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mardi 24 avril 2018

JURACIRQUE

(n. m.)

Grosse plaisanterie à propos de dinosaures.


   SCHWARZSPIEGELSATZ : Pour ce qui est de la disparition durable de vos… dirions-nous… « états d’âmes », madame, afin de juguler en toute viabilité cette susceptibilité excessive et cette suggestibilité associée à une « suractivité posturale tyrannique », je vous prie de croire que tout est – en théorie – excessivement… limpide à votre sujet. Mais, toutefois, permettez-moi de vous demander…
   MADAME SPIELBERGSON : … Quoi donc ?
   SCHWARZSPIEGELSATZ : Votre chapeau… c'est stégosaure, iroquois ou ragondin ?
   MADAME SPIELBERGSON : « Gabio Corintina », docteur !
   SCHWARZSPIEGELSATZ : Ah ! oui, oui… Enfin, quand même, ça fait assez crête jurassique, ce... « Gabio Corintina »… Ça vous fait une « crête-assez-jurassique ». (Il ricane dans sa barbe.)
   MADAME SPIELBERGSON : Vous voulez dire que « Gabio Corintina » ça jure assez avec votre cirque ? (Elle ricane en écho.)
   SCHWARZSPIEGELSATZ : « Juracirque », c’est cela même, chère madame : « juracirque » ! (Rire forcé.) Nous plaisantions !
   MADAME SPIELBERGSON : Je devine en tout cas que le sujet vous tient à cœur, cher docteur. Et puisqu'il semble que nous ayons là quelque centre d'intérêt commun, permettez-moi de vous demander… 
   SCHWARZSPIEGELSATZ : … Quoi donc ?
   MADAME SPIELBERGSON : Peut-être auriez-vous à me faire partager une théorie originale sur la disparition de nos grands reptiles ?
   SCHWARZSPIEGELSATZ : Très chère madame, c'est là précisément une question à laquelle je m'attache depuis de longues années, et pour laquelle je n'ai de cesse de m'appliquer avec un acharnement tout particulier afin d'y apporter le moindre élément qui puisse être un tant soit peu susceptible d'être accrédité en toute viabilité, et avec la sévérité la plus étroite, de sorte à en purger le bénéfice de toute spéculation hasardeuse et sentimentale, et plus généralement encore de quelque état d'âme que ce soit qui entraverait, à l'usage, la rigueur pour tout dire tyrannique de ma réflexion.
   MADAME SPIELBERGSON : « Juracirque » or not « juracirque » ?

(Samuel MORDOGUE, Docteur picnic)

vendredi 20 avril 2018

LANGUIGNOLER

(v. i.)

Se consumer à plaisir en sentimentalité dégradante.


BRITANORAQUE
Madame, à vous oüir, je me remplis le cœur,
Et veux dés à présent vous servir ma liqueur.
Souffrez que je m'afaisse & que je languignolle
En versant de ces pleurs qui collent à l'Idole…
Mais suspendons déja, devant tant de splendeur,
Un discours dont l’yvresse excuse l’impudeur ;
Et qu’à vos pieds rampant, miserable microbe,
Je baise en gemissant le ply de vostre robe.

EUGENISSE
Qui sçait aimer ainsi sçaura toûjours haïr
Qui croit toûjours aimer en aimant sans souffrir.

BRITANORAQUE
Et pour mieux vous aimer, aimez-moy davantage
En ayant l'air toûjours d'en avoir de l'ombrage.

EUGENISSE
Languignolement ?

BRITANORAQUE
                                       Non. Moy seul suis vostre objet.
Soyez un beau miroir sans estre mon reflet ;
Pâmez-vous en secret à mes vœux sans contrainte,
Mais, de grace ! restez de glace à toute étreinte.
Renvoyez-moy ce feu d'un amour qui fait mal
En irritant mon cœur d'un éclat de métal.
Je vous aime ainsi, froide & lointaine promesse,
Luisante, inaccessible, épuisante & qui blesse.

(Jean-Rachid de CRAMPISTON, Britanoraque)

mercredi 21 mars 2018

UTOPURISTE

Visionnaire aveuglé par l'application rigoureuse de ses illusions.


   À jamais pris dans les filets de nos vieux mirages, utopuristes déglingués, alcesthètes en cours de déjante, nous nous évertuons encore à faire quelques bouquets de nos fleurs fanées, sachant pourtant que nous n'aurons plus cet opium voluptoire qui nous offrait le silence apaisant de la nuit dans la fureur même d'un déboussoleil à vivre toujours plus.

