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vendredi 21 septembre 2018

RÊVAGUER

S’abandonner à des pensées ineptes et oiseuses.


Mâchouillant sans finir un reste de brioche,
Je croyais rêvaguer en parfait soliveau ;
Mais, malgré mes efforts de fantasque fantoche,
De puissants cogitos accablaient mon cerveau.

(Alcidias GRALIVON, Les moisissures)

vendredi 14 septembre 2018

STUPIDIOLÂTRIE

Stupidiolâtrie (Arabécédesque, Olivier Goldsmith)

Luciano Berruti ©2014 L’Eroica - Ciclismo d’Epoca SSD


Dernier degré de la fanitude.



Le Fabuliste se voulant Coursier.


En ce jour, je suis las de mon pérenne employ
Et je veux retourner la plume contre moy.
Ne suis-je point moy-mesme un Animal à Fable ?
Vous l’allez voir icy, la chose est admirable.

Un peloton souvent volant devant chez moy
Me causoit à la longue un cruel desarroy.
Bien qu’ayant sur ce poinct une idée assez flouë,
Je resvois à mon tour d’aller prendre la rouë.
Il me manquoit pourtant, digne de mon fessier,
Un de ces beaux velos plus carbone qu’acier.
Donc je m’offris l’engin, fascinante merveille
(Stupidiolatrie à nulle autre pareille !)
Je joins la troupe enfin, plein d’ardeur & de bluff,
Les muscles frétillant sous mon cuissard tout neuf.
Mais, à tourner braquet comme trois cents hélices,
J’amassay du lactique avec mes pauvres cuisses
Pour exploser bien-tost au premier coup de cul.
Ainsi, completement largué, cramé, fourbu
D’avaler autant d’air en moins d’un kilometre,
J’entrevis tout mon lot de Coursiers disparoistre
Dans la sérenité de l’Orizon champestre.
Alors tout en sueur, les yeux pleins de Soleil,
Je ramay, pathetique en mon fier appareil,
Pour retrouver chez moy desarroy puis sommeil.

Il est toûjours fatal de succomber trop vite
Au prompt desir de vivre un resve sans merite.
A qui sçait bien resver, resve vient à propos 
Pour le vivre au réveil toûjours frais & dispos.

(Jean LAFONTENERRE, Fâbleries)

lundi 10 septembre 2018

TRIBAUDE

Femme homosexuelle proposant de manière incoercible aux passantes des services supposés alléchants.


Je vis dans un quartier dont le mètre carré
Flambe à proportion d’un concours de tribaudes.
J'y gîte, ardée ainsi par des femmes trop chaudes
M'invitant le matin à boire mon café.

(Ginette MASCAROND, Poésies nobles et avariées)

vendredi 7 septembre 2018

UBICOQUITÉ

Fait d’avoir plusieurs domiciles occupés simultanément.


   C’est au mois d’août que ça se complique, la chaleur aidant. L’afflux des voyageois, ces faux adeptes de l’ubicoquité, chamboule l’espèce sédentaire, apportant tant angoisse sourdement orageuse et méfiance instinctive de cet inconnu venu de nulle part qu’attrait mystérieux de ce lieu-non-dit, ce vent chaud d'indéfini dense fait de prunelles ardentes et de roulottes désuettes, d’osier et de guitare manouche. Cette météo des hommes invariablement prévisible qui fait chaque fois l’hiver plus froid, plus figé dans les habitudes rabougrelottantes ; fait du patelin encrassiné ce lieu-dit toujours plus désertant.

(Léselle HULOCOT, Les gens du village et les voyageois)

dimanche 2 septembre 2018

Popol et son catin

Popol et son catin Arabécédesque "Olivier Goldsmith"


   Popol et son catin qui lui n’apprécie la picole que pour choquer les verres dans l’ivresse scandaleuse et spectaculaire. Pose, pause. Chacun attend car l’immobilité n’existe pas : Popol distrayant son gosier devant et derrière son ballon avant que le coq ne chante, dans l’impatience secrètement incontinente de dévorer tout cru la poésie messianique et son pilote d’essai qui, las des tétons laids, gerba naguère les petites amoureuses éclenchées pour s’abandonner faussement pensif aux déduits émérotiques alors scandaleux, couronnés bientôt par les épines émoussées de la gerbe finale. 
   "Venez, chère grande âme : on vous attend !"... Quelle invite moins préoccupante pour les vertueux apeurés que nous sommes ?
   En attendant, voyez comme il se penche vers son Popol pour lui grignoter l’âme et incendier sa tripe des jadis coupables délices pour mieux l’accabler ensuite des affres de sa dépopolisation : trop relou le Popol ! Le fait est, nul ne ressortira indemne, comme dit Eugène, des terribles loisirs que leur amour leur crée. Jouir c’est souffrir sans le savoir, et tant pis pour après. Le maso diffère en cela juste que, le sachant, il pose la vérité comme préalable (en tant que vertueux effarouchés évitons ainsi le terme "fondement", ayant précédemment abusés par deux fois du mot "âme"). Mais il n’est pas indispensable d’être maso pour faire un bon pilote d’essai qui, comme on sait, sait qu’il ne sait pas encore.

