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lundi 30 octobre 2017

SPLENTEUR

Grande paresse majestueuse.


Heure d’hiver ! enfer de notre nonchalance
Pour occuper si bien nos loisirs ennuyeux
Et taquiner ainsi, dans cette somnolence,
La nuit molle qui s’offre aux bâillements des Cieux ;

Ombre étale du jour, inlassable indolence
Qui par tant de splenteur fige l’onde des yeux
Et, pénétrant les cœurs d’un si pesant silence,
Sonde le sommeil lourd des océans soyeux…

"splenteur" Charles Baudelaire, portrait (Carjat 1861) https://arabecedesque.blogspot.com

vendredi 27 octobre 2017

TSUMANIE

TSUMANIE "Arabécédesque" (Olivier Goldsmith) Jean Racine Phèdre


Attirance exclusive pour les mictions intempérantes.


Soudain j’entens bruire une plainte liquide,
Puis tout mon Corps frémit d’une éminence humide.
Enfin l’onde jaillit, & mesle dans l'oubly
La Terre horrifiée au Ciel ensevely :
C'est mon Cracratoa qui furibarde grave
Dans un escrabouillon d'eau, de poudre & de lave ;
Et, par ma tsumanie insultant au repos,
De tant de Terre amene il ne reste qu'Islots
De debris par milliers, inidentifiables,
Dispersez par l'affront des flots impitoyables.

(Jean-Rachid de CRAMPISTON, Scaphedre)

lundi 23 octobre 2017

UROTISME

Ondinisme mictionnel ; dérive amoureuse des incontinents.


ŒNOCHOÉ
Urotisme masseur… Par quel amour loupé
Vous tastastes encor vostre fute trempé ?

SCAPHEDRE
Long-temps je me suis veuë en habit de plongée.
Algue molle & lascive, Ondine naufragée
Liberant son délice en un doux cauchemar,
Je m'éveillois en eau comme un grand nénuphar,
Nageant honteusement dans ma couche inondée.
Jamais, vois-tu, jamais je ne seray vidée
De cette Mer aimable, invisible & sans bords.

ŒNOCHOÉ
D'où, sans doute, l'attrait luisant de vostre Corps
Grace à qui vostre nom pompeusement surnage.

SCAPHEDRE
Mer douce mais, helas ! qui d'autre la partage ?

ŒNOCHOÉ
Vous m'avez donné soif !… Allons, Madame, allons
Verser plus loin de quoy moüiller nos pantalons !

(Jean-Rachid de CRAMPISTON, Scaphedre)

vendredi 20 octobre 2017

VÉGÎTER

Mener une vie médiocre au train-train casanier.


   J'ai envie de m'essayer au bonheur, cette chose infecte entre toutes. Voir quelle sorte de mouton pourrais-je bien faire. Voir ça pour y croire. Un instant de vie particulier à expérimenter, comme de conduire une automobile, cette chose hideuse entre toutes. Curiosité presque malsaine de ma part. Me mêler au troupeau, aller brouter avec les autres et me grégargariser des statisfactions obédientes jusqu’à coller au fond du moule comme macaron en four. Me représenter en train de ne plus penser par moi-même ; ne plus jamais douter, être confiant plutôt que conscient ; laisser la planète tourner et les étoiles briller sans moi pour végîter dans un sommeil sans nom de brute légère, ce sommeil flasque des certitudes aveugles, pétri de toute l'inconsistance possible d'être ainsi frappé du sceau d'une imbécillité sereine et béate… Me forger ainsi, suivant des médiocritères restant à déterminer à mesure, un univers conforme jusqu'à devenir si atroce de banalité qu’il me devienne autrement étranger dans l’écrasante quotidienneté de son vécu.

(Léopold CHARTRE, Demain il pleuvra sur Saint-Gleville)

lundi 16 octobre 2017

WAGNAÉRIEN

(mus.)

Dont la délicatesse expressive est soutenue par la puissance de l'impulsion.


   Triste accord irrésolu pour un soupir mué en point d'orgue assourdissant. Battement d'ailes figées pour affoler l'air en devenir qui, d'élan wagnaérien, retrouve de son parfum d'enfance par la saveur létale du désir… Non seulement la musique prend comme une mer – berce comme une mère –, mais elle emporte dans son indicible, irrésistible courant, bien plus loin qu'on le croyait ; – apaise le cœur inassoupi au couffin d'espérances illusoires mais triomphantes.

