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lundi 31 décembre 2018

NAVOGUER

NAVOGUER "Arabécédesque" (Olivier Goldsmith) RAN ORTNER

Ran ORTNER, oil on canvas (NYC 2017) 


Tanguer et rouler gracieusement, en parlant d’un navire qui fait route.


Vivre en se débattant ou subir sans broncher,
Dans l’un ou l’autre cas c’est monter pour descendre.
Navoguer… puis sombrer ! Voler peut-être : prendre
La mer comme du ciel qu’on peut enfin toucher !

NAVOGUER Baudelaire "Arabécédesque" (Olivier Goldsmith)

jeudi 27 décembre 2018

ŒUVRILLER

Réaliser quelque ouvrage minutieux nécessitant un perçage incessant.


Lorsque le soir venu je vois mourir le jour,
Toutes griffes dehors, mon sang ne fait qu’un tour.
J’ai les crocs énervés par mon sang qui circule,
Alors je palpe, œuvrille ; alors je me dracule.

(Louis LÂCHENERF, Criminélégies)

jeudi 20 décembre 2018

PROMISQUATTER

S’entasser illégalement dans un logement avec d’autres occupants.


   Vivre sa clandestinée, des arêtes de poisson dans le cœur. Avoir tort d'être là. S’encombrer d'ombre et de rêves sans but jusqu’à égarer ce qui fait que dehors nous excédentarise. Promisquatter dans la crasse interminable de l’éphémère. Navigation sans erre, sans eau ni électricité. Équipage livré aux fureurs tranquilles, aux nausées soucieuses d’accalmies dans le feu d'une action créée de toutes pièces dans ce ventre réinventé du monde. Théâtre qui se gave allaigrement de son propre spectacle. Et le silence des murs qui l’ovationne sans relâche.

(Noïam DIOMOGUE, Ça manque une fenêtre au sud)

dimanche 16 décembre 2018

RABOUGRISAILLE

Gustave Caillebotte "rue de paris temps de pluie" détail

Repliement débilitant d’arrière-saison.


Décembre à nouveau revenant hanté de ma métamorphose,
Dans la rabougrisaille obsède obstinément d’un vieux désir ;
Et je laisse glisser tout schuss mes yeux brûlants comme un soupir
Sur le satin froid des pavés que la pluie en vain me propose.

(Vivien VERVAL, Brumes et murmures)

mercredi 12 décembre 2018

SALUBRIÉTÉ

Ivresse salutaire.


C’est un luxe inouï d’étoffes, de dentelles
D’une femme comme ivre aux rires assassins
Qui dispense alentour le parfum de ses seins,
À moins que ce ne soit celui de ses aisselles.

Longtemps son cœur, versé dans les fausses amours,
À tout vent a battu comme une vieille enseigne.
Si parfois le soleil l’illumine et la baigne,
Ses yeux restent pourtant chargés des sombres jours.

Elle n’est plus bien jeune et pourtant elle est belle.
Un incurable mal lui ronge la mamelle
Pour soulager bientôt celui de son destin :

Elle va retrouver ainsi qu’un météore
La nuit froide, emportant dans un bruit de satin
La salubriété qui la fait rire encore.

Charles Baudelaire "Salubriété" Olivier Goldsmith (arabécédesque)

dimanche 9 décembre 2018

TIGRENOUILLE

Plongeur vêtu d'une combinaison à motifs rayés ou tachetés, censés simuler par mimétisme l'aspect d'un prédateur, pour prévenir les attaques de requin.


   J'étais si préoccupé, à scruter le gouffre qui s'ouvrait sous nos yeux, que je finis par oublier les autres tigrenouilles qui nageaient avec moi, si bien que lorsque l'un d'eux entra dans mon champ de vision, mon cœur bondit si violemment dans ma poitrine que l’écart que je dus faire effraya mon compagnon à son tour, et nous dûmes échanger un geste amical pour tenter de nous rassurer.

