Ivresse anesthésiante, pour oublier.
C'est le soir parfois que ça arrive, de se voir être seul dans une pièce, une chambre, une cuisine. D'avoir peur de ça et de rien d’autre. D'être soi comme ça, sans rien d'autre que soi. Cet accès, cet excès de lucidité qui s’empare de vous avec cette même violence toujours, règne sur vous comme un ciel sans nuage, dévasté. Alors, même si on écrit, même si on a écrit — et qu'on sache que ça restera ce qu'on a jeté là sur le papier — on a recours à cette « inhibiture », comme je l'appelle. C'est comme un tunnel soyeux à traverser jusqu'à ce qu'on retrouve le jour de l'autre côté pour se débarrasser de cette panique de la veille. De cette violence-là qui a toujours le dernier mot quelque soit la victoire sur le papier. C'est terrible, je sais, ce que je dis, mais je crois que ça concerne pas mal d'entre nous. Il y a cette nécessité-là de reprendre son souffle dès que l'oppression nous submerge avec la violence d'un océan. Alors on ne peut plus s'arrêter de boire sinon la peur c'est encore pire. Bien sûr, ce n'est pas si grave d'avoir peur. Ce n'est pas toujours cette horreur d’être là, insupportable. Il est tellement naturel d'avoir peur. Mais pas comme ça.
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