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lundi 15 mars 2021

PERVERSÉVÉRER

Insister inlassablement, insidieusement et insensiblement.


  Je te sens en moi sans que tu y sois, comme un poignard d'amour perversévérant envers et contre moi ; sape sournoise incessamment obscure, insidiosité qui tend à me ravir en la réveillant la part vulgaire de moi-même que je t'abandonne alors dans l'exquise retenue d'une souplesse avantageusement sanglée avec laquelle je perversévère à mon tour à dessein de parfaire en cela l'halitueuse osmose de notre insiduosité.

(Violence SOUMISSOUS de CHAUDEPIN, Crinoline et mauvais genre, ou Les vicissitudes du vertugadin)

mercredi 3 mars 2021

RESPLENDÉCENT

Qui en impose par sa discrétion, rayonne sans ostentation.


  Âgée de trente-deux ans, cette jeune anglaise avait la physionomie d'une pensée que voilait à peine une expression de rêverie obscure, abandonnant autour d'elle une fragrance ineffable de tristesse mêlée de passion.
  Fort bien mise, grande, svelte, poitrine épanouie dans un corsage ravissant mais pour le moins honnête, visage diaphane d'une douceur extrême, yeux veloutés noisette, voix exquise aux inflexions irrésistibles avec cet accent délicieusement ponctué de ces confusions de genre qui prêtent à notre langue cet enchantement si particulier parce qu’il lui est étranger, elle était là, grand ange auréolé d'une clarté presque vertueuse dans la lumière même de la croisée, un coude nonchalamment appuyé sur la tablette de cheminée, et, comme empruntant à cette matière sa subtile froideur, monumentale agalmée si parfaitement inaccessible à toute conquête. Désarmante, oppressante, on devinait alors dans l’eau de ses yeux cette lueur lointaine qu’on eût presque souhaitée douloureuse pour mieux en exalter cette intensité du spectre rayonnant à même d’entretenir la voluptueuse incomplétude de nos désirs inextinguibles…
  Vous avez vu ses bras, ne put s'empêcher de chuchoter Jules à perdre haleine, et le port de sa tête ?
  Admirable, en convint Théophile. Je vous l'accorde et veux bien m'avouer vaincu pour cette fois. À vrai dire, la plus belle apparition que je n'aie vue depuis longtemps.
  « Belle » ? lui susurla Jules à l'oreille dans une ivresse croissante qui trahissait maintenant une passion presque inconvenante. « Resplendécente », vous voulez dire ! « Resplendécente » ! Un ange desdémoniaque faisant de la vertu un puits de jouissance sans fond où se laisser abîmer en plein ciel !
  Calmez-vous, mon ami : on nous regarde.

(Jean-Alphonse de LA MOUSSOLAINE, Déballage d'un enfant disparâtre)

samedi 27 février 2021

SPUMEUR

État d’un caractère constamment agité.


Un ventre ouvert sans espoir
Pour abreuver le cœur inerte
Sonder les flots mer offerte
Au courant d’airs d’apparoir

Soif d’eau céans de vacarmes
Gueule entrouverte ô spumeur
Plonger crier grand steameur
Chaos de sel plein de larmes

Saoulever l’entrave au corps
Et verser sans vains efforts
Au sisyphon sa mer d’ivresse

Qu’en ses pleurs encore imbu
Pataugeant plein de détresse
Il s’esbroufe à corps ventru


(Apollon KLOSTROGNIAMENTALK, Sonnepténaires)

mercredi 24 février 2021

TESTOSTÉRONDE

Expression dynamique et opiniâtre d’une virilité spontanément exercée. L'exercice lui-même.


  Après m’avoir survolé vite fait de son regard rapace chargé d’un mépris à peine voilé de pitié, Marie-Cécile, parangon vénusien de l’amazone vulpine, guerrière superficielle de la gaudriole opportuniste, pétasse bouillantissime travaillée par la persévérance incalculée de son tréfonds ; Marie-Cécile, dis-je, s’était levée aussitôt pour aller régler sa consommation au comptoir avant de disparaître à tout jamais en m’abandonnant son verre vide de tout espoir de la revoir un jour, moi, le martien aux grandes antennes et vert de trouille à l’idée de me retrouver encloti bouille à bouille dans quelque réduit à déduit avec cette belle liqueuse terrienne si brutalement dévirtualisée pour tâter de l’attrait ductile du latex reprotecteur dans un épanchement d'amour vanille ; moi, dis-je, planète un peu trop tranquille et lointaine, trop rêveusement pacifiée dans la sombre froideur de mon écrin de marbre rouge pour me consumer l’âme et m’échiner l’écorce dans une testostéronde tellurique aux éjacumulations basaltiques.

(Marcel FORGERIE, Anna Diadème)

mardi 16 février 2021

VIVACILLER

Rechercher constamment des situations instables pour briser la monotonie de l'existence.


