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mercredi 24 février 2021

TESTOSTÉRONDE

Expression dynamique et opiniâtre d’une virilité spontanément exercée. L'exercice lui-même.


  Après m’avoir survolé vite fait de son regard rapace chargé d’un mépris à peine voilé de pitié, Marie-Cécile, parangon vénusien de l’amazone vulpine, guerrière superficielle de la gaudriole opportuniste, pétasse bouillantissime travaillée par la persévérance incalculée de son tréfonds ; Marie-Cécile, dis-je, s’était levée aussitôt pour aller régler sa consommation au comptoir avant de disparaître à tout jamais en m’abandonnant son verre vide de tout espoir de la revoir un jour, moi, le martien aux grandes antennes et vert de trouille à l’idée de me retrouver encloti bouille à bouille dans quelque réduit à déduit avec cette belle liqueuse terrienne si brutalement dévirtualisée pour tâter de l’attrait ductile du latex reprotecteur dans un épanchement d'amour vanille ; moi, dis-je, planète un peu trop tranquille et lointaine, trop rêveusement pacifiée dans la sombre froideur de mon écrin de marbre rouge pour me consumer l’âme et m’échiner l’écorce dans une testostéronde tellurique aux éjacumulations basaltiques.

(Marcel FORGERIE, Anna Diadème)

mardi 16 février 2021

VIVACILLER

Rechercher constamment des situations instables pour briser la monotonie de l'existence.


  Le temps de durer qui fait durcir. Tu en es là. Ça prend du temps et tu le sens passer, à en devenir trop dure. Tu t'encombres d'une vie pour rien, parce que tu y es. Alors voilà, ça prend de plus en plus de place cette épaisseur bientôt intenable d'être ainsi de tout ton poids plantée comme un piquet, à fixer la bulle bien centrée du niveau, jusqu'à la nausée, avec le poids de le dire encore.
  Tu tiens trop de place. Alors tu penses au poids des autres parce qu'il n'est pas le tien. Tu voudrais encombrer les autres de ton trop de poids. Tu as toujours tout à donner. Alors tu ne tiens plus en place, tu vivacilles dans la peur de toi, pour te dégager de toi, dans la peur que ça te rattrape. Alors tu pars en vrille pour rencontrer les autres, les percuter pour t’alléger de toi-même en te lestant de leur trop de poids, dans l'idée que de même ils se soulageront de ce trop de poids en se lestant du tien. Beaucoup appellent cela de l'amour. D'autres parlent d'amitié, mais c'est l'amour qu'on préfère.
  Alors tu te déstabilises. Et tu finis par vivre ainsi de ce certain oubli de toi, comme si tu étais devenue du vent. Tu penches de tous côtés dans cette crainte de l'aplomb de toi, du fil à plomb qui te donne tant à retordre. Vivre est de déverser toujours, et qu'importe le moment de ta chute, de ta ruine, si le temps que ça tienne soit suffisamment vécu hors de toi pour ne pas y retomber.

(Ordalie CAMPÈLE, Nerveuse le matin)

dimanche 31 janvier 2021

ZINZINURLER

Détonner à tout bout de chant et à pleine gorge.


        Ange ébloui zinzinurlant,
        Marche à tâtons dans la lumière ;
        Cherche le nu rutisselant
        Pour t’en vêtir en plagiaire.

(Rémi CHAUWDLER, Exilerrance)

dimanche 17 janvier 2021

Solis Luce Clarior (Charles Baudelaire)

        




SOLIS LUCE CLARIOR



Trébuchant en plein jour, des aveugles sans bruit
Promenaient tête en l’air leur laideur coutumière
Comme si, sourdement happés par la lumière,
Ils guettaient dans le ciel le reflet de leur nuit.

Ainsi que des forçats, cherchant un jour trop rare,
Ils traînaient pesamment l’entrave de leurs corps
Qu’ils redressaient parfois dans d’austères efforts
En laissant échapper une plainte bizarre.

