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vendredi 23 novembre 2018

ADMIRACULEUX

Qui n’a du prodige que l’apparence.


   Ça, de la poésie ? cette faculté admiraculeuse d’inadaptation, intime errance de l’inepséité prétexte à vague à bondage qui s’enchaîne sans contrainte ni bagage, à langage qui engage celui qui en fait l’étalage dans la voix qu’il s’est choisie à la capella pour exhal(t)er ex cathedrâle une individuité déclarée farouche en se flattulant le moimoimoi dans un tintamarre soleillitaire ? ce longrand tour d’y voir la gueule que ça prend quand ça vous œuvre dans le tréfonds ?… Il est comme ça de ces rabots électriques qui vous travaillent les nerfs en vous coïtant la tête dans un pululement* plus enchanteur qu’un soupir de sirène.

(Escolo PANDRIA, Les flâneries d’un coursepatte)


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* Fait mot-valise avec « ululement », donc un seul l (càd 2 au lieu de 3). On ne se corrigera donc jamais… De toute façon, avec ce fichu blog, traversée d’un désert sans limite, ce sera toujours comme ça… Allons, encore un petit effort avant de s’arrêter pour de bon.

dimanche 18 novembre 2018

BLANCHAIR

Pâleur uniforme de l’épiderme.


   Ces seins qui sont les siens. Qu'on dévorerait. Pas la chair mais l'illusion qu'elle suscite, la forme traduite par la chair. Tâter pourtant sans qu'on sache vraiment quoi, fruits trop neufs cueillis du corps encore intact. Blanchair accablante d’élacticité. Et, dans la démarche, l'air de s'en foutre. En fait, un désir royal qui ne se sait pas. Indifférence volage qui mêle subtilement sa superficialité à des fureurs pesantes déjà naissantes, imperceptibles encore. Alors ce désir-là, intouché, dont on ne sait plus quoi faire, pas même mordre. Juste l'envie.

(Rosaline DUCLE, Un amour d'anatomie)

mardi 13 novembre 2018

CORSONNET

Célèbre poème à forme fixe et en taille de guêpe.


Un corsonnet, mais qu’est-ce ? — Un texte bien lacé
Qui trouve sa tournure en serrant la taille,
Interdisant au corps, dans sa tenaille,
Tout excès qui serait déplacé ;

Qui serre encor la taille prise
Pour faire jaillir le haut,
Et rentrer comme il faut
Le bas par traîtrise,

Qu’un moule enfin
Si soudain
Libère l’âme

De son contenu
Au papier qui réclame
Son lot de poème nu.

(Apollon KLOSTROGNIAMENTALK, Poèmes-revolver et pistolettres)

lundi 5 novembre 2018

DÉSORIANTISE

Peur panique de s'égarer ou d'être égaré qui fait s'égarer pour de bon.


Vain sillage allure morte
étrave sans entrave

écume aux lèvres
désoriantise là-bas silence

mots inertes amuïs
mer toujours blanche après

cette forme qu'elle aurait
quand on y pense

(Arsène ORZELLE, Les mots-delà)

jeudi 1 novembre 2018

ÉNAMORRHÉE

assiette de dessert MONTERAU "les enfants précoces"


Débordement de mièvrerie sentimentale.


   En fin de journée, m'enivrant d'un air serein propice à l'exaltation de mon manque de caractère, je m'abandonnais mollement à l'irrépression d'une énamorrhée délicieuse qui eût horripilé ma belle Aurélie aux yeux noirs.
   Ainsi, bercé par mon excès d'immaturité, je goûtais avec avidité ces quelques moments précieux où succomber à la tentation d'aller lui confier l'expression de mes sentiments les plus attendrissants, tout en me complaisant dans la plus grande incertitude quant à l'exécution de ce noble projet, en me confortant toutefois dans l'assurance vague qu'il faudrait me décider un jour ou l'autre tout en supposant que je n'en ferais rien une fois de plus ; et cette partie constamment remise entretenait en moi cette flamme obscure qui consumait tout mon être d'une langueur presque joyeuse, et où l'idée de me voir livré à mon tendre bourreau me ferait échapper de moi-même, comme le serin découvre l'imperfection de sa cage qui lui offre enfin l'anéantissement d'un amour consommé.

(Eugène FROMASOTI, Mariamanda)

lundi 29 octobre 2018

FIASCOÏT

Panne sexuelle engendrée par l’idée de procréation.


Ta tristesse au front bas ou tes rires scabreux
Majestueusement enrubannés de soie
Sauront, au fiascoït si bien malencontreux,
Étoffer le désir que ton ventre fourvoie.


