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lundi 26 mars 2018

STYLOCYBINE

Crayon à bille dispensant une encre à couleur changeante, indéfinissable.


   Écrire pour rien, croit-on. Être tenté par l’interligne. Ne plus écrire que pour agiter l’immobilité du blanc de page dans la tentation bientôt toquée de cet interligne aussitôt défini qu’on use du blanc, de la matière apparemment inerte de la surface à tracer, à minscrire, à pinscrire. À explorer.
   Écrire pour rien, d’emblée. Explorer la page pour tenter d’en dévoiler manuellement maint secret que chaque trait, chaque mot oriente vers plus de lisibilité, circonscrit, traque. Frisson imperceptible de l'œil sur du papier immédiatement disponible. Stylocybine, plutôt que typemachine onomatypique, pour faire apparaître entre chaque ligne un frisson de plus en plus perceptible. Écrire ne servant plus qu’à révéler cet interligne, chaque ligne suivante écrite pour tenter de traduire progressivement l’interligne à l’instant révélé.
   Donner à lire ainsi ce qu’il reste du texte (comme ainsi témoigne en miroir le vers qui dévoile et révèle du rythme imposé). Sang à fleur de peau. Chaleur essentielle. Chambard chamarré, bigarrures égarées au fond du corps : gouffre infiniment versatile où goinfrer l'ample propension des pulsions intempérantes.

(Rémi CHAUWDLER, Ostentations, ostentatives)

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