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mercredi 8 février 2023

PEURDURER

Vivre dans l’angoisse terrorisante de l’avenir.

 
Se dire incessamment qu’on existe pour être
Et prolonger de jour ce rêve en trompe-l’œil,
Sans mot dire, vautré dans un très vieux fauteuil
À regarder le temps passer par la fenêtre.

Et puis se réveiller et vouloir disparaître
À peurdurer bientôt dans la peine et le deuil ;
Et dans le rêve mort, impalpable cercueil,
L’on s'allonge vivant en rêvant de renaître.

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(Théophobe ÉDELVIO, Ellergies)

dimanche 29 janvier 2023

RÉPLITIQUER

marcel PROUST, in Blog Goldsmith

Avoir la manie du dernier mot, du tac au tac, par l’usage répété d’automatismes verbaux.


   — Eh bien, mon p’tit Abimal ? vous en faites une tête ! me lança-t-elle pour de rire à l’endroit évoqué.
   — Y a pas de souci, réplitiquai-je gourdillottement, succombant à ma grande surprise aux tics de langage les plus abominables malgré mon soin à ne pas bégayer.

(Abimal BOCASTRO, La coda du botaniste)

jeudi 5 janvier 2023

SAYNISETTE

 

portrait Pierre Corneille modifié blog "saynisette"

Sketch sur un sujet scabreux.


Cet interest tousjours qu'on porte aux saynisettes
Lors que, lassé bien-tost des simples amusettes,
De l'humaine Nature on jouyt en secret
En nous deffendant bien d'y porter interest !
La raison pour laquelle on se plaist à ces choses
Est que nous en prisons les effets sans les causes
De peur de nous sentir un peu trop concernez.
Ainsi sommes-nous faits que, puant par le nez,
Nous allions en humer l'odeur nauseabonde,
Asseurez qu'il s'agit du trou du cul du monde.

(Légitimus CŒURNŒIL, Ithyphigénéithliacus)

jeudi 15 décembre 2022

TOUPÉTER

Buste  de Molière à Chambord, avec lunettes

Se conduire avec un sans-gêne, une grossièreté inqualifiable.


                        ÉTAMÈRE
Quoy ! qu'un pareil fripon vienne icy toupeter,
Avec sur le visage un air à souffleter…

                        ORGERON
Et s’il me plaist à moy que ceans je l’accueille ?
Car enfin je me dois d'héberger ce Morlœille.

                        ÉTAMÈRE
Vautré dans vos fauteuils, crachant sur les tapis,
Bientost il se prendra pour un petit marquis,
Demandant sans vergogne & l'azile & la table.

                        ORGERON
Et moy, ce que je veux, c'est de rester aimable
Avec qui pourroit bien servir un interest
Qu'il convient de garder dans le plus grand secret.

                        ÉTAMÈRE
Ma foy, tant de mystere à de quoy me surprendre !

                        ORGERON
Vous en sçaurez tantost le Party qu'il faut prendre,
Et qu'aimer son Prochain est toûjours un bienfait.

                        ÉTAMÈRE
A vostre air entendu j'en constate l'effet !
Mais ne me meslez point à vos sales Histoires
Où le plaisir confine à des vices notoires.

(Jean-Pierre MORLŒILLELa mare au lit)

mardi 29 novembre 2022

UNIFÉNO(MÉNO)RMITÉ

 

Charles Baudelaire "Fusées, Mon coeur mis à nu"

Caractère écrasant du conformisme de masse.


   Honneur et Sainteté qui caractérisent de génération en génération les grands sauvages de nos civilisations.
   Raideur empruntée. Se rengorger à tire-lariglouglou.
 Ce monde comme [démonstration] ‹représentation› de [l'unifénormité] ‹l'unifénoménormité›.
  Je ne saurais quant à moi me poster en de sottes [attitudes] ‹altitudes›. Ceux-là plissent le front et froncent le sourcil qui marbrorent ainsi quand je ris seulement de cette misère insigne de ma race.

mercredi 16 novembre 2022

VASCIER

Couper la branche sur laquelle on…


S’abstenir en buvant, c’est peut-être illusoire
Et pourtant ça le fait sans se supplicier.
Ainsi, m’évertuant à ne pas vascier,
Je ne m’arrête pas de m’arrêter de boire.