  Le temps de durer qui fait durcir. Tu en es là. Ça prend du temps et tu le sens passer, à en devenir trop dure. Tu t'encombres d'une vie pour rien, parce que tu y es. Alors voilà, ça prend de plus en plus de place cette épaisseur bientôt intenable d'être ainsi de tout ton poids plantée comme un piquet, à fixer la bulle bien centrée du niveau, jusqu'à la nausée, avec le poids de le dire encore.
  Tu tiens trop de place. Alors tu penses au poids des autres parce qu'il n'est pas le tien. Tu voudrais encombrer les autres de ton trop de poids. Tu as toujours tout à donner. Alors tu ne tiens plus en place, tu vivacilles dans la peur de toi, pour te dégager de toi, dans la peur que ça te rattrape. Alors tu pars en vrille pour rencontrer les autres, les percuter pour t’alléger de toi-même en te lestant de leur trop de poids, dans l'idée que de même ils se soulageront de ce trop de poids en se lestant du tien. Beaucoup appellent cela de l'amour. D'autres parlent d'amitié, mais c'est l'amour qu'on préfère.
  Alors tu te déstabilises. Et tu finis par vivre ainsi de ce certain oubli de toi, comme si tu étais devenue du vent. Tu penches de tous côtés dans cette crainte de l'aplomb de toi, du fil à plomb qui te donne tant à retordre. Vivre est de déverser toujours, et qu'importe le moment de ta chute, de ta ruine, si le temps que ça tienne soit suffisamment vécu hors de toi pour ne pas y retomber.

(Ordalie CAMPÈLE, Nerveuse le matin)

dimanche 31 janvier 2021

ZINZINURLER

Détonner à tout bout de chant et à pleine gorge.


        Ange ébloui zinzinurlant,
        Marche à tâtons dans la lumière ;
        Cherche le nu rutisselant
        Pour t’en vêtir en plagiaire.

(Rémi CHAUWDLER, Exilerrance)

dimanche 17 janvier 2021

Solis Luce Clarior (Charles Baudelaire)

        




SOLIS LUCE CLARIOR



Trébuchant en plein jour, des aveugles sans bruit
Promenaient tête en l’air leur laideur coutumière
Comme si, sourdement happés par la lumière,
Ils guettaient dans le ciel le reflet de leur nuit.

Ainsi que des forçats, cherchant un jour trop rare,
Ils traînaient pesamment l’entrave de leurs corps
Qu’ils redressaient parfois dans d’austères efforts
En laissant échapper une plainte bizarre.

— Animé par l’éclat dont ils étaient privés,
Je me mis, le cœur vide, à battre les pavés
Comme pour délivrer mon âme prisonnière ;

Mais comme le soleil de son œil de géant
M’aveuglait, aussitôt je fermai la paupière
Car je ne voyais plus que gouffre et que néant.


"SOLIS LUCE CLARIOR " Sonnet (Charles Baudelaire) "Arabécédesque, Olivier Goldsmith"

mardi 22 décembre 2020

ALCOOLVE

ALCOOLVE Arabécédesque (Olivier GOLDSMITH) "Les deux bonnes soeurs" Baudelaire (Fleurs du mal)

Pratique érotisante de la soûlographie.


Bibine pour alcoolve en nuisances féconde,
Qu'on va boire au lieu dit Chez les deux bonnes sœurs ;
Qui nous fusille un peu chaque fois, brune ou blonde,
Et nous rive aux ruisseaux des mornes sexueurs.

vendredi 11 décembre 2020

BRUILLER

Miroiter en produisant un effet sonore caractéristique.


Le cuir et le métal, cauchemars de plaisir,
Déferlaient et bruillaient sur ses bras, son échine,
Et son fard empourprait cette obscure machine,
Insolennellement au soleil du désir.

BRUILLER  Arabécédesque (Olivier Goldsmith)


mardi 8 décembre 2020

CHARMEMENT

Potentiel de séduction irrésistible.


L'innocence toûjours a tout à redouter
D'un fatal Charmement à si bien l'exploiter. 
J'aimerois vous haïr de vous aimer, Madame,
Tant vostre omnipresence entretient une flâme
Qui m’oxide les nerfs, & qui, pour seul profit
Consumant mes boyaux, me flingue sans répit ;
Car vostre Look d'enfer en dépit de mes craintes
Me pousse à desirer d'en souffrir les atteintes.
A scooter, à roller, en silence, à grands bruits,
Partout je vous retrouve & partout je vous fuis.

(Jean-Rachid de CRAMPISTON, Scaphedre)

lundi 23 novembre 2020

DÉLICÉLESTEMENT

Pascal Juif (arabécédesque)
Photo Pascal Juif


Tournant à l’orage pour le plus grand plaisir. → NUEIGEUX● Avec l'infinie volupté des sentiments coupables délivrés pour un temps de tout remords dont le caractère inéluctable nourrit en permanence l'intensité de la jouissance.


Tandis que l'horizon plein de feintes froideurs 
Crache comme un volcan ses sanglantes ardeurs, 
J'ai peine à contenir ce que mon cœur réprouve. 

Nul ne s'y tromperait : l'air est doux comme un sein 
Délicélestement lourd, palpable, malsain,
Et l'odeur de la nuit avance à pas de louve.

DÉLICÉLESTEMENT, Baudelaire "Arabécédesque" (Olivier Goldsmith)

mardi 17 novembre 2020

ÉLASTICOT

Franchenouillarde à la mastication.


Longtemps j'eus appétit des grands yeux verts de Berthe
Malgré sa taille épaisse et ses quatre chicots,
Jusqu'au jour où je vis, grouillant sur la desserte
A mon intention, un plat d'élasticots
Dont la sauce semblait couleur des yeux de Berthe.

"élasticot" Arabécédesque BAUDELAIRE (Olivier Goldsmith)