Faire du bruit par peur du silence, du noir.
Je vois nos descendants, qu’un même rêve exhorte,
Aller loin dans le ciel sonder leur propre nuit
Et, pour trompre à leur suite (ô silence où tout fuit !),
Des chevelus jouant de la musique forte.
(Hugo SPLECTOR, La fiente de l’Esprit)
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Infatigablement nous allons dans un gouffre
(Bien qu’à la vérité nous y sommes déjà),
Et rien dorénavant ne peut nous retenir.
Et bientôt le jour tombe, emporté lui aussi ;
Déjà je vois la nuit sans étoiles, sans hommes,
Et l'avenir profond où s'abîme le monde ;
Déjà je sens sous moi la terre qui déverse,
Comme un tombeau glacé qui ne résonne pas…
Comme si… comme si rien n’avait existé…
Que sommes-nous ? que suis-je ? Un spectre, une ombre… une âme,
Ou bien quelque animal venu gratter le sol
Pour disparaître encore et encore, englouti
Dans l'insondable flot d'une mer sans rivage…
Faire du bruit par peur du silence, du noir :
C’est là le vain projet des âmes en souffrance
(Et le fait de tous ceux qu’on nomme des fêtards).
On pourrait dire ainsi « trompre » en inversant les lettres…
Et malgré tout j’entends l’abîme, le silence
Prolonger sans répit mes piaffements stupides…
J’entends… et puis j’écoute, en dépit de moi-même…
(Il se fige. Temps de silence)
Une brèche est ouverte au milieu de mon ventre,
Et déjà l'eau s'engouffre à l'intérieur de moi.
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