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dimanche 25 avril 2021

GRANDIOSER

Se lancer résolument dans une entreprise ambitieuse et périlleuse.


  Nous avons toujours tendance à trop en faire et nous nous emballons à déballer notre affaire, à satisfaire d'emblée ce feu qui nous taraude, puis nous voilà saisi d'effroi devant tant de choses étalées qui nous charment comme elles nous épouvantent de nous charmer. Nous gloussons sous cape en nous relisant, puis on se refrène à l’idée d'avoir passé les bornes sitôt qu’on relève les yeux sur le monde.
  On ose, et puis on n'ose plus. On veut en montrer, puis on craint aussitôt de le faire. Un feu nous dévore mais l'incendie reste circonscrit de peur du bûcher. Et pourtant il nous [tarde]* darde tant, nous qui brûlons sans cesse de grandioser (comme vous dîtes si bien !) sous le soleil aveugle de l’imbécillité.

* Biffé.

Arabécédesque (grandioser)

lundi 19 avril 2021

HALITUANT

HALITUANT "Arabécédesque" (Olivier Goldsmith) Baudelaire

D'une moiteur étouffante, en parlant de climat.


Je vis dans son œil trouble aux lueurs engourdies,
Dans son œil ensuqué, son œil lourd et chargé,
L’halituant ennui des longues maladies
Plombant son cœur transi d’un amour affligé.

mercredi 14 avril 2021

IMMONDOYANT

Fangeux en dépit d'un aspect attrayant.


Le soleil sévissait sur l’eau verte et profonde,
Comme si tout le ciel sur l’enfer chatoyant
Y voulût arrêter la splendeur vagabonde
       Du cours immondoyant.

mercredi 7 avril 2021

LUSURDITÉ

Sentiment d'acuité introspective déréalisante.

 
Nausée, instants figés quand la lusurdité
M’enivrille à vrombir comme une feuille morte
D’un savoir violent où, dans sa crudité,
Je me conçois, je me transpire et je m’avorte :
Nausée, instant figé de ma lusurdité !

(Rémi CHAUWDLER, Méconnaiscience ou Les ficelles du paradis)

dimanche 4 avril 2021

MOELLASSITUDE

MOELLASSITUDE, "Arabécédesque" (Olivier Goldsmith)
Illustration : Konstantin Tikhomirov, 1883.


État d’inertie avec intime sentiment d'inaptitude permanente.


   Soyons simplement réaliste : est-ce de cette célèbre procrastination dont il est ici question ? Assurément non, celle-ci se définissant essentiellement par un surcroît conséquent d'actions dispersées constituant dissipation sempiternelle de l'essentiel. C'est surtout de cette paresse épaisse et assommante qu'il s'agit dont souffre le sujet sans cesse conscient de sa triste situation en ce qu'il s’en sent ensuqué jusqu’aux tissus osseux. Ce nonobstant, insatiable d'absence d'accident, il s'éternise à s'impatienter inefficacement, à s'étaler en rêvassant sans se harasser, songeant un de ses jours (cette fois c’est sûr !) à suer sang et eau en bossant chaque instant qui lui sera consenti, avec mission si facilement assignée de façonner l'œuvre sacro-sainte pressentie selon son sensible dessein. Espérant sérieusement secouer sa moellassitude, kss ! kss ! il s’excite jusqu’à souhaiter angoisse et stress oxydatif à s’en saouler en solitaire, s'assurant de s'y essayer incessamment, balancé de naissances soyeuses en insuccès crépusculins ; tout un océan sans suite de sensations sommeillantes sciemment brassées où sonder inlassablement pour en exprimer ce qui serait son histoire personnelle, mémorialisme fictionnel issu de ses savantes introspections et consommé consciencieusement en un difficile sacerdoce, exposant sans circonlocution la suscitation susurrée de ce qui persiste et insiste en perspirant de son sein ; ainsi soutirer cette sienne substance à ce silence subi de s'y sentir s'enfoncer sans espoir, silence à ce point assourdissant (comme on ressasserait de sottes assonnances) qu'il y fasse à force aussi peu attention, et ne plus transpirer impuissamment dans cette appréhension décidément irrespirable de son asphyxie.