vendredi 31 août 2018

AUTOMOBILIEUX, EUSE


Chauffeur pratiquant couramment l'intolérance routière.


Sçachant toujours conduire où ses nerfs le conduisent,
Irresistiblement, l'automobilieux
Pousse au cul des trainards & se rend odieux,
Croyant que sur sa route où son humeur arbitre
On vient contre son droit se conduire en huître,
Et trainer à son nez des chandelles sans but
Qui le poussent encore à grossir le mot zut.

(Colin FLÉHAUT-DUPRÉALÉpitrodes)

mercredi 29 août 2018

BAGARER (SE)

Chercher désespérément une place de stationnement.


   Cette place toujours à prendre sur laquelle se jeter comme sur un morceau de viande. C’est toujours pareil : te bagarer, trouver à tout prix, ta place, jamais la même, mais tu ne la trouves pas. Alors tu tournes, tu tournes, tu passes, tu repasses, t’arrêtes, ça se libère là-bas, trop tard, tu repars, t’arrêtes, ça s'agace derrière, pas assez de place. Alors tu repars comme si tu n’arrivais plus à rejoindre aucune rive.
   En attendant ça va de plus en plus mal. Tu tournes comme une bourrique, fais tourner les autres en bourrique de vouloir cesser de tourner comme une bourrique. Quelle ânerie cette place, celle qui n'est toujours pas la tienne !
   De plus en plus inconsistante, tu dérives dans l’angoisse d’une panne qui t'immobiliserait pour de bon. Tu deviens conne.
   Conduite déviante. Quelle place cherches-tu vraiment, là ou ailleurs ? Quelle place avais-tu réellement hier ? avant hier ? C’est toujours pareil : rien n'est jamais comme avant, comme si chaque fois il fallait tout recommencer. Alors tu dis que c'est de la folie, que tu deviens folle. Il faudrait le devenir vraiment : ça c'est une place à prendre. Pour la garder.

(Ordalie CAMPÈLE, Nerveuse le matin)

samedi 25 août 2018

CAMBROUSSAILLE

Coin de campagne très reculé avec maisonnette.


Helas ! je doy quitter ma sombre cambroussaille,
Dans l'odeur de metro reprendre mon employ ;
Je doy fuïr mes bois pour ramener de quoy
Réparer ma Toiture & dormir sur ma paille.

(Jacques DUBOLÉ, Les villettrez)

mardi 21 août 2018

DÉBRIBE

Débribe (Arabécédesque, Olivier Goldsmith)


Vestige inutilisable d’une chose détruite, disparue.


Après l'électrochoc si bien civilisé,
Ce n’est plus que désert, que nuit blanche, que quête
De débribes sans noms d'un grand vase brisé,
D'un je-suis étété qui rôde dans la tête.

(Raoul AMADINE, Les médications stochastiques)

vendredi 17 août 2018

ÉCLATENCE

Prévalence de l’invisible.


Tranchant qui s’émousse
Au plain de l’abîme

Vieille lame reflet pourtant
De l’éclatence qui le rendrait
À sa première entaille

Aux yeux aveugles de qui frémit
De tant d’absence qui le forge

(Violain DURQUIGNON, L'encrazur)

lundi 13 août 2018

FLOSCILLER

Onduler en miroitant.


   Partout elle aveuglait tant elle resplendissait d'étoffes précieuses. Tourmentante autant que tourmentée, elle paraissait danser, mirage obsédant, et son corps devenu irréel d'immobilité floscillait dans la lourdeur sérale, orageuse et tremblante.

(Guilbert FLACHTAFF, Salambovariations)

samedi 11 août 2018

GLUMIÈRE

Pénombre pesante.


C’est la clé posée là
Sur la toile cirée poisseuse

Dans la glumière alourdie
Par l’odeur des torchons

Et la porte côté couloir
Close comme si déjà

(Guénolé VICQ, Cancre)