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lundi 13 avril 2020

PRÉLIMINABLE

Engagement démobilisateur d’un consensus érotique.


  Préliminables. Chair à cochon. Porchérie. Aimimer. Désert d'accouplissement. Satiabilité, sassiettée, rassassiettée. Se débarrassasier, ressasser. Conte de fées qui tourne au court bouillon, sang tiré. Aimattiser, aimaginer, amour vrai, faux amour, amour fauve, amour amer, amours feintes et défuntes amours. Nuptinialisation, nuptinitialement désérotique à aimétiser. Ne rien garder. En cela nudité plus pratique. Nutilité, nuldité. Vide au bide, en plein dans le vide. Oxymorne, sexymore. Chercher à combler quoi. Ce qui manque, à s'en revêtir, à combler autrement, qui habite et occupe. Accaparure. L'autre bouffe, non plus la bouffe de l'autre mais celle qui vous mange. L'amour se doit d'être inespéré sinon zéro tison.

(Excelsus PORNOVIANDA, Ellipso factice)

jeudi 2 avril 2020

RÊVASER

Croupir nonchalamment dans la perspective de quelque issue prometteuse dont l’objet vague s’impose à mesure de son indétermination.


Mol du désir d’eaux boueuses
Le corps enduit d’or brûlant
Bien lisse corps bruisselant
Dans ses rondeurs onctueuses

Corps tout vêtu d’autre peau
Pour rêvaser l’esprit tendre
S’improviser sans scaphandre
Plongeur songeur en sale eau

Marsouillon bien dégueulasse
Pour catir ses seins saillis
Et les flancs de sa cuirasse

Fleurant l’or et le cambouis
Il conquiert l’ombre céleste
Qu’un noyau d’étoile empeste


(Apollon KLOSTROGNIAMENTALK, Sonnepténaires)

mardi 24 mars 2020

SALISSER

Prolonger un état d'excitation en entretenant de mauvaises pensées.


Malisse salissée au songe sans mensonge
Songeuse sans sommeil d'éveils si dépravants
Elle prolonge ainsi la fièvre qui la ronge
Glissant de rêve en rêve en délisses savants

(Corentin ROQUIGNOL, Toudalisse)

mercredi 18 mars 2020

TURGÉRECTION

Raideur pénienne involontaire et embarrassante.


ALICE, s'arrêtant net au pas de la porte. – Oh ! mon Dieu !
DUGRIVAL, se mettant en biais et dissimulant tant bien que mal le bas de sa chemise sans vouloir y paraître. – Ah ! madame, justement… permettez-moi…
ALICE, louchant malgré elle sur la turgérection de Dugrival. – Ah ! monsieur, je ne consens point à vous entendre.
DUGRIVAL. – Mais je n'ai encore rien dit !
ALICE. – Pardi ! vous êtes bien assez convaincant comme ça pour se passer de vos commentaires.
DUGRIVAL. – Les habitudes matinales, vous savez…
ALICE. – Mais je ne sais rien du tout, monsieur ! Épargnez-moi vos gauloiseries ! C'est insupportable, à la fin !… Et puis on pourrait venir !…
DUGRIVAL. – Vous êtes bien là, vous !
ALICE. – Ah ! ça c'est un comble !
DUGRIVAL. – Et puis la fatigue, avec cette chaleur… c'est typique.
ALICE. – Mais c'est monstrueux !… Satyre ! Apache !… Nervi !
DUGRIVAL, outré. – Oh ! je vous en prie, c’est assez dur comme ça !… Enfin je veux dire…
ALICE. – Pinocchioïde !
DUGRIVAL, humilié. – Oh ! non… (Il se ressaisit.) Et puis zut, à la fin ! je n'y suis pour rien, moi… Vous n'aviez qu'à ne pas entrer ! Vous auriez pu frapper, au moins !
ALICE. – Mais, cher monsieur, j'étais à mille lieues de penser que vous fussiez là, et surtout que vous en fussiez là !… Vous êtes un malade !
DUGRIVAL – « Fussiez, fussiez »… Mais je me porte très bien, madame : je suis en parfaite santé !
ALICE. – Oui oui… je vois !
DUGRIVAL. – Eh bien vous n’avez qu’à ne pas voir, voilà !…
ALICE. – Oui oui… Mais tout de même, permettez-moi...
DUGRIVAL. – Ah ! non, non, non, non, non, non, non, non et non !… Ou plutôt si !… Enfin je ne sais plus, moi !… Et maintenant permettez-moi…(Faute d’issue autre que la porte d’entrée où se tient Alice, il fait mine de vouloir se retirer pour signifier son intention.) Permettez-moi… (À la cantonade.) Oh là, là, là, là ! la guigne !
ALICE. – Quoi encore ?
DUGRIVAL, à la cantonade. – Elle va encore me guigner longtemps comme ça ? (Il se trouve un prétexte en dansant sur ses jambes.) J'ai envie de faire pipi : là !… (Il grimace.) C'est l'émotion…
ALICE. – Vous régressez, mon cher.
DUGRIVAL. – Mon vase ! Il me faut mon vase… je ne peux pas l'attraper… j'ai les mains prises !

(Georges FLOODEAU, La main au panier)



lundi 9 mars 2020

VIRGINITIÉ

Débauché convaincu par autosuggestion de sa grande innocence pour mieux se livrer aux joies de l'incontinence.


