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samedi 8 juillet 2017

CELZÉSERINER

CELZÉSERINER "Arabécédesque" (Olivier Goldsmith)


Faire abus d’égalangage. ● Abuser de tics de langage horripilants.


Celzéceux qui celzéserinent z’en celzéserins
Celzéceux qui bonimentent toutes zé tout bonnement
Celzéceux qui redondindonnent zé redondindons
Gynaugurent zé andromecquent
Qui introduisent tau jour zé à l’heure d’aujourd’hui
Les femmes zé les hommes
Les humaines zé les humains
Les emmanuelles zé les emmanuils
Les compatrieuses zé les compatrieurs
Les zétéroses zé les zétéros
Les lesbiennes zé les lesbiens
Zé les trabicyclettes zé les travélos
Bêtes zé animaux
Rates zé rats sourises zé souris
Excétérases zé ksétéras
Celzéceux qui à toutes zé à tous ellent zé luient
Qui zélatrices zé zélateurs
Qui lébruxelloisent zé lébruxilloient
Zé belgent bilgent
Brutes zé bruts
Qui pétassent zé pétardent
Doctogresses zé doctogres
Qui écrivaniteuses zé écrivaniteux
Écrivanickellent zé écrivaniquilent
Zé écrivièrent zé écrifleuvent
Celzéceux qui démagoguent zé à gogo
Qui chapeau mol zé chapeau mou
Politiquemencorrectificellent zé politiquemencorrectifilent
Celzéceux qui ségrégèrent zé ségrégavent
Qui discriminationellisent zé discriminationihilisent
Zé maritairent zé paritairent
Celzéceux qui tante et tant attentent zé autant
Qui tante et tant té tant té tant tentêtent tentêtants
Qui yapadinquiètent zé yapadsoucient
Celzéceux qui suitalaprévertuent zé suitalaprévicent
Qui vissent zé clouent
Bécotent té bécots
Poutoutent té poutoussent
Tricotent té tricots
Travaillardisent zé travaillardeurent
Zé voili zé voilou
Celzéceux qui épuisent zé puis
Qui à toute vapeur zé à tout va
À toute pompe zé à tout rompre
Solutionnent sans solution
Celzéceuses zé celzéceux qui nivellent zau niveau des celzéceuses de chez celzéceuses zé des celzéceux de chez celzéceux
Zé consensucent zé consensuent
Les celzéceuses zé les celzéceux qui celzéserinent z’en celzéserins
Celzéceuses zé celzéceux qui z’hélas zé là
Nous courent volent zé nous mangent
Nous ragent zé nous désespoirent
Nous poirotent  les poireaux
Zé les valseuses zé les valseurs
Zé les prunelles zé les prunœils 
Toutes zé tous celzéceuses zé celzéceux qui entrèrent à l’aise zau palais en faisant craquer les gravières zé les graviers zé dînèrent zau dîner de têtes zé de chefs zoù chacune zé chacun s’était faite zé fait l’une zé l’un celles zé ceux qu’elles zé ils désiraient…

(Raymot QUENONDE, Chienne et chien, et autres pairoles)

jeudi 6 juillet 2017

DJANGOUEMENT

Grande vogue de la guitare manouche.


   Les fins de semaine, au soir, j’allais me perdre près du port dans les rues étroites et mal éclairées, appâté par tout un djangouement dont les pompes canailles ragaillardissaient les nuits hors saison, tirant un temps la ville de sa grisaille pesante. Ainsi, tandis que je m’appliquais à traînarsouiller du côté des Michés-Fleuris, et comme à dessein de me fondre dans l’opacité lancinante de ces prédilections passagères, je m’imprégnais d’une odeur de brume froide agitée par un ruissellement inlassable d'accords assénés insinuant cette énergie désespérée que le large semblait apporter d'ailleurs avec les déhanchements appuyés de la houle dans le déferlement d’une ivresse équivoque et bestiale.

(Léopold CHARTRE, Demain il pleuvra sur Saint-Gleville)

lundi 3 juillet 2017

ÉRUDÉCENCE

Rougeur coupable du visage.


