Pour, vidant son trop-plein, lustriner le poème
Qui brillait bien assez sans ce giclant octroi.

(Jean-Barnave de LAMAISON de FIÈVREDOR, Les épreintes)

dimanche 7 octobre 2018

MOLLASSOMMANT

D’une lenteur épuisante.


J'ai du pain sur la planche. Il reste tout à faire.
Il reste toujours tout puisque rien ne finit :
Le jour mollassommant stagne, soporifère.
J'entends tomber la pluie, alors je reste au lit.

(Alcidias GRALIVON, Les moisissures)

samedi 6 octobre 2018

NOCTOURNERIE

Rêverie pianistique obsédante autour d’un motif mélancolique.


Je peux passer des nuits à ma vaine jouerie
En quête d'un semblant de thème évaporé
Qui révèle, au détour d’une noctournerie,
Un recoin de silence encore inexploré.

(Pierre-Nicolas JARRETTE, Moodelettes)

mardi 2 octobre 2018

ONOMANITOPÉE

Emploi exclusif d’un vocabulaire à vocation évocatrice.


L'onomanitopée, à son pic délirant,
Confinait chaque fois au poème lettriste.
Logoclown ambulant et savant humoriste,
On l'entendait alors rouler comme un torrent.

(Raoul AMADINE, Les médications stochastiques)