(Berthold DJACODI, L'œuvre, cette inconnue)

samedi 27 mars 2021

NUANGE

NUANGE "Arabécédesque" (Olivier Goldsmith)

Paréidolie céleste passagère.


Au cœur de l’horizon un nuange est passé…
Quel frisson reconnu pour un cœur angoissé !

(Apollon KLOSTROGNIAMENTALK, Symphonèmes)

jeudi 18 mars 2021

OBSCURDITÉ

OBSCURDITÉ "Arabécédesque" (Olivier Goldsmith)

Concept fugace, qui s’évanouit sitôt qu’on l’appréhende.


Sonder de tout mon poids mon âme néantie,
Ma propre obscurdité sans faille ni ressort.
Collée à mon reflet, j’écoute l’eau qui dort
Pour vaincre en frissonnant la peur d’être engloutie.

(Irma LAYAT, Clair obstacle)

lundi 15 mars 2021

PERVERSÉVÉRER

Insister inlassablement, insidieusement et insensiblement.


   Je te sens en moi sans que tu y sois, comme un poignard d'amour adouci de haine perversévérant envers et contre moi ; sape sournoise incessamment obscure, fût-ce en plein jour ; insidiosité qui tend à me ravir en la réveillant la part vulgaire de moi-même que je t'abandonne alors dans l'exquise retenue d'une souplesse avantageusement sanglée avec laquelle je perversévère à mon tour à dessein de te nuire, et parfaire en cela l'halitueuse osmose de notre insiduosité.

(Violence SOUMISSOUS de CHAUDEPIN, Crinoline et mauvais genre, ou Les vicissitudes du vertugadin)

mercredi 3 mars 2021

RESPLENDÉCENT

Qui en impose par sa discrétion, rayonne sans ostentation.


  Âgée de trente-deux ans, cette jeune anglaise avait la physionomie d'une pensée que voilait à peine une expression de rêverie obscure, abandonnant autour d'elle une fragrance ineffable de tristesse mêlée de passion.
  Fort bien mise, grande, svelte, poitrine épanouie dans un corsage ravissant mais pour le moins honnête, visage diaphane d'une douceur extrême, yeux veloutés noisette, voix exquise aux inflexions irrésistibles avec cet accent délicieusement ponctué de ces confusions de genre qui prêtent à notre langue cet enchantement si particulier parce qu’il lui est étranger, elle était là, grand ange auréolé d'une clarté presque vertueuse dans la lumière même de la croisée, un coude nonchalamment appuyé sur la tablette de cheminée, et, comme empruntant à cette matière sa subtile froideur, monumentale agalmée si parfaitement inaccessible à toute conquête. Désarmante, oppressante, on devinait alors dans l’eau de ses yeux cette lueur lointaine qu’on eût presque souhaitée douloureuse pour mieux en exalter cette intensité du spectre rayonnant à même d’entretenir la voluptueuse incomplétude de nos désirs inextinguibles…
  Vous avez vu ses bras, ne put s'empêcher de chuchoter Jules à perdre haleine, et le port de sa tête ?
  Admirable, en convint Théophile. Je vous l'accorde et veux bien m'avouer vaincu pour cette fois. À vrai dire, la plus belle apparition que je n'aie vue depuis longtemps.
  « Belle » ? lui susurla Jules à l'oreille dans une ivresse croissante qui trahissait maintenant une passion presque inconvenante. « Resplendécente », vous voulez dire ! « Resplendécente » ! Un ange desdémoniaque faisant de la vertu un puits de jouissance sans fond où se laisser abîmer en plein ciel !
  Calmez-vous, mon ami : on nous regarde.