(Jean-Alphonse de LA MOUSSOLAINE, Les élancoliques)

jeudi 20 octobre 2022

Elle et Lui (Arthur Rimbaud)

ELLE

(Travail de Mémoire)



L’eau claire avec le sel des larmes de l’enfance
Blancheur nue au soleil l’assaut des corps de femme
À cru la soie aux flots portée Elle oriflamme
Où fleurit un ammi qu’une semelle offense

Ébat d’anges spectral le coulis d’air en marche
Cris d’or frais sauroraux au chiasme sourd Elle
Sombre avant la nuit claire où sa couche rebelle
Ombre de ses draps d’or l’eau saline sous l’arche

Et l’œil humide pompe à l’Olympe limpide
L’eau tiède au fond du cœur la pâleur insipide
Lavant sa robe bleue où valsent les ombelles

Fourmillement lent d’eau lasse Elle pleure comme
La mémoire infantile aux miroirs infidèles
Pour voir naître l’aube et vivre la mort de l’homme


LUI


                    Il faut lire en fermant les yeux
                    Chaque mot éprouvé qui sonne
                    Rebelle au sens et mélodieux
                    Et puis le sens alors rayonne

                    Ce qui t’échappe s’en revient
                    Boomerang faute de mémoire
                    Pour retrouver ce presque rien
                    Qui te comblait dans la nuit noire

                    Et dans l’art du demi-sommeil
                    Vêtu du plus simple appareil
                    Tu vibres au vent du silence

                    Plus rien n’existe tu revois
                    Et revis la même séquence
                    L’écho tu de ta propre voix


samedi 1 octobre 2022

AUTOMNALITÉ

Arabécédesque (olivier Goldsmith) Automne selon Baudelaire (Fleurs du mal)

Déclin nuancé de l'arrière-saison.


« Monautomne » est un mot-valise devenu facile
Pour ne plus faire voir à force de vouloir le dire,
Qui ne fait plus craquer le sol frémissant et stérile,
Ni vaciller le cœur qu’une ivresse sans vers chavire.

Mais « l'automnalité » d'un jaunissement qui jubile,
Pour quelque songe-creux cherchant quelque or pour son empire,
A le charme infini d'un bois de Boulogne fébrile
Qu'un ciel chargé de pleurs invite, révèle et inspire.

(Vivien VERVAL, Brumes et murmures)

vendredi 23 septembre 2022

BOUM-BOXE

Mélanchon et Jean-Marie Le Pen, (boum boxe)

Divertissement consistant à distribuer des coups de poing en beuglant au rythme d'une musique tonitruante.


   Ce fier-à-bras de Melagnocchi tendit la paire de gants à monsieur le marquis qui, suffisamment remonté tandis que la musique faisait rage, gravitait autour du sac depuis un moment, réclamant à plein kiki la séance de boum-boxe qui le libérerait pour un temps de ses tiraillements infantiles. 

(Théophrasque TOURNARON, Battant et trébuchant)

jeudi 15 septembre 2022

CENSUSURRER

"Britannicus", parodie de la pièce de Jean Racine


Chuchoter ou mimer ce qu'on n'ose dire tout haut.


ALBUMINE
Si je devine en vous maint panchant pour le sexe,
A vous voir, je demeure indécise, perplexe ;
Mais je veux, à l’aspect d'agremens si serrez,
Juger là de propos que vous censussurez :
Autant que vostre slim vous moule fort la chose,
Vos yeux parlent bien mieux quand vostre bouche est close.

BRITANORAQUE
Madame, il est plus doux, en de pareils appas,
De taire ce qu'on dit en le disant si bas,
Pour que ce qui se dit soit autrement sublime
Et monte plein d'ardeur de mon épididyme.

(Jean-Rachid de CRAMPISTON, Britanoraque)

samedi 25 juin 2022

DÉMONOLOGUE

Soliloque se nourrissant de lui-même à mesure de son développement.

   
    Comme rat en cage on ira comme on dit en spirale ; en râlant on dira sans arrêt qu'on est là seulement pour le dire, et en tournant autour de soi pour mieux se voir en le disant : démonologue parfois navrant et souvent redondant pour voir par où ça passe quand on y est et qu'on le dit d'y être, soulevé par ce qu'on voudrait y trouver d'indicible et de volé au sort par ce ressort tendu d'être là pour y désobéir, pile ou farce au pif opté pour avancer à reculons et se voir dire dans le miroir l'ombre sitôt du sens unique emprunté malgré soi dès lors qu'on s'en aperçoit le temps de l'avoir dit.

(Romain DUFLIPEUR, Les démonologues)

jeudi 12 mai 2022

ENCRIRE

Griffonner avec surabondance de liquide empreignant.


   Encrire ce n’est pas forcément écrire comme une patate, mais avoir de grosses papattes à dessein de laisser grassement trace. Cela oblige à ralentir le mouvement au risque sinon de rendre ladite trace indescriptible et de laisser traîner l’incomprégnation d’un plein limassivement flou. C’est vouloir prolonger un instant qui n’en finisse plus de sécher pour contempler des mots tout frétillants de sève avant qu’ils ne s’échappent explétivement par le papier. C’est perdre le temps nécessaire à ne rien faire d’autre pour gagner une part incertaine de ce qui nous échappe sans cesse en la mettant en relief.

(Doralisa PYRARGNE, Savoir comment savoir)