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mercredi 4 novembre 2020

HALLUCINÉMATION

Perception psychosensorielle élaborée, mais sans objet réel, semblable au déroulement d’un film. 


   Laisser monter cette torpeur du ventre. Une presque force. Comme une langueur non plus sourde mais devenue sensible par l’insistance accrue de son emprise ; presque force donnée de mourir à soi avec la lenteur amoureuse d'un enfantement sans douleur. Une presque absence. Puis, d’un coup, fracas hallucidogène de la mer en un débordement d’écume : hallucidité gerboyante avec autorité soudaine de l’orgasme libératoire !
   Et bientôt c’est une projection animée qui s’impose indéfiniment. Soit ! que je m’y vautre avec l’habileté de l’esthète. Alors je m’installe dans cette hallucinémation faite d’ininterruptions successives, suite d’images sans nom, d’éclairs vibrants et d’enfoncées troublillonnantes où je retrouve des paysages fuyants à explorer, héroïquement seul, sans autre intrigue que leur déroulement même, pour me voir entraîné puis déterminé par cette absence lumineuse si pleine d’intensité. Distension d’un jour fait nuit pour me voir comme jamais, qui révèle l’épaisseur d’une aventure sans cesse inédite.

(Rémi CHAUWDLER, Je prends de la drogue pour qu'on le sache)

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