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jeudi 11 avril 2019

ONIRICOCHER

"Oniricocher", Arabécédesque (Olivier Goldsmith)


Subir un flux rapide d'images mentales sans liens apparents.


   Ce que l'oie oit l'ois-je ? Quand elle court, on voit bien qu'elle vient de l'aile. La plume d'oie ne sait pas marcher, ou alors pour de l’éclopinette. Elle frôle, caresse, rebondit, envisage, amorce les courbes en écrissant et s'envole sitôt qu'elle ralentit. Quoi qu'il en soit, pour ce qu'elle abandonne d'encre chargée de sens, elle oniricoche.
  Mais cette célérité ne suffit pas à dévoiler ce qu'il y avait avant les mots qui ne sont que l'ombre de ce qu'ils signifiaient sur le moment. Avec elle, nous ne faisons que courir après des mots qui s'envolent sitôt entrevus et ne se laissent jamais prendre autrement qu'en apparence. Disperser de l'encre sur du papier avec une telle plume à la légèreté inconcevable, c'est donner au langage cet aspect imprévisible porté par le seul phrasé à fleur du subodoré, au point de réaliser que ce qui nous échappe devient cela même que nous sommes. Manquer d'écrire comme on l'aurait souhaité, c'est précisément se retrouver soi par la volonté de le dire sans y parvenir. Écrire n'est ainsi que ce vieux rêve de voler qui nous hante dans les deux sens du terme qui, pour le coup, se rejoignent enfin.

(Doralisa PYRARGNE, Savoir comment savoir)

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