(Alexandre HOCKZARSIC, Transpositions)

vendredi 6 octobre 2017

Stoïcisme ?

Tutus calamus


Vieux mousse irrésolu sur la mer sans rivages,
Je flotte, ballotté de Charybde en Scylla
Et mes yeux délavés à travers cent naufrages
Ne brillent plus aux feux d'aucune bamboula.

Des bouffées de vent froid & quelques cris sauvages
De cormorans perdus – depuis quels au-delà ?… –
Sonnent le deuil des fleurs fanées et des mirages,
Chimères poignardées en robe de gala.

Dans le palais doré d'un doge de Venise
Que l'on taille du bois pour leur faire un cercueil !
Près du porche roman d'une petite église

Que mon for intérieur leur dédie un clin d'œil,
Et que mes corps subtils, démystifiés, s'abstiennent
De redouter le chant de mort des temps qui viennent !

Paul YVONNEAU  (1932 - 2015)

mardi 3 octobre 2017

ARAGONIR

CIORAN , De l'inconvénient d'être né, X "Arabécédesque" Olivier Goldsmith)

CIORAN (De l'inconvénient d'être né, X)


Accabler sans mesure un auditoire par un lyrisme impétueusement mesuré.


   Moi, la poésie des poètes, j'ai jamais pu l'encadrer, sauf pour les parties de fléchettes. Ça finit toujours pareil « quoiqu'on die », en lamartinierde, lamartimièvrerie, alarmartiniérisme : de la larme… et du sang ! Dans un cas comme dans l'autre faut que ça coule. Patriérotisme, kif kif gros âne petit mulet ! Et allez hop ! tous en lice ! La poétocade qui revient toujours à chanter du pareil au même ! De la béatochimelvirumquéquette sans honte aucune, mais vibrature fortissime, alors là, oui, je veux ! De la vertigette orageuse qui défouraille à chiffonner la feuille pour trifouiller l’armoire ! De l’insistance coupable à chauffer la casserole ! Du tiretige pour chavirer le cagna à coups d’aragonades ! Névrituel absorbant ! Aragonuisance sonore ! Bordel canto aux ardeurs douceureuses… et en cadence, en veux-tu en voilà ! De la pure ronronflette, à n’en plus finir ! Et que ça vous aragonisse la terre entière avec des suintements d’innocence… avec des lévitations verboyantes… des vociferrances délyriques… des gloussorrhées lyrritantes… des insinuagitations pathético-trépanouissantes… des ascensions verbigineuses de mirlibole mirovolant… des vols planés vaselinoueux… des cataractes éructantes de noblesse de cœur pour versiférer du gros et du solide sur ondoiement de mers sans rivages… Écume aux lèvres et grand sentiment couinant aux commissures !… Babigroincer du prose envers et contre tout, sans aspirine ni rien d'autre à écluser qu'envagissement des hautes marées ! Et puis marécage dès lors que l'envasement est inéluctable !… Et moi, tête première dans la vague infiniment renouvêlée… à me faire encager, encaquager… à me la faire agicler surinade !…
    Mais redressez-la ! tenez-la moi plus haute, nom de Dieu, que je pisse aussi sur vos grolles !…
   « Poésie faite par tous, non par un » ? Ah ! la confréerie des veaux ! Ah ! la dévotion rendue !… Fermez un peu les vannes : je m'asphyxie ! Je péris noyé !… Et pas un rossignol pour me sortir de là… Un, tout seul, tout petit, qui chanterait pour de bon, celui-là… sans chichi mélo… dans son coin… tranquille… Qui ouvrirait les serrures avant que je rue en pied-de-biche… à tout vracasser !

(Fernand BARDAMNÉ, J'irai mourir sur ma tombe)



ARAGONIR, LF Céline, "arabécédesque" Olivier Goldsmith


P.-S. Mal et cri (à cru de bourrin)

Tripes nouées en ce moment, sérieusement barbouillé dans la dégoûtation du monde qui ramène sans cesse au passé dans ce qu’il a de pire (éternel centenaire) et avec toujours ce goût d’absurde à fond de gorge 
Parfois cela soulage d’être étranger à ce monde quand il y a souffrance d’ordinaire à ne pouvoir décidément le rejoindre
Qu’on le veuille ou non l’ignoble destouches colle à la peau et ça fait mal, quand bien même se cloîtrer dans un cocon de liège pour faire mentir la vérité coûte que coûte en diluant le temps.