(Samuel MORDOGUE, Mort-aux-rats)

vendredi 2 février 2018

NAVIGATERRE

Velléitaire ambitieux.


CHRISTIAN, agacé.
Tu me fais mal au cœur à bouger tout le temps.
Arrête !... ou je t'envoie une pointe nasale.

CYRANO
C'est que je suis en mal de me faire la malle,
Comme un navigaterre avide de bouger,
Voyageant sans bouger, rêve de voyager.

CHRISTIAN
Alors profites-en pour aller sur la lune !

CYRANO
Cela m'aiderait-il à combler ma lacune ?

CHRISTIAN
Crois-tu que ce qu'il manque en toi puisse être ailleurs ?
Voyages au long cours sont toujours les meilleurs
Qui ne sont pas en butte aux limites du monde.
Va donc là plutôt où la terre n'est pas ronde.
La lune sur ce point est vraiment nulle à chier.
C'est juste le moyen qu'il faut étudier.
Le vrai but d'un voyage est de mettre les voiles :
Seul partir compte.

CYRANO
                                        Alors autant vers les étoiles.

CHRISTIAN
Maintenant tâche un peu de trouver le sommeil.

CYRANO
Je voudrais bien t'y voir.

CHRISTIAN
                                                    La nuit porte conseil.

CYRANO
Alors repasse-moi l'oreiller de dentelle.

(Raymond de VOSTAND, Cyrano de Rudubac)


"NAVIGATERRE" Edmond ROSTAND "Cyrano" (Arabécédesque, Olivier Goldsmith)

vendredi 15 décembre 2017

ÉPOUVENTAILLER



Effrayer en agitant une lame.


CYRANO
Parigot me prenant pour le roi des gascons,
Oinguant à tour de bras pour effrayer les cons,
Partout je promenais une mine hautaine
Pour montrer ma colère et soulager ma peine ;
Gorgeur comme égorgeur pour épouventailler
Ceux que ma main rêva longtemps d'étripailler ;
Infect envers quiconque eût quelque irrévérence,
Irrévérencieux envers l'indifférence…
Et pourtant je t'ai plu… Ça, je n'y comprends rien !

CHRISTIAN
C'est que tu piques juste où ça me fait du bien,
Et tu vaux à toi seul tout un essaim de guêpes…
Allons ! n'en parlons plus, mon gros loulou des steppes !

(Raymond de VOSTAND, Cyrano de Rudubac)


Edmond ROSTAND "Cyrano de Bergerac" (Arabécédesque, Olivier Goldsmith)

lundi 11 décembre 2017

FLAJOLAMBE

Membre inférieur défaillant.


BERTHE
Je n'en puis plus d'attendre. Oüy, Seigneur, je suis lasse ;
Foiblarde, je boitille avec le temps qui passe,
Traisne ma flajolambe à vouloir dégourdir
Un cœur sur-encombré que tout vient alourdir.

ANTICHUT
Buvez donc un bon coup, Princesse trop flemmarde,
Que vos genoux pointus d'anorexique outarde
S'exercent à piaffer comme on bat du tambour ;
Et qu'en vain cacardant vous glapissiez d'amour
Pour, bullant à propos, faire le pied de gruë
Jusqu'à pisser enfin tant d'âcre retenuë.

(Jean-Rachid de CRAMPISTON, Incertitus)

lundi 4 décembre 2017

HÉSITÂTER

Ne point parvenir à prendre son parti en dépit d’une forte tentation.


GEMAYEUR
Mes penchants dévoilant pas à pas ma pudeur,
Je veux trembler d’amour devant vostre froideur.
D’avance je m’avance & recule sans haste ;
Je tourne autour de vous sans bouger, j’hésitaste ;
Prolonge dans vos yeux mon propre embrasement
Pour brurler de desir silencieusement.

EURYCIDE
Tastez-moy pour de vray : tout mon corps le réclame,
Que je puisse à mon tour gouster à vostre flame.

GEMAYEUR
Entretenons plutost un plaisir enivrant
A ne point dévoiler ce corps en soupirant
Et, pour mieux exercer l’empire de vos Charmes,
Régnez toûjours sur moy sans déposer les armes.

