Raideur pénienne involontaire et embarrassante.
ALICE, s'arrêtant net au pas de la porte. – Oh !… mon Dieu !…
DUGRIVAL, se mettant en biais et dissimulant tant bien que mal le bas de sa chemise sans vouloir y paraître. – Ah ! madame, justement… permettez-moi…ALICE, louchant malgré elle sur la turgérection de Dugrival. – Ah ! monsieur, je ne consens point à vous entendre.
DUGRIVAL. – Mais je n'ai encore rien dit !
ALICE. – Pardi ! vous êtes bien assez convaincant comme ça pour se passer de vos commentaires.
DUGRIVAL. – Les habitudes matinales, vous savez…
ALICE. – Mais je ne sais rien du tout, monsieur ! Épargnez-moi vos gauloiseries ! C'est insupportable, à la fin !… Et puis on pourrait venir !…
DUGRIVAL. – Vous êtes bien là, vous !
ALICE. – Ah ! ça c'est un comble !
DUGRIVAL. – Et puis la fatigue, avec cette chaleur… c'est typique.
ALICE. – Mais c'est monstrueux !… Satyre ! Apache !… Nervi !
DUGRIVAL, outré. – Oh ! je vous en prie, c’est assez dur comme ça !… Enfin je veux dire…
ALICE. – Pinocchioïde !
DUGRIVAL, humilié. – Oh ! non… (Il se ressaisit.) Et puis zut, à la fin ! je n'y suis pour rien, moi… Vous n'aviez qu'à ne pas entrer ! Vous auriez pu frapper, au moins !
ALICE. – Mais, cher monsieur, j'étais à mille lieues de penser que vous fussiez là, et surtout que vous en fussiez là !… Vous êtes un malade !
DUGRIVAL – « Fussiez, fussiez »… Mais je me porte très bien, madame : je suis en parfaite santé !
ALICE. – Oui oui… je vois !
DUGRIVAL. – Eh bien vous n’avez qu’à ne pas voir, voilà !…
ALICE. – Oui oui… Mais tout de même, permettez-moi...
DUGRIVAL. – Ah ! non, non, non, non, non, non, non, non et non !… Ou plutôt si !… Enfin je ne sais plus, moi !… Et maintenant permettez-moi…(Faute d’issue autre que la porte d’entrée où se tient Alice, il fait mine de vouloir se retirer pour signifier son intention.) Permettez-moi… (À la cantonade.) Oh là, là, là, là ! la guigne !
ALICE. – Quoi encore ?
DUGRIVAL, à la cantonade. – Elle va encore me guigner longtemps comme ça ? (Il se trouve un prétexte en dansant sur ses jambes.) J'ai envie de faire pipi : là !… (Il grimace.) C'est l'émotion…
ALICE. – Vous régressez, mon cher.
DUGRIVAL. – Mon vase ! Il me faut mon vase… je ne peux pas l'attraper… j'ai les mains prises !