— Animé par l’éclat dont ils étaient privés,
Je me mis, le cœur vide, à battre les pavés
Comme pour délivrer mon âme prisonnière ;

Mais comme le soleil de son œil de géant
M’aveuglait, aussitôt je fermai la paupière
Car je ne voyais plus que gouffre et que néant.


"SOLIS LUCE CLARIOR " Sonnet (Charles Baudelaire) "Arabécédesque, Olivier Goldsmith"

mardi 22 décembre 2020

ALCOOLVE

ALCOOLVE Arabécédesque (Olivier GOLDSMITH) "Les deux bonnes soeurs" Baudelaire (Fleurs du mal)

Pratique érotisante de la soûlographie.


Bibine pour alcoolve en nuisances féconde,
Qu'on va boire au lieu dit Chez les deux bonnes sœurs ;
Qui nous fusille un peu chaque fois, brune ou blonde,
Et nous rive aux ruisseaux des mornes sexueurs.

vendredi 11 décembre 2020

BRUILLER

Miroiter en produisant un effet sonore caractéristique.


Le cuir et le métal, cauchemars de plaisir,
Déferlaient et bruillaient sur ses bras, son échine,
Et son fard empourprait cette obscure machine,
Insolennellement au soleil du désir.

BRUILLER  Arabécédesque (Olivier Goldsmith)


mardi 8 décembre 2020

CHARMEMENT

Potentiel de séduction irrésistible.


L'innocence toûjours a tout à redouter
D'un fatal Charmement à si bien l'exploiter. 
J'aimerois vous haïr de vous aimer, Madame,
Tant vostre omnipresence entretient une flâme
Qui m’oxide les nerfs, & qui, pour seul profit
Consumant mes boyaux, me flingue sans répit ;
Car vostre Look d'enfer en dépit de mes craintes
Me pousse à desirer d'en souffrir les atteintes.
A scooter, à roller, en silence, à grands bruits,
Partout je vous retrouve & partout je vous fuis.

(Jean-Rachid de CRAMPISTON, Scaphedre)

lundi 23 novembre 2020

DÉLICÉLESTEMENT

Pascal Juif (arabécédesque)
Photo Pascal Juif


Tournant à l’orage pour le plus grand plaisir. → NUEIGEUX● Avec l'infinie volupté des sentiments coupables délivrés pour un temps de tout remords dont le caractère inéluctable nourrit en permanence l'intensité de la jouissance.


Tandis que l'horizon plein de feintes froideurs 
Crache comme un volcan ses sanglantes ardeurs, 
J'ai peine à contenir ce que mon cœur réprouve. 

Nul ne s'y tromperait : l'air est doux comme un sein 
Délicélestement lourd, palpable, malsain,
Et l'odeur de la nuit avance à pas de louve.

DÉLICÉLESTEMENT, Baudelaire "Arabécédesque" (Olivier Goldsmith)

mardi 17 novembre 2020

ÉLASTICOT

Franchenouillarde à la mastication.


Longtemps j'eus appétit des grands yeux verts de Berthe
Malgré sa taille épaisse et ses quatre chicots,
Jusqu'au jour où je vis, grouillant sur la desserte
A mon intention, un plat d'élasticots
Dont la sauce semblait couleur des yeux de Berthe.

"élasticot" Arabécédesque BAUDELAIRE (Olivier Goldsmith)

lundi 16 novembre 2020

FRANCHENOUILLARDE

Blogger.com Arabécédesque GALLIMARD "Franchenouillarde" (Olivier Goldsmith)


Pâte alimentaire surcuite. 