   C'est alors que miss Merdora apparut dans l'entrée, mouillée et crottée des pieds à la tête, ce qui ajoutait à son charme troublant. Daignant au passage tourner les yeux dans notre direction, et comme nous ne pouvions nous empêcher de la contempler, nous devinâmes alors son visage tout enflammé d'érudécence que semblait rehausser le désordre de sa toilette. Puis, sans un mot, elle se dirigea vers l'escalier en détournant la tête comme si cela eût relevé de quelque maladie incurable, comme si ces honteux stigmates devaient à jamais la hanter aux yeux de tous, mais gardant secrètement pour elle les délices infiniment inconvenants que l'opprobre lui procurait.

(Marquise de SANDE, Merdora)

vendredi 30 juin 2017

FLAGADAGIO

(mus.)

Mouvement tranquillement lent et paressant interminablement.

(SYN. Langsamorph)

Il fallait bien, après un pareil allegro,
Souffler un brin avant l'injouable presto.
Mais ce flagadagio me ravit à l'extase
Pour en éterniser le tempo par l'emphase.

(Vigor CRACKMARINOV, Tempesta di minuetto)

jeudi 29 juin 2017

GRAVITI

Slogan tracé en creux sur une matière dure à l'aide d'une pointe et détériorant l'espace public sur une matière importante.


L'âme c'est ce qui reste du corps quand on n'a plus envie de pisser
(Graviti toilettes SNCF, 1996)

(Aigledor FORCEDEL, Épigaffes et gravitis)

mercredi 28 juin 2017

HÉLASSER

Saturer de jérémiades.


Britanoraque vient. Je luy laisse ma place
Si vous ne craignez pas qu'un tel sot vous helasse ;
Mais je sçay desormais que pour se faire aimer,
Mainte plainte poussive est promte à vous charmer :
Dés demain je me trouve une doudoune rose,
Et je reviens icy gemir en virtuose.

(Jean-Rachid de CRAMPISTON, Britanoraque)

mardi 27 juin 2017

INCOMMONUDITÉ

Malaise intense du fait de paraître dévêtu devant les autres. ●Crise d’angoisse interprétative dans la certitude irrationnelle que les personnes en présence lisent dans les pensées.


   Dès que Madeleine se redressa clés en main, je fus pris d'un accès d’incommonudité à la mesure de ma décontenance, persuadé qu'elle remarquerait l'érudécence progressive de mon visage, et le front bientôt brillant d'une stuporisation ô combien évocatrice d'intentions malsaines – quoique involontaires – à son endroit, et que j'allais devenir pour elle ce monstre d'indélicatesse, l’incarnation même de la mâle abjection. Sentant alors ma tête se vider de toute matière, je me pris à jouer machinalement avec mes propres clés dans l’espoir vain de n’en rien laisser paraître, au risque de les faire tomber à mon tour et d'ainsi m'exposer, dans l’obligation d’avoir à les ramasser, à une contre-plongée irrévérencieuse autant qu'irrépressible, hautement préjudiciable à nos relations jusque là cordialement inérotisées – et puisque je ne pouvais pas fermer les yeux sous le seul prétexte de ramasser mes propres clés à mon tour sans que cette fois elle ne se doutât de quelque chose (quoique les yeux clos puissent se justifier par la formulation orale d'une pensée profonde et sincère mais dont, bien entendu, j’étais incapable sur le moment) – ; contre-plongée dont l’angle par trop avantageux de la perspective du point de vue d’un observateur peu scrupuleux n’eût pu susciter dans son âme sensible qu’affreux soupçons ; car les hommes, pour l’essentiel (et, à mon grand désespoir, j'étais forcé d'admettre que j'en étais un, tout au moins dans l'apparence, – et, qu'en un tel instant, cette autre perspective d'appartenir à une telle espèce me répugnait à l'extrême limite du mal-être), sont ainsi faits de nature, fussent-ils d'une intelligence supérieure, grossièrement schématiques dans leurs manières de penser – si l'on peut dire – et d'agir dès lors que l'opportunité prometteuse de certaines femmes leur vide la tête du fait de l'éloquence irrésistible et jugée altière de leur fessier. Ainsi, tandis que broyé par l’engrenage de mon imprévoyance un tourbillon sans fin m’entraînait dans les sinuosités labyrinthiques d’un développement paroxystique incontrôlable et précipité, ma tête achevait de se vider comme une baignoire de l’eau usée dont elle est fatalement dépositaire (de même qu'à cet instant je pensais l'être de toute la saleté du monde), dans un glouglou évocateur tant d’avide inconsistance que d’indisposition culpabilisante appelant aux plus urgentes expiations de mon faible intérieur.