  Aaaarghh ! Que ne puis-je de corps et d'âme, selon les vertus magiques intempérant l'empire de mes prédilections, être l'éternel virginitié transi de crainte dans les voiles éthérés qui l'enveloppent pudiquement en flottant dans l'air corrompu comme un étendard de perfection, tant mon désir a l'intensité d'un ciel nocturne, profond et entêtant  !

(Taquel BELBAR, Créature est ma lettre)


VIRGINITIÉ "Arabécédesque" Blogger (Olivier GOLDSMITH) - Lautréamont

mardi 11 février 2020

Manon la pierreuse (Charles Baudelaire)

"Manon la pierreuse" de Charles Baudelaire (Arabécédesque, Olivier Goldsmith)


MANON  LA  PIERREUSE


Avez-vous déjà vu la petite pierreuse
Manon qui, du trottoir flattant la saleté,
Vient offrir aux passants sa chemise fangeuse
Comme gage certain de son infirmité ?

Sobre dans l’oripeau que son ouvrage exige,
Beaux lambeaux de splendeur autrefois pleins d'orgueil,
Elle porte son lot, religieux vestige
D'un plaisir attristé comme on porte le deuil.

Elle abrite en son sein des parfums péremptoires
Qu'exhalent jour et nuit de secrets émonctoires,
Tandis qu'on voit briller son front halitueux.

― Subtile excrétion de nos bizarreries !
Oserons-nous jamais goûter, voluptueux,
Au suc acidulé de tes coquetteries ?




vendredi 31 janvier 2020

ARTICUSECULER

Affirmer ne pas être ivre quand on l’est à l’évidence.


« Je ne suis jamais ivre ! » articuseculai-je
En titubant un peu pour en mimer les pas.
Ainsi, m’évertuant à ce subtil stratège,
Je paraissais bien mieux ce que je n’étais pas.

(Jean-Alphonse de LA MOUSSOLAINE, Les élancoliques)

lundi 27 janvier 2020

BORDREL

BORDREL mot-valise blogger.com "Arabécédesque" (Olivier Goldsmith) Jean Racine Phèdre

Grand désordre organisé.


Un semblable bordrel a sa raison secrette
Qu'on peut élucider pour peu qu'on s'y arreste.
Il en faut démesler le chaorganisé,
Le foutoir d'un foutoir un peu trop provisé
De vieux Syllogomane épris d'infinitude,
Pour découvrir l'objet de tant de solitude.
Sçauras-tu par toy seul, sans le moindre secours,
Percer d'un tel bordrel les plus sçavans détours ?
Sans ton crétin de Pere, avec toy descenduë,
Je sauray retrouver la Verité perduë !


(Jean-Rachid de CRAMPISTON, Scaphedre)

mardi 21 janvier 2020

CAQUEUPHONIE

CAQUEUPHONIE "Arabécédesque" (Olivier Goldsmith)


(mus.) Dissonance harmonieuse.


J'ai souvent combattu les sons au corps à corps
Pour en tirer des cris que je nommais accords.
Caqueuphonie… Écho sans autre équivalence,
Miracle inachevé retournant au silence.

(Pierre-Nicolas JARRETTE, Moodelettes)

mardi 7 janvier 2020

DIFFÉRAMER

"Différamer" Arabécédesque (OLIVIER GOLDSMITH)


Bientôt je me retrouve au milieu de la mer,
Merdière que, bien sûr, je n'ai pas trop choisie,
Différamant toujours pour peupler ce désert
D'un flot absconsistant que rien ne rassasie.

(Stanislas PHOLLION, D'une mer inconnue)

dimanche 29 décembre 2019

ENORGUENILLER (S’)

Tirer fierté de sa condition misérable.

   

   Le dernier jour, me sachant enfin libéré de cette ville, et comme afin d’éprouver mon indifférence à son égard, je décidai d’aller traîner le long des échoppes des bas quartiers. Pour ce faire, je me reloquai d’infâmes vieilloteries de raccrochez-moi-ça qui me donnaient, me figurais-je, l’air d’un pèlerin égaré dans sa solitération allégorique, demi-galvaudeux sans autres frasques que ses frusques blanchies de la poudre des voies irrationnelles, réflexe supinatoire récurrent et démarche lourde dans de grosses sandales de cuir.
   Ainsi m’enorguenillai-je sans danger, me retrouvant tel qu’en moi-même je demeurais, à jamais détaché – lavé – de tous les accoutrements de ce bas-monde.

(Noël ANOUCA, Les grands horizons)

mardi 24 décembre 2019

FARD'EAU

FARD'EAU, Arabécédesque (Olivier Goldsmith) [Molière, Tartuffe]


Vase de nuit, lourd récipient rempli d'un liquide douteux.



PERONELLE
Ciel ! vous-mesme portant les deux pots de Pamufle…
Il traîne encore au lit à cette heure, ce muffle ?

AMAROLINE
Allez, Péro ! Plûtost, delivre-moy du poids
De ces pesans fard'eau qui me brisent les doigts,
Et pour qui je conçoy tant d’horrible amertume !


PERONELLE
Ouais ! voila bien, Madame, une étrange coûtume !
Je vous laisse le soin d'un si bel hypocry,
Car à de tels plaisirs il faut estre aguerry.
Pareils amusemens vont aux ames morbides
Qui n’ont pour goust pervers que ces panchans humides.
Ma « Libid’eau », Madame, est plus sobre en cela
Pour m'en sortir assez sans tout ce brouhaha,
Ni ce bel agrement que vous tirez à feindre
Une pareille horreur si preste à vous étreindre.


(Jean-Pierre MORLŒILLE, La mare au lit)