Fiascoït (Baudelaire) "Arabécédesque, Olivier Goldsmith"

vendredi 26 octobre 2018

GALIMATHÉMATIQUE

Rigoureusement incompréhensible.


Déterminisme étrange, algébreu chaotique…
Calculomania galimathématique ;
Ingéomaîtrisable horreur sur tableau noir
Que l'on indégurgite avec un entonnoir.

(Benjamin SCORVICIÉ, Les barbioles)

dimanche 21 octobre 2018

HÉSITENSION

Indétermination fébrile et laborieuse. Concentration paralysante de l’esprit.


   Le style, c’est toujours mieux de ne pas s’en occuper et de se laisser embarquer sans chercher à dire autrement, autrement mieux, ce qui prendra forme peu à peu par accrétion de tout ce qu’il y a eu jusque là. C’est ça le style. Celui qu’on ne choisit pas, le nôtre, qu’on ne voulait pas forcément. Écrire c’est ainsi que ça se passe sinon c’est autre chose, une habile posture pour faire savoir par ce biais, mais ce n’est plus nous. C’est juste notre savoir-faire qui fait illusion et, un jour ou l’autre, on finit par en être désastreusement désœuvré.
   Sur l’instant d’écrire on ne voit rien de ce que ça peut être. On ne vaut rien. On croit ça. Mais le doute, tout ce qui fait achopper, sert paradoxalement à progresser. Je crois qu’on n’avance pas sans ça quant à ce que nous sommes. On n’accepte pas d’être aveugle quand on a des yeux pour voir, de tituber sans boire, toutes ces hésitensions qui donnent l’impression de perdre un temps précieux comme si on en saignait. C’est comme de ne rien faire. Même quand on ne fait rien on travaille. On travaille sans nous. C’est parce qu’on est travaillé quoiqu’il en soit. Il n’y a jamais de repos. Il y a toujours quelque chose qui se fait. Ou se défait, c’est pareil. Écrire de ne pas écrire. Ne pas parvenir à écrire et écrire quand même, jusqu’à ne plus écrire pour espérer écrire un jour…
   Avoir du style, c’est être dépassé par soi et souffrir infiniment de croire qu’on ne puisse jamais l’atteindre. 

(Doralisa PYRARGNE, Savoir comment savoir)

jeudi 18 octobre 2018

INHIBITURE

Ivresse anesthésiante, pour oublier.


   C'est le soir parfois que ça arrive, de se voir être seul dans une pièce, une chambre, une cuisine. D'avoir peur de ça et de rien d’autre. D'être soi comme ça, sans rien d'autre que soi. Cet accès, cet excès de lucidité qui s’empare de vous avec cette même violence toujours, règne sur vous comme un ciel sans nuage, dévasté. Alors, même si on écrit, même si on a écrit — et qu'on sache que ça restera ce qu'on a jeté là sur le papier — on a recours à cette « inhibiture », comme je l'appelle. C'est comme un tunnel soyeux à traverser jusqu'à ce qu'on retrouve le jour de l'autre côté pour se débarrasser de cette panique de la veille. De cette violence-là qui a toujours le dernier mot quelque soit la victoire sur le papier. C'est terrible, je sais, ce que je dis, mais je crois que ça concerne pas mal d'entre nous. Il y a cette nécessité-là de reprendre son souffle dès que l'oppression nous submerge avec la violence d'un océan. Alors on ne peut plus s'arrêter de boire sinon la peur c'est encore pire. Bien sûr, ce n'est pas si grave d'avoir peur. Ce n'est pas toujours cette horreur d’être là, insupportable. Il est tellement naturel d'avoir peur. Mais pas comme ça.

(Dodeline DURAXE, Je ne sais pas si demain...)

dimanche 14 octobre 2018

JE-M’EN-FOUTRISTE

Personne déprimée du seul fait de son inertie.


À force de ne plus rien voir
En jouant au je-m’en-foutriste,
Je me rencogne dans le noir
Pour me visiter en touriste.

(Vivien VERVAL, Oubliettes avariées)

mercredi 10 octobre 2018

LUSTRINER

Faire briller une surface en s’y soulageant.


« Admirable » est un mot qui me met hors de moi :
Impudique impuissance à dire ce qu’on aime
Pour, vidant son trop-plein, lustriner le poème
Qui brillait bien assez sans ce giclant octroi.

(Jean-Barnave de LAMAISON de FIÈVREDOR, Les épreintes)

dimanche 7 octobre 2018

MOLLASSOMMANT

D’une lenteur épuisante.


J'ai du pain sur la planche. Il reste tout à faire.
Il reste toujours tout puisque rien ne finit :
Le jour mollassommant stagne, soporifère.
J'entends tomber la pluie, alors je reste au lit.

(Alcidias GRALIVON, Les moisissures)