(Abimal BOCASTRO, La coda du botaniste)

lundi 26 juin 2017

KENAVOGUER

Passer plus de temps en mer que sur terre.


   Les montagnes, ça monte et ça descend. On a beau glisser, on fait du surplace alors que dans la tête on n'arrête pas de fuir à l'horizontale, et même au sommet on continue de lever la tête vers le ciel récréé par la traînée blanche des avions, ces panneaux indicateurs. Chercher abri, trouver refuge jusqu'à ce qu'enfin on finisse par s'échapper pour de vrai à force de se faire rouler, pour rouler tout de bon en dévalant de vallée en vallée. Alors on avalanche, quitte à se faire mal, torrent boueux de toute la crasse immaccumulée des neiges stupidement éternelles, pour retrouver embruns, grève, vague et mouvement, loin de ce plissement terrestre pétrifié dans son imbécillité minérale. Et puis on s'échappe encore de peur que ça nous rattrape, la terre à caillasse. Alors on y va, on se laisse embarquer, on kenavogue à toutes voiles, à toute vapeur, moustache d'écume à la proue de la Blanche Herminel’œil battu par les flots et un compas dans la tête pour embrasser l'horizon. 
   Il n'est pas de rigueur qui tenaille autant qu'une autre pour peu qu'on l'ait choisie. Le tout est de trouver à souffrir différemment pour souffrir un peu moins.

(Sisyphe MAZROCHE, La grande vadérappe)

samedi 24 juin 2017

LÉAUTAUDIS

Léautaudis chats perdus https://arabecedesque.blogspot.com


Logement précaire rendu insalubre par assiduité de chats non stérilisés.


Mordu d’intérieurs au parfum littérare,
Je me voyais bientôt dans mon léautaudis
Dispenser en feulant, diversement barbare,
Le suc inaugural de mes salmigondis.

(Alcidias GRALIVON, Les moisissures)

vendredi 23 juin 2017

MORMENT

Instant fatal entre tous.


   On médite toujours ce qu'on redoute avec une horreur curieuse irrésistible qui pourrait tenir lieu de passion. Ainsi, plus encore que la naissance parce qu'inaccessible, la grande expérience du morment comme une éclipse annoncée. Encore faudrait-il avoir la certitude qu'elle puisse être vécue pleinement dans toute l'intensité de sa crucialité pour ne pas avoir l'impression de vivre dans une attente sans objet avec le sentiment d'avoir décidément tout raté.

(Stanislav RASIDORT, Affaiblismes sarcasmatiques)

jeudi 22 juin 2017

NOBLATIF

Qui fait montre d'excessive abnégation dans l'exercice de la charité.


   Longtemps, je me suis enivrée de vertu. Forte dans ma généreuse solitude de cette privation salutaire sans être noblative, l'esprit charitable pétri de la commisération la plus sincère, je fus cette jeune femme splendide de vertu réfléchie, à la modestie clairement affichée, d'une sensibilité délicatement exacerbée, se livrant parfois aux délices profondes de la méditation ponctuées de rêveries récréatives quoique honnêtes ; l'âme suffisamment formée pour éprouver les chastes pénétrations de cet altruisme imposant avec bonheur à l'être qu'il étreint l'abstinence des égoïsmes avilissants, et à même de nourrir au fond des yeux la flamme d'une béatitude promise dans l'endurante patience de l'acte quotidien.

(Renée-Paule de LA COËFFE-DESROTATEUR, Mémoires d'une enfant gâtée)

lundi 19 juin 2017

ONIRIDESCENT

"ONIRIDESCENT" Baudelaire  Honfleur, Le Butin https://arabecedesque.blogspot.com

Honfleur, Le Butin.



Qui produit des reflets multicolores semblant irréels.


Deuils oniridescents d’une vapeur marine,
Chargés d’ombre et d’acier ; océans éthérés
Pour diluer la terre en enflant la narine,
Comme une eau de Boudin aux ciels enchevêtrés.

ONIRIDESCENT,  Charles Baudelaire  "Arabécédesque, Olivier Goldsmith"