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lundi 25 juin 2018

SCRULPTER

Sonder l'impénétrable pour lui donner forme tangible.


   Écrire dans le creux des autres, s'incruster dans la parole qui a déjà eu lieu pour se contraindre à naître de soi, comme on lirait entre les lignes pour accoucher d'un vide à remplir après coup : ainsi, la scansion machinale de l’alexandrin s’impose pour occuponctuer cette vacance.
   Cette place qui m'est donnée de prendre, que je n'ai pas choisie. Je ne peux pas me choisir. J'ai beau me fouiller, rien n'y fait puisque se sentir c'est continuer de se subir en continuant de mentir, pour la forme : on a beau dire, s’ébaudir ou maudire, ça bafouille, ça cafouille. Quoiqu’on fasse, on ne se scrulpte jamais que de se subir. Subir d'écrire, c'est se réveiller – être réveillé –, être confronté à ce qui nous entourloupe depuis l'origine, qui nous fascine et nous façonne de toute absence de réponse avec quoi nous bâtissons sans complément d'objet. Écrire, forcément pour rien. Seulement pour.

(Doralisa PYRARGNE, Savoir comment savoir)

jeudi 21 juin 2018

TAHAÏTIEN

 charles baudelaire, Tahaïtien  "Arabécédesque, Olivier Goldsmith"



Insulaire aux origines indéterminables.


Je vois dans ton œil doux des paresses marines,
Des tahaïtiens oisifs et musculeux
Qui, pris par ton odeur imprégnant leurs narines,
T'emboîtent en troupeau le pas voluptueux.

 Tahaïtien,  Ch. Baudelaire,  "Arabécédesque, Olivier Goldsmith"

mardi 19 juin 2018

VORASSIETTÉE

Platée promptement ingurgitée.


dans le froid la nuit ta turbulle agitée en butte aux éléments la plus grande vorassiettée de ta vie avant grand quart en solitaire cabotinage hauturier persistance océane écouter aux bordés le destin qui cogne au ventre les spaghett' à rencogner dans la bannette et le cerveau qui clandestinement s'absente

(Victor MALPLANCHE, La folle aventure du Chokétou)

vendredi 15 juin 2018

La muse amère (Charles Baudelaire)

"La Muse amère" sonnet retrouvé  de Charles Baudelaire



LA MUSE AMÈRE



Mâtine d’amour et de haine,
Mon âme est comme un diamant
Plongé dans l’eau d’une fontaine
Par le désir de mon amant.


Maîtresse ainsi de son silence,
Reine d’un empire incertain,
Je visite son indolence
Pour mûrir son vers enfantin.


Souvent, du fond des nuits sans lune,
J’utilise son infortune
Pour lui dicter ce que j’écris ;


Et, pour ranimer son marasme,
J’ajoute au rire du mépris
L’aigreur féroce du sarcasme !


"La Muse amère" SONNET Ch. Baudelaire "Arabécédesque, Olivier Goldsmith"


dimanche 10 juin 2018

ASPECTRE

Présence ectoplasmique ; attitude d’effacement, d’absolu retrait.


   « Le silence hésitant sur la nuit des couteaux » dit un poète trop discret. À partager le visage du monde comme on hésiterait dans les brumes de l'enfer ; à s’enfoncer, s'effacer, en d’interminables couloirs tagués tout vibrants de cigales électriques dans une indistinction parachevée de gazouillement de silhouettes métalliques… révolte ultime, sans autre effet que l’expression amuïe d'un aspectre encarté dans les plis d’un dédale de déchets et d'oubli… Suspension de soi dont il demeurerait l’obsession ; à retrouver l’intensité supposée première par le biais d’une si soudaine singularité qu’on en pourrait alors garder trace dans l’odeur devenue fade du deuil. Et aux crottes des chiens répond un ciel devenu blanc.

(Adrien BLANCHARBON, L'innexistence)


Apparence lugubre, inquiétante.Quêtre.

lundi 4 juin 2018

BASTANGAGE

BASTANGAGE https://arabecedesque.blogspot.com


Parapet disposé sur le plat-bord d’un navire faisant route pour permettre aux passagers passagèrement indisposés de se délester facilement.


L’absence de limite interdit tout bagage ;
Alors on se survit comme ivre dans son coin,
Avec parfois en proue un œil roulant au loin
Quand on ne vomit pas encore au bastangage.

Baudelaire charles 1861 Arabécédesque "olivier goldsmith"