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vendredi 6 juillet 2018

OPHÉLICE

Femme nageant élégamment avec d’amples vêtements.


   Ses vêtements tout en pleurs étalés un moment autour d'elle... Puis comme l'enveloppant amoureusement d'une caresse euphuistique, si douce et si soudaine, si insistante, tandis que les mouvements de tout le corps accentuent l'ondoiement de l'étoffe gorgée d'une eau prometteuse et complisse... Si lente ophélice qui s'éloigne, précieuse, vrille l'eau docile, interminablement, clapote, roule sur elle sa forme éclatante, promène son corps devenu comme illusoire en offrant ses flancs à la liberté retrouvée.

(Patrice CHUINTEAU, Ophélice en eaux lisses)

mercredi 4 juillet 2018

PROBTUBÉRANCE

Dilatation pénienne incomplète quoique remarquable sous l’habit.


    Aïe don’ ! plaisanta Germain. Qu'est qu' t'es à faire à steure après t'habiller par steu chaleur ? Wouè-l' don’ ma probtubérance à pleins zieux et ouv' mouè don' ça, bon Gieu, qu'on aille y wouèr ed près e’ c' qui s' passe ed dans !
   Lorsqu’elle n’était pas à cheval ou en voiture, miss Merdora emportait toujours avec elle une sorte de grand bâton pour éloigner les serpents. Aussi Germain demeurait à distance en la fixant de ses yeux noirs et crasseux comme si docilement il attendait l’ordre de se rapprocher.
   Cependant, toute proche, la rive délicatement fangeuse de l'Indrus invitait au plus redoutable bonheur d'un abandon sans faille. Mais ce rustaud pur porc, avec ses mollets puissants et sa grosse tête de bestiau (qui, pour le coup, en faisait une cible des plus commodes), pouvait-il seulement comprendre où elle chercherait à l'engager ? Car elle s’était prise à l’idée de le voir patauger avec elle. Mais ne fallait-il pas mieux qu’elle dissimulât la véritable nature de ses intentions et, par quelque artifice, l’entraîner à son insu dans un jeu de carotte et de bâton ?
    En faire ma chose soumise ! pensa-t-elle alors, succombant peu à peu aux appels de cette vase tiède qui nauséabondait au soleil ; un animal de compagnie qui la dévorât des yeux, et ne la touchât point.

(Marquise de SANDE, Merdora)

dimanche 1 juillet 2018

RÉTAME-TAM

Musique percussive assourdissante incessante.


   C’était chaque fois comme une fête meurtrière par une chaleur persistante avec afflux de jeunes briscards phallonarcissiques, infatigables traqueurs d'opportunités virevoltentantes dans ces lieux surencombreux des samedis soir, et tout cela se fondait dans une rumeur confuse de foltitude en émoi de laquelle des grappes d’hommes allumés à la huit-six se détachaient parfois, flammes éméchées que le rétame-tam environnant semblait entretenir dans une ivresse rageuse comme proche du désespoir.

(Anicet BERGOUTTE, Les infestards)

lundi 25 juin 2018

SCRULPTER

Sonder l'impénétrable pour lui donner forme tangible.


   Écrire dans le creux des autres, s'incruster dans la parole qui a déjà eu lieu pour se contraindre à naître de soi, comme on lirait entre les lignes pour accoucher d'un vide à remplir après coup : ainsi, la scansion machinale de l’alexandrin s’impose pour occuponctuer cette vacance.
   Cette place qui m'est donnée de prendre, que je n'ai pas choisie. Je ne peux pas me choisir. J'ai beau me fouiller, rien n'y fait puisque se sentir c'est continuer de se subir en continuant de mentir, pour la forme : on a beau dire, s’ébaudir ou maudire, ça bafouille, ça cafouille. Quoiqu’on fasse, on ne se scrulpte jamais que de se subir. Subir d'écrire, c'est se réveiller – être réveillé –, être confronté à ce qui nous entourloupe depuis l'origine, qui nous fascine et nous façonne de toute absence de réponse avec quoi nous bâtissons sans complément d'objet. Écrire, forcément pour rien. Seulement pour.

(Doralisa PYRARGNE, Savoir comment savoir)

jeudi 21 juin 2018

TAHAÏTIEN

 charles baudelaire, Tahaïtien  "Arabécédesque, Olivier Goldsmith"



Insulaire aux origines indéterminables.


Je vois dans ton œil doux des paresses marines,
Des tahaïtiens oisifs et musculeux
Qui, pris par ton odeur imprégnant leurs narines,
T'emboîtent en troupeau le pas voluptueux.

 Tahaïtien,  Ch. Baudelaire,  "Arabécédesque, Olivier Goldsmith"

mardi 19 juin 2018

VORASSIETTÉE

Platée promptement ingurgitée.


dans le froid la nuit ta turbulle agitée en butte aux éléments la plus grande vorassiettée de ta vie avant grand quart en solitaire cabotinage hauturier persistance océane écouter aux bordés le destin qui cogne au ventre les spaghett' à rencogner dans la bannette et le cerveau qui clandestinement s'absente

(Victor MALPLANCHE, La folle aventure du Chokétou)

vendredi 15 juin 2018

La muse amère (Charles Baudelaire)

"La Muse amère" sonnet retrouvé  de Charles Baudelaire



LA MUSE AMÈRE



Mâtine d’amour et de haine,
Mon âme est comme un diamant
Plongé dans l’eau d’une fontaine
Par le désir de mon amant.