(Légitimus CŒURNŒIL, Eurycide)

vendredi 27 octobre 2017

TSUMANIE

TSUMANIE "Arabécédesque" (Olivier Goldsmith) Jean Racine Phèdre


Attirance exclusive pour les mictions intempérantes.


Soudain j’entens bruire une plainte liquide,
Puis tout mon Corps frémit d’une éminence humide.
Enfin l’onde jaillit, & mesle dans l'oubly
La Terre horrifiée au Ciel ensevely :
C'est mon Cracratoa qui furibarde grave
Dans un escrabouillon d'eau, de poudre & de lave ;
Et, par ma tsumanie insultant au repos,
De tant de Terre amene il ne reste qu'Islots
De debris par milliers, inidentifiables,
Dispersez par l'affront des flots impitoyables.

(Jean-Rachid de CRAMPISTON, Scaphedre)

lundi 23 octobre 2017

UROTISME

Ondinisme mictionnel ; dérive amoureuse des incontinents.


ŒNOCHOÉ
Urotisme masseur… Par quel amour loupé
Vous tastastes encor vostre fute trempé ?

SCAPHEDRE
Long-temps je me suis veuë en habit de plongée.
Algue molle & lascive, Ondine naufragée
Liberant son délice en un doux cauchemar,
Je m'éveillois en eau comme un grand nénuphar,
Nageant honteusement dans ma couche inondée.
Jamais, vois-tu, jamais je ne seray vidée
De cette Mer aimable, invisible & sans bords.

ŒNOCHOÉ
D'où, sans doute, l'attrait luisant de vostre Corps
Grace à qui vostre nom pompeusement surnage.

SCAPHEDRE
Mer douce mais, helas ! qui d'autre la partage ?

ŒNOCHOÉ
Vous m'avez donné soif !… Allons, Madame, allons
Verser plus loin de quoy moüiller nos pantalons !

(Jean-Rachid de CRAMPISTON, Scaphedre)

lundi 10 juillet 2017

ASSINDÛMENT

Avec une insistance inconvenante.


EURYCIDE
D'un amour éméché qui hoquette & zigzague
Ce Prince assindûment me convoite & m’alpague.
Faudra-t-il qu’à mon tour, assindûment ainsi,
Je réponde aux assauts d’un Amant sans mercy
Dont l’haleine, la voix & les gestes font taire
L’élan d’un cœur altier qu’un zèle impur altère ?

PAMISE
Ah ! Madame, sçachez qu’en sa lubriété
Son cœur souffre l’assaut d’un desir deserté
Dont je convoiterois volontiers l’apanage.

EURYCIDE
Je vous voy bien assez en femme de ménage
Pour d’un Prince astiquer la vacillante ardeur…
C’est l’ancillaire attrait d’un amour ravaudeur.

PAMISE
C’est le ravissement d’une flame qui rampe
Pour réchauffer la nuit & rallumer la lampe.

(Légitimus CŒURNŒIL, Eurycide)

mercredi 28 juin 2017

HÉLASSER

Saturer de jérémiades.


Britanoraque vient. Je luy laisse ma place
Si vous ne craignez pas qu'un tel sot vous helasse ;
Mais je sçay desormais que pour se faire aimer,
Mainte plainte poussive est promte à vous charmer :
Dés demain je me trouve une doudoune rose,
Et je reviens icy gemir en virtuose.

(Jean-Rachid de CRAMPISTON, Britanoraque)

mardi 16 mai 2017

RAVIRE

Provoquer l'hilarité d'une personne en dépit d'elle-même.


CLITASTE
Ah ! j'en ay dit assez pour vous plaire en ces lieux !
Si le respect m'inspire, autant il m'enmuselle…
Mais vous riez, Monsieur, des effets de mon zele.
En voguant jusqu'à vous afin de vous servir,
Me rens-je ridicule à vouloir vous ravir ?
Je n'avois point pourtant dessein de vous ravire.

MALCESTE
Vous vous repépétez, Monsieur le beau navire
Qu'une eau calme chavire aprés tant d'ouragans.
Mais je n'useray pas d'effets extravagans :
L'eau de mon bain suffit à vous-mesme à vous rendre
Car je nage fort mal dans cette mer de Tendre
Pour espérer, Monsieur, vous ravire à mon tour
En m'en purgeant la teste avec autant d'humour.

(Jean-Pierre MORLŒILLE, L'amy de trop)