Gros chien de garde beaucoup moins méchant qu'il ne paraît.
Le Ramollosse & son Maistre
Il en est de tres-malheureux
Qui n'aiment pas estre hargneux.
Ainsi ce Dogue noir que nul n'oseroit plaindre.
Ce Ramollosse estoit assez terrifiant,
Et plus il vouloit estre aimable,
Plus son Maistre, homme abominable
En dépit d'un aspect riant,
Luy donnoit du baston, du pied ou de la pierre,
Comme s'il eust voulu le réduire en poussiere
Pour luy donner le goust de son méchant employ.
Mais le Dogue toûjours larmoyoit plein d'effroy.
Son Maistre alors fut pris d’une ire peu commune :
Je feray de toy mon Psittbull,
Aboya-t-il un peu maboul
Au Chien qui gemissoit de crainte & d'infortune.
Un jour, plus furieux qu'un troupeau de roquets,
Il voulut le punir d'estre si peu mauvais ;
Mais plus le Maistre estoit en humeur détestable,
Plus le Dogue poussoit sa plainte lamentable.
Il frappa tant la Beste à ces cris éperdus,
Et si férocement qu'on ne l'entendit plus.
Nul n'est jamais, helas ! ce qu'il laisse paroistre :
Si le Dogue a fort peu le don d'estre touchant,
Un écriteau signalant Chien méchant
En dit bien plus long sur le Maistre.
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