Maîtresse ainsi de son silence,
Reine d’un empire incertain,
Je visite son indolence
Pour mûrir son vers enfantin.


Souvent, du fond des nuits sans lune,
J’utilise son infortune
Pour lui dicter ce que j’écris ;


Et, pour ranimer son marasme,
J’ajoute au rire du mépris
L’aigreur féroce du sarcasme !


"La Muse amère" SONNET Ch. Baudelaire "Arabécédesque, Olivier Goldsmith"


dimanche 10 juin 2018

ASPECTRE

Présence ectoplasmique ; attitude d’effacement, d’absolu retrait.


   « Le silence hésitant sur la nuit des couteaux » dit un poète trop discret. À partager le visage du monde comme on hésiterait dans les brumes de l'enfer ; à s’enfoncer, s'effacer, en d’interminables couloirs tagués tout vibrants de cigales électriques dans une indistinction parachevée de gazouillement de silhouettes métalliques… révolte ultime, sans autre effet que l’expression amuïe d'un aspectre encarté dans les plis d’un dédale de déchets et d'oubli… Suspension de soi dont il demeurerait l’obsession ; à retrouver l’intensité supposée première par le biais d’une si soudaine singularité qu’on en pourrait alors garder trace dans l’odeur devenue fade du deuil. Et aux crottes des chiens répond un ciel devenu blanc.

(Adrien BLANCHARBON, L'innexistence)


Apparence lugubre, inquiétante.Quêtre.

lundi 4 juin 2018

BASTANGAGE

BASTANGAGE https://arabecedesque.blogspot.com


Parapet disposé sur le plat-bord d’un navire faisant route pour permettre aux passagers passagèrement indisposés de se délester facilement.


L’absence de limite interdit tout bagage ;
Alors on se survit comme ivre dans son coin,
Avec parfois en proue un œil roulant au loin
Quand on ne vomit pas encore au bastangage.

Baudelaire charles 1861 Arabécédesque "olivier goldsmith"

jeudi 31 mai 2018

COURROUSSIR

Se consumer de rage.


MALCESTE
Tout m'excede à l'envy, fait boüillonner mon Sang.
J'ay la teste qui brûle & suis courroussissant
Comme un autocuiseur laissé par Avanture
Sur un feu dévorant qui dure & qui torture !

CELIMARE
Qu'avez-vous ?

MALCESTE
                                 Suis-je donc d'aussi peu de valeur
Que vous me préferiez un si piétre enjoleur
Qui, pour comble d'horreur, habite juste en face ?

CELIMARE
Croyez-vous donc toûjours qu'on prenne vostre place ?
D'une flame sans feu vous faites bien trop cas
Pour courroussir à poinct avec tant de Fracas.

(Jean-Pierre MORLŒILLE, L'amy de trop)

samedi 26 mai 2018

DÉFENESTRASCENSION

Sensation cauchemardesque de chute sans fin.


   Toutes ces têtes monstrueuses, détonantes de lumières atroces, viscérébrales. Ces grimaces, ces cris silencieux dévidés dans une nuit sans issue. Multêtude si vite envahissante, bientôt vomniprésente, émétêtique : vomi fluide de mon ventre de plomb. Gouffre sans cesse en tous sens. Et moi, au bord de quoi que ce soit jouxtant l’horreur. Torture de chaque instant où tout bascule enfin, dévisse-verse à l’envi multiplié : défenestrascension univercéleste, nuit au jour mêlée. Et mon vomi sur les figures de chacune : fard hideux. Gouffre intense, tonneau spéléagique, danaïades, danoyade. Tomber des nues à poil dressé. Et les étoiles de leurs yeux chavirés qui ne cessent de me FIXER.
   Toutes ces têtes affreuses, j’aurais tant voulu que ce soit moi pour m’en débarrasser.

(Rémi CHAUWDLER, Je prends de la drogue pour qu'on le sache)

mercredi 23 mai 2018

ÉCRISSER

"écrisser"  Charles Baudelaire "Arabécédesque, Olivier Goldsmith"


Produire le bruit caractéristique d'une plume d'oie sur du papier.


   Acier contre papier : quel divorce éclatant ! La plume d'acier n'écrisse pas. C'est un talon aiguille pour faire se tortiller la pensée qui voudrait bien courir ; un poignard pour meurtrir le papier, égratigner ce qu'on veut dire pour n'être plus qu'un exercice banal de gratte-papier, quand il n'est pas bancal. Il semble bien que la plume d'acier ne soit douée d'aucune vertu d'invention. Ce qu'elle grave doit l'être déjà dans la tête. Et puis il y a là un bruit d'écrire que je ne reconnais plus, qui désarçonne. C'est une autre manière d'écrire que je ne maîtrise pas.

"écrisser"  Ch. Baudelaire "Arabécédesque, Olivier Goldsmith"