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lundi 16 novembre 2020

FRANCHENOUILLARDE

Blogger.com Arabécédesque GALLIMARD "Franchenouillarde" (Olivier Goldsmith)


Pâte alimentaire surcuite. 


  Non seulement Jeanine arborait joliment une couperose qui animait en les rehaussant les traits épais de son visage rustique de la spontanéité conviviale d'une nature généreuse au caractère bien trempé, mais, ce jour-là, elle était parvenue non sans mal à enfiler une mini-jupe de ses débuts qui, plus que jamais, la boudinait à ravir. 
  « On va faire du sexe, un peu ? » me lança-t-elle alors biaisement en prenant ses grands airs gorlogresseux de Barbara Lamousse de jadis et de foire, avec clin d'œil fatalement idoine pour tenter de m'échaudassaisonner. 
  Mais, devant mon expression jusque là muette d’une perplexité mal dissimulée pour se charger bientôt d’une touche improbative si criante que j’alibiaisai transitivement quelque désir prompt d’aller casser une petite croûte, elle me fit face en me vomissant deux ou trois insanités quant à mes capacités masculbuteuses, et comme si c'était vraiment le moment de faire ça, de « casser une croûte » fût-elle petite à une heure pareille. 
  Je lui rétorquai à tort et à raison qu'il n'y avait pas plus d'heures pour faire ce qu'elle me proposait de faire avec elle que pour faire ce que je me proposais de faire avec ou sans elle. Je peux très bien casser la croûte n'importe quand à condition de ne pas avaler n'importe quoi, et pourvu que je fasse de l'exercice. Et c'est là-dessus qu'elle a eu le dernier mot. 
  « Alors, en attendant de faire de l’exercice, allons bouffer un peu, qu'elle me lâcha d'amour lasse, puisque c'est ça qui te branche ! Je vais te faire des nouilles : ça te redonnera du volume ! » 
  Pâlissant au mou mot de nouille tandis qu’elle m'entraînait chez elle, je tentai de la convaincre d'y faire autre chose sans autre transition, en dépit de mes lacunes planculbuteuses, compte tenu de mon peu d'appétence pour ses franchenouillardes maison susceptibles d'attenter à la délicatesse sereine et chèrement entretenue de ma tripe.

(Patrick DARMOU, Le fauve est lâche)

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