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jeudi 6 juin 2019

GLISSUER


Évoluer à grand peine sur un terrain fangeux, dangereux.


C’est un miroir informe, une flaque boueuse,
Terre vague et sans nom qu’on ne voit plus finir,
Comme un Paris-Roubaix à n’en plus revenir
Où la mort faucherait comme une mitrailleuse.

Avec 36 – 16, et souvent en danseuse,
Quoique tout soit si plat, il faut bien plus souffrir
Que s’il fallait grimper sans jamais aboutir,
Pour tracer vers le ciel sa route hasardeuse.

Alors on a le cul bien lourd comme un pavé,
Glissuant sur ce pan de ciel inachevé,
La tête dans la brume où brouiller ses névroses.

Faut être un peu maso, bougrogne-t-on parfois,
Tant l’on dure, affligé de notre propre poids,
En transpirant ainsi la matière des choses. 



(Christophe DURALUMAIN, La pourfuite du bonheur)


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