Objet de lecture avec lequel on s’embarque durablement.
Dois-je être lasse des lectures rêvassantes, rêvassommantes, quand le ronronnement des phrases me berce et que le sens m’échappe parce que telle expression initiale, telle formule uppercutante, a orienté mon attention vers une direction qui m’est propre ?
Ainsi je m’écarte de l'auteur parce que l'auteur insinue malgré lui l’opportunité d'un cheminement qui devient le mien tout en continuant le sien. Ainsi je largue d’être larguée : je deviens fantôme hantant les discoursives d’un navilivre à destination fluctuante : je m'échappe de la prison : mes regards se perdent au-delà des barreaux de la cellule dont je détiens les clés : je m’approprie ce lieu d’enfermement pour l'accommoder à ma façon.
Je continue de lire : j’imagine entièrement l'ouvrage que je suis en train de lire. J’ai besoin de cette prison pour nommer, connaître ma liberté : j’ai besoin de ce livre devenu inachevable, inachevé, de la résistance de ces parois de phrases allant s’épaississant pour m’y sentir rebondir : y capter l’écho de ce que je veux y trouver de ma présence évoisive, de ma présence évaseuse, de ma présence rêvadée, seul sujet de tout livre : étancher la soif inextinguible que j’ai de moi-même : insensible écriture de lectrice aveugle, accaparesseuse de phrases qui n'ont plus à mes yeux d'autres limites qu'une page qui redevient blanche le temps de la lire, et que sans le vouloir je froisse et je déchire.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire