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dimanche 17 mars 2019

TRAÎNASSIDU

Qui s'affaire à rêver d'action dans le désœuvrement.


J'étais comme un pacha vautré dans un fauteuil,

Traînassidu, le cul dans mes deux charentaises,
La varillette à donf aux accents de chevreuil
Beuglant des airs d'antan mis entre parenthèses.


(Alcidias GRALIVON, Les moisissures)

jeudi 7 mars 2019

VOUÏR

Visualiser attentivement ce qu'on écoute.


   ce goût de la slamentation, du théâtralisme comme s'il fallait se déculotter pour montrer ses inextimités émotives. déclasmer des poèmes sans être ivre devant un auditoire passivement et patiemment attentif, en prenant un air inspiré, l'œil mi-clos, la gestuelle ample et suspendue d'un oiseau qui planerait, c'est aussi con que de draguer une nénette en lui faisant croire qu'on est un super coup. surtout s'il s'agit de ses propres textes. comment aller vouïr un telle litorgie littéraire pour littéréer dans une démangeaison prostâtive sans avoir l'impression d'aller à la messe, avec envie sitôt pressante de pisser dans le bénitier ?

(Vladimir ZABLOUNOV, Zing broum)

lundi 25 février 2019

Les vieilles châtelaines (Arthur Rimbaud)

LES VIEILLES CHÂTELAINES Arabécédesque (Olivier Goldsmith) Arthur RIMBAUD



LES VIEILLES CHÂTELAINES 



Régnant parmi les ors, les quartz, les porcelaines,
La panse bien remplie, un pot de nuit banal,
Reliquaire indécent des vieilles châtelaines,
Courbe ses flancs honteux sur l’acajou royal. 

Ainsi devine-t-on dans les splendeurs hautaines 
L’âcre démangeaison d’un plaisir uréthral
Jaillir spumeusement en moiteurs puritaines
Des dentelles qu’on lève au lever sépulcral. 

Dans cet écartement de cuisses décharnées, 
Elles rêvent alors à leurs jeunes années
En palpant de leurs plis les atroces tiédeurs, 

Tant la chose leur semble une faute à cet âge, 
Qu’il leur faille toujours des sublimes hideurs
Perpétuer l’horreur par un vain tripotage.


(Cahier Labarrière, 1870 < 02 1871)

vendredi 15 février 2019

ALLUMÈCHE

ALLUMÈCHE "Arabécédesque" (Olivier Goldsmith)

Petite tige de bois utilisée pour remplacer le cordon déficient d'une bougie, d'un lamperon.


Ô feu qui meurt, rends-moi ton soleil radieux !
Si ta flamme est trop faible et pleine la bobèche,
Alors j'apporte au fonds de sève, industrieux,
Le secours attentif d'une longue allumèche.

(Dankar SMALAMISHPOUR, Lovements)

dimanche 10 février 2019

BARBAGOUINER

● Bavarder de manière inintelligible et sans retenue au détriment du voisinage.


   Hé ! vous-mesme, supporteriez-vous qu'elles barbagoüinassent en se gaussant de tout comme à dessein d'importuner l'univers de gargoüillemens incessans pour étourdir leur monde, et comme se querellent les hirondelles en d'infinis piaillemens ? Ah ! ma Chere, ce plaisir qu'il y a sans doute à fâcher ceux à qui l'on veut en montrer !

(Chantal TABOUREIN, Courrier et tracasseries)


● Converser entre tribades dans le jargon qui leur est propre.


   Et comme singulier object de louenge, ie confesse nouvellement vne mienne affection en deux femmes liées particulierement d'vne secrette amour l'vne pour l'autre en leur malice d'vne inuincible constance à barbagoüiner & tribadiner enhardissemment en veüe de tous, mais tant abracadabredouillardiment que nul ne pouvoit expliquer le sens de leur paroles.

(Benoist JODELIN, Louenge de l'Abstraction & des Congnoissances secrettes)

mardi 5 février 2019

CORUSCANSION

CORUSCANSION Charles Baudelaire Delaroche "Arabécédesque" (Olivier Goldsmith)

Hérodiade (Paul Delaroche, 1843)


Feu intermittent de signalisation maritime semblant clignoter au rythme de la houle.


   Ah ! Joséphine, vous ne m'aimez pas… et vous le devez ! car je sens bien que vous devriez me haïr franchement. Et quand je dis que vous ne m'aimez pas, cela résonne autrement mieux que toutes ces fadaises convenues que nous haïssons vous et moi. Haïssez-moi donc en ce que je suis censé représenter pour vous d'ennuyeuse impertinence. Ôtez de moi cette image odieuse de moi-même en me la jetant au visage. Haïssez-moi, je vous en conjure ! que je puisse vous aimer comme ces grands lacs transparents, purs miroirs de nos éphémères reflets, qu'on frôle fiévreusement avec ce respect dû aux idoles ! Oui, venez à moi telle que vous êtes, maîtresse avant tout de vous-même, ma bien chère amie, Béatrix, reine des splendeurs inaccessibles, pour m'entourmenter d'un éternel tourment, et de l'opulence de votre toilette lorsque celle-ci me soulève comme la houle d'une mer enivrante, capricieuse et glaciale ! Ah ! Joséphine, ma Béatrix, modèle achevé de perfection, laissez-moi vous aimer tout d'un bloc ! Ne deviendrez-vous donc jamais ma bien belle camarade ? J'aimerais tant ne pas vous laisser me fuir sans voir tournés vers moi vos grands et larges yeux tout chargés de mépris pour élever à l'immortel un beau rêve de marbre ! Ah ! ne jamais perdre de vue dans une nuit scintillante d'étoiles amoureusement dévouées la coruscansion lancinante et muette de votre omniprésence comme le témoignage inextinguible d'un amour obstiné!

vendredi 1 février 2019

DÉCLAMSER

Réciter avec emphase et d'une voix mourante.


        Moi qui fus tout de n'être rien,
        Debout contre l'arbre, je pisse
        Une dernière fois… C'est bien
        De déclamser au précipice
Un souffle d'âme morte aux allures de chien,
Quand mon trait tient si peu, que sur l'écorce glisse
Un panache dernier pompeusement au sol.

(Raymond de VOSTAND, Cyrano de Rudubac)


"Déclamser", Edmond ROSTAND "Cyrano" (Arabécédesque, Olivier Goldsmith)

lundi 28 janvier 2019

ÉMOUSTOUILLER

Remuer un verre de bière pour faire de la mousse.


   Embarrassé par ce qu'on attendait de lui, il s'attardait sur son verre qu'il émoustouillait sans cesse pour voiler l'aspect démotivant d'une bière dégarnie en passe de tiédir qui lui dictait que trop justement l'évidence de la réponse à donner, cherchant ainsi à la couronner d'un nuage de mensonge spumeux, mais qui se résorbait sitôt qu'il voulait s'y tenir.

(Eustache AVALANGUE, Bière tiède)

vendredi 25 janvier 2019

FROUFROUSSE

"Froufrousse" Arabécédesque (Olivier Goldsmith)


Bruit nocturne, le plus souvent d'origine animale, causant une frayeur immodérée.


   C'est la nuit qu'il convient de tâtonner du ravissement innénarrable de vivre, de frissonner d'être Là. Vraiment. La frissonnéité, Tout est Là. – Frissonnéitude royale, ô ségolénuitude inventive ! Devenir bête parmi les bêtes, froufrousse originnelle innéluctable, innévitable, vivifiante, qui touche à même la moelle ; la nuit, elle seule qui fait briller les étoiles, elle seule sans quoi rien ne serait, qui fait le temps et nous égrène, laisse à Tout loisir de s'étaler, de s'épanouir. Chaleur d'être, les yeux déployant dans l'obscurité propice une lumière savamment inventée, peuplée du silence de ce dieu sait-qui ronflant, Là, quelque part dans son coin – et qui, de temps à autre, éternue.

(Émilie CHASTEREINE, Heurts indus)

dimanche 20 janvier 2019

GARGAMIEL

Substance dont on abuse compte tenu de ses propriétés lénitives étonnantes.


C’est bizarre quand même, avec cette poussière
Qui vous colle aux mollets bien qu’on fasse du vent,
On garde haut la fesse à rêver seulement
D’une victoire acquise en battant l’étrivière.

On se croit immortel d’une façon grossière !
C’est une connerie. On le sait, et pourtant
On redouble d’effort tant c’est réconfortant
De concéder au jour notre propre lumière.

Alors, comme on se vautre, on s’accroche au guidon ;
L’on pédale, et l’on boit de l’eau tiède au bidon,
Supposé gargamiel en guise d’ambroisie ;

Et sur la selle on prend la posture de l’œuf,
Croyant renaître un jour en ce jour d’asphyxie,
Dimanche vingt janvier, l’an deux mille dix-neuf.

(Christophe DURALUMAIN, La pourfuite du bonheur)

vendredi 18 janvier 2019

HYPOCODISTIQUE

Au théâtre, distichomythie en langage enfantin, forme dialoguée symétrique par groupes de deux vers d'un style niaisement affectueux.


CYRANO
A pipi de dodo, zizi de diablotin.
O bave, incontinence ! O trésor enfantin !

CHRISTIAN
Mon tout petit toutou, ma crème bien battue,
Mon cher petit trésor, ma sucette pointue…

CYRANO
Toi-même gros matou, bien vilain bon gros chat,
Mon gros pipi tout chaud, mon gracieux crachat…

CHRISTIAN
C'est pour la rime ou quoi ?… Bon, la rime est facile,
Mais ça pousse au poisseux tout en restant gracile.

CYRANO
C'était juste un essai... « Dits inaccoutumés,
Hypocodistillés entre adultes rimés ! »

CHRISTIAN
C'est nul.

CYRANO
                    Et tant qu'on peut ! qu'on en ait quelque honte
Lorsqu'en société l’on sent que cela monte,
Ces mots presque interdits parce que dégradants
Dont on goûte à plaisir les rototos fondants.

CHRISTIAN
Chiassez le précieux, il revient en courante.

CYRANO
Réplique bien vilaine à rayer sans attente.

CHRISTIAN
Réplique sans pareille en un pareil tournoi.

CYRANO
Non, vraiment, sans « caca » c’est de mauvais aloi.
Je préfère de loin ces doubles syllabiques,
Qui ne trahissent point nos hypocodistiques,
A tous ces jeux de mots pour piliers de comptoir :
Régressons en gardant semelle au décrottoir.

(Raymond de VOSTAND, Cyrano de Rudubac)


"Hypocodistique" Edmond ROSTAND "Cyrano" (Arabécédesque, Olivier Goldsmith)

lundi 14 janvier 2019

INDOLESCENT, ENTE

Jeune personne dont l’assiduité scolaire se fait remarquer par une inertie toute d’absence rêveuse.



Les yeux à la fenêtre et les cheveux épars,
Comme on rêve d’aller sur la planète Mars,
L’indolescent couvait tout au fond, loin derrière,
Près du radiateur, sa stupeur écolière.

(Benjamin SCORVICIÉ, Les barbioles)

jeudi 10 janvier 2019

JIMITATION

Parodie guitaristique hendrixienne.


   Inspiration d'autodidaxe quand tout semble possible pourvu qu'on le veuille. Jimimiques à l’envi, si ce n’est à l’envers. Et puis le pouce allant chercher les basses en haut du manche en le secouant comme pour en extraire la moelle sonore : irrésistibles jimitations au son désordonné, à retrouver la saveur des ampleurs débordantes surchargées d’harmonies non apprises.
   Depuis, les guitares sont poussiéreuses mais on n'ose pas s'en séparer.

(Grégoire GALACCO, L'axe bleue)

lundi 7 janvier 2019

LASCIVILITÉ

État d’interactions sociales subtilement érotisées.


   Lascivilité relevée du chiffon de haut niveau socioculturel. Sexchic dans le secret des érections incomplètes, voluptés vagues de la frustration soigneusement entretenue dans l’incertitude de l’expectative, pétillantes comme une coupe jamais complètement vide. Ondulation des œillades souveraines abandonnant après elles un désert d’appréhensions et d’égards, sillage persistant dans un champ d’insatisfaction pleinement consentie.

(Excelsus PORNOVIANDA, Ellipso factice)

vendredi 4 janvier 2019

MARSLIPIAL

Slip à poche.


« Mon rêve était intense et le jour prometteur... »

   Ainsi lus-je le poète d'une main tremblante, puis d'un doigt subterflexueux soustrait à la vigilance de mes bienfaiteurs, j'estimai par l'interstissu de mon marslipial la réalité d'une de ces dispositions naturelles qui me furent jamais octroyées. Et, à nouveau, mon cœur explosa de cette joie obscurément exquise.

(Marquise de SANDE, Le doigt rose d’Aurore)

lundi 31 décembre 2018

NAVOGUER

NAVOGUER "Arabécédesque" (Olivier Goldsmith) RAN ORTNER

Ran ORTNER, oil on canvas (NYC 2017) 


Tanguer et rouler gracieusement, en parlant d’un navire qui fait route.


Vivre en se débattant ou subir sans broncher,
Dans l’un ou l’autre cas c’est monter pour descendre.
Navoguer… puis sombrer ! Voler peut-être : prendre
La mer comme du ciel qu’on peut enfin toucher !

NAVOGUER Baudelaire "Arabécédesque" (Olivier Goldsmith)

jeudi 27 décembre 2018

ŒUVRILLER

Réaliser quelque ouvrage minutieux nécessitant un perçage incessant.


Lorsque le soir venu je vois mourir le jour,
Toutes griffes dehors, mon sang ne fait qu’un tour.
J’ai les crocs énervés par mon sang qui circule,
Alors je palpe, œuvrille ; alors je me dracule.

(Louis LÂCHENERF, Criminélégies)

jeudi 20 décembre 2018

PROMISQUATTER

S’entasser illégalement dans un logement avec d’autres occupants.


   Vivre sa clandestinée, des arêtes de poisson dans le cœur. Avoir tort d'être là. S’encombrer d'ombre et de rêves sans but jusqu’à égarer ce qui fait que dehors nous excédentarise. Promisquatter dans la crasse interminable de l’éphémère. Navigation sans erre, sans eau ni électricité. Équipage livré aux fureurs tranquilles, aux nausées soucieuses d’accalmies dans le feu d'une action créée de toutes pièces dans ce ventre réinventé du monde. Théâtre qui se gave allaigrement de son propre spectacle. Et le silence des murs qui l’ovationne sans relâche.

(Noïam DIOMOGUE, Ça manque une fenêtre au sud)

dimanche 16 décembre 2018

RABOUGRISAILLE

Gustave Caillebotte "rue de paris temps de pluie" détail

Repliement débilitant d’arrière-saison.


Décembre à nouveau revenant hanté de ma métamorphose,
Dans la rabougrisaille obsède obstinément d’un vieux désir ;
Et je laisse glisser tout schuss mes yeux brûlants comme un soupir
Sur le satin froid des pavés que la pluie en vain me propose.

(Vivien VERVAL, Brumes et murmures)

mercredi 12 décembre 2018

SALUBRIÉTÉ

Ivresse salutaire.


C’est un luxe inouï d’étoffes, de dentelles
D’une femme comme ivre aux rires assassins
Qui dispense alentour le parfum de ses seins,
À moins que ce ne soit celui de ses aisselles.

Longtemps son cœur, versé dans les fausses amours,
À tout vent a battu comme une vieille enseigne.
Si parfois le soleil l’illumine et la baigne,
Ses yeux restent pourtant chargés des sombres jours.

Elle n’est plus bien jeune et pourtant elle est belle.
Un incurable mal lui ronge la mamelle
Pour soulager bientôt celui de son destin :

Elle va retrouver ainsi qu’un météore
La nuit froide, emportant dans un bruit de satin
La salubriété qui la fait rire encore.

Charles Baudelaire "Salubriété" Olivier Goldsmith (arabécédesque)