(Jean-Alphonse de LA MOUSSOLAINE, Déballage d'un enfant disparâtre)

samedi 27 février 2021

SPUMEUR

État d’un caractère constamment agité.


Un ventre ouvert sans espoir
Pour abreuver le cœur inerte
Sonder les flots mer offerte
Au courant d’airs d’apparoir

Soif d’eau céans de vacarmes
Gueule entrouverte ô spumeur
Plonger crier grand steameur
Chaos de sel plein de larmes

Saoulever l’entrave au corps
Et verser sans vains efforts
Au sisyphon sa mer d’ivresse

Qu’en ses pleurs encore imbu
Pataugeant plein de détresse
Il s’esbroufe à corps ventru


(Apollon KLOSTROGNIAMENTALK, Sonnepténaires)

mercredi 24 février 2021

TESTOSTÉRONDE

Expression dynamique et opiniâtre d’une virilité spontanément exercée. L'exercice lui-même.


  Après m’avoir survolé vite fait de son regard rapace chargé d’un mépris à peine voilé de pitié, Marie-Cécile, parangon vénusien de l’amazone vulpine, guerrière superficielle de la gaudriole opportuniste, pétasse bouillantissime travaillée par la persévérance incalculée de son tréfonds ; Marie-Cécile, dis-je, s’était levée aussitôt pour aller régler sa consommation au comptoir avant de disparaître à tout jamais en m’abandonnant son verre vide de tout espoir de la revoir un jour, moi, le martien aux grandes antennes et vert de trouille à l’idée de me retrouver encloti bouille à bouille dans quelque réduit à déduit avec cette belle liqueuse terrienne si brutalement dévirtualisée pour tâter de l’attrait ductile du latex reprotecteur dans un épanchement d'amour vanille ; moi, dis-je, planète un peu trop tranquille et lointaine, trop rêveusement pacifiée dans la sombre froideur de mon écrin de marbre rouge pour me consumer l’âme et m’échiner l’écorce dans une testostéronde tellurique aux éjacumulations basaltiques.

(Marcel FORGERIE, Anna Diadème)

mardi 16 février 2021

VIVACILLER

Rechercher constamment des situations instables pour briser la monotonie de l'existence.


  Le temps de durer qui fait durcir. Tu en es là. Ça prend du temps et tu le sens passer, à en devenir trop dure. Tu t'encombres d'une vie pour rien, parce que tu y es. Alors voilà, ça prend de plus en plus de place cette épaisseur bientôt intenable d'être ainsi de tout ton poids plantée comme un piquet, à fixer la bulle bien centrée du niveau, jusqu'à la nausée, avec le poids de le dire encore.
  Tu tiens trop de place. Alors tu penses au poids des autres parce qu'il n'est pas le tien. Tu voudrais encombrer les autres de ton trop de poids. Tu as toujours tout à donner. Alors tu ne tiens plus en place, tu vivacilles dans la peur de toi, pour te dégager de toi, dans la peur que ça te rattrape. Alors tu pars en vrille pour rencontrer les autres, les percuter pour t’alléger de toi-même en te lestant de leur trop de poids, dans l'idée que de même ils se soulageront de ce trop de poids en se lestant du tien. Beaucoup appellent cela de l'amour. D'autres parlent d'amitié, mais c'est l'amour qu'on préfère.
  Alors tu te déstabilises. Et tu finis par vivre ainsi de ce certain oubli de toi, comme si tu étais devenue du vent. Tu penches de tous côtés dans cette crainte de l'aplomb de toi, du fil à plomb qui te donne tant à retordre. Vivre est de déverser toujours, et qu'importe le moment de ta chute, de ta ruine, si le temps que ça tienne soit suffisamment vécu hors de toi pour ne pas y retomber.

(Ordalie CAMPÈLE, Nerveuse le matin)