(Otto ALTAGUA, Cent mille yeux sous la mer)

jeudi 6 décembre 2018

VAGABONDULER

Se mouvoir en formant des sinuosités irrégulières.


Et le feu, comme on rêve avant de s'endormir,
Vagabondule aux murs dans sa lente agonie,
Comme l'apaisement d'une mer infinie
Qu'un reste de fureur fait encore frémir.


"VAGABONDULER  Baudelaire "arabécédesque, olivier Goldsmith"

lundi 3 décembre 2018

XANTIPPATHIQUE

Relatif au parangon mégéral, en parlant d’une femme à l’humeur difficile.


    Un sou c’est un sou : ici, c’est comme ça ! crachaboya la patronne de l’hôtel sur un air xantippathique de boniche venimeuse au timbre rauque. Puis, balai toujours en main, elle claqua la porte sans même m'indiquer le chemin de la gare.

(Noël ANOUCA, Les grands horizons)

vendredi 23 novembre 2018

ADMIRACULEUX

Qui n’a du prodige que l’apparence.


   Ça, de la poésie ? cette faculté admiraculeuse d’inadaptation, intime errance de l’inepséité prétexte à vague à bondage qui s’enchaîne sans contrainte ni bagage, à langage qui engage celui qui en fait l’étalage dans la voix qu’il s’est choisie à la capella pour exhal(t)er ex cathedrâle une individuité déclarée farouche en se flattulant le moimoimoi dans un tintamarre soleillitaire ? ce longrand tour d’y voir la gueule que ça prend quand ça vous œuvre dans le tréfonds ?… Il est comme ça de ces rabots électriques qui vous travaillent les nerfs en vous coïtant la tête dans un pululement* plus enchanteur qu’un soupir de sirène.

(Escolo PANDRIA, Les flâneries d’un coursepatte)


__________
* Fait mot-valise avec « ululement », donc un seul l (càd 2 au lieu de 3). On ne se corrigera donc jamais… De toute façon, avec ce fichu blog, traversée d’un désert sans limite, ce sera toujours comme ça… Allons, encore un petit effort avant de s’arrêter pour de bon.

dimanche 18 novembre 2018

BLANCHAIR

Pâleur uniforme de l’épiderme.


   Ces seins qui sont les siens. Qu'on dévorerait. Pas la chair mais l'illusion qu'elle suscite, la forme traduite par la chair. Tâter pourtant sans qu'on sache vraiment quoi, fruits trop neufs cueillis du corps encore intact. Blanchair accablante d’élacticité. Et, dans la démarche, l'air de s'en foutre. En fait, un désir royal qui ne se sait pas. Indifférence volage qui mêle subtilement sa superficialité à des fureurs pesantes déjà naissantes, imperceptibles encore. Alors ce désir-là, intouché, dont on ne sait plus quoi faire, pas même mordre. Juste l'envie.

(Rosaline DUCLE, Un amour d'anatomie)

mardi 13 novembre 2018

CORSONNET

Célèbre poème à forme fixe et en taille de guêpe.


Un corsonnet, mais qu’est-ce ? — Un texte bien lacé
Qui trouve sa tournure en serrant la taille,
Interdisant au corps, dans sa tenaille,
Tout excès qui serait déplacé ;

Qui serre encor la taille prise
Pour faire jaillir le haut,
Et rentrer comme il faut
Le bas par traîtrise,

Qu’un moule enfin
Si soudain
Libère l’âme

De son contenu
Au papier qui réclame
Son lot de poème nu.

(Apollon KLOSTROGNIAMENTALK, Poèmes-revolver et pistolettres)

lundi 5 novembre 2018

DÉSORIANTISE

Peur panique de s'égarer ou d'être égaré qui fait s'égarer pour de bon.


Vain sillage allure morte
étrave sans entrave

écume aux lèvres
désoriantise là-bas silence

mots inertes amuïs
mer toujours blanche après

cette forme qu'elle aurait
quand on y pense

(Arsène ORZELLE, Les mots-delà)