  Non seulement Jeanine arborait joliment une couperose qui animait en les rehaussant les traits épais de son visage rustique de la spontanéité conviviale d'une nature généreuse au caractère bien trempé, mais, ce jour-là, elle était parvenue non sans mal à enfiler une mini-jupe de ses débuts qui, plus que jamais, la boudinait à ravir. 
  « On va faire du sexe, un peu ? » me lança-t-elle alors biaisement en prenant ses grands airs gorlogresseux de Barbara Lamousse de jadis et de foire, avec clin d'œil fatalement idoine pour tenter de m'échaudassaisonner. 
  Mais, devant mon expression jusque là muette d’une perplexité mal dissimulée pour se charger bientôt d’une touche improbative si criante que j’alibiaisai transitivement quelque désir prompt d’aller casser une petite croûte, elle me fit face en me vomissant deux ou trois insanités quant à mes capacités masculbuteuses, et comme si c'était vraiment le moment de faire ça, de « casser une croûte » fût-elle petite à une heure pareille. 
  Je lui rétorquai à tort et à raison qu'il n'y avait pas plus d'heures pour faire ce qu'elle me proposait de faire avec elle que pour faire ce que je me proposais de faire avec ou sans elle. Je peux très bien casser la croûte n'importe quand à condition de ne pas avaler n'importe quoi, et pourvu que je fasse de l'exercice. Et c'est là-dessus qu'elle a eu le dernier mot. 
  « Alors, en attendant de faire de l’exercice, allons bouffer un peu, qu'elle me lâcha d'amour lasse, puisque c'est ça qui te branche ! Je vais te faire des nouilles : ça te redonnera du volume ! » 
  Pâlissant au mou mot de nouille tandis qu’elle m'entraînait chez elle, je tentai de la convaincre d'y faire autre chose sans autre transition, en dépit de mes lacunes planculbuteuses, compte tenu de mon peu d'appétence pour ses franchenouillardes maison susceptibles d'attenter à la délicatesse sereine et chèrement entretenue de ma tripe.

(Patrick DARMOU, Le fauve est lâche)

lundi 9 novembre 2020

GRINÇAGE

Action consistant à « croaisser » (simuler le cri du corbeau ou de la grenouille en rinçant un verre, de la vaisselle, avec les doigts). 


  Le monde a plus à voir avec un gros cul comme le mien qu’avec une idée qu’on se ferait du pourquoi-mais-non-enfin-vous-pensez-ah-bon-donc-ainsi-sinon-quoi, pour rester bouche bée devant le gros trou incorporel du vide… Ô mystère adoré, coqueliche de nos fétiches !… Le gros cul de Dieu, ah ah ah ! ça serait plutôt une idée qui me plaît, tu vois ? Non mais tu vois ça, un peu ? un gros cul qui nous pète à la gueule… C'est parfois ce qui arrive, non ? Et ça c'est pas un pet sur une toile cirée : ça s'incruste, ça fait mal et ça remet ça… On la retient l'odeur de Dieu, hein Mario ?… Tu vas faire tous les verres comme ça ?… C'est vrai, quoi : ce qui compte c'est nous ! C'est la toile cirée… pas le pet !… Bon allez, Mario, quoi ! remets-nous ça un peu au lieu de croaisser, maintenant que c'est propre. Comme ça, tu pourras continuer ton grinçage après, pendant que je cause… pour faire semblant de comprendre !

(Margerie LAPOISSE, Médits zincarnés)

mercredi 4 novembre 2020

HALLUCINÉMATION

Perception psychosensorielle élaborée, mais sans objet réel, semblable au déroulement d’un film. 


   Laisser monter cette torpeur du ventre. Une presque force. Comme une langueur non plus sourde mais devenue sensible par l’insistance accrue de son emprise ; presque force donnée de mourir à soi avec la lenteur amoureuse d'un enfantement sans douleur. Une presque absence. Puis, d’un coup, fracas hallucidogène de la mer en un débordement d’écume : hallucidité gerboyante avec autorité soudaine de l’orgasme libératoire !
   Et bientôt c’est une projection animée qui s’impose indéfiniment. Soit ! que je m’y vautre avec l’habileté de l’esthète. Alors je m’installe dans cette hallucinémation faite d’ininterruptions successives, suite d’images sans nom, d’éclairs vibrants et d’enfoncées troublillonnantes où je retrouve des paysages fuyants à explorer, héroïquement seul, sans autre intrigue que leur déroulement même, pour me voir entraîné puis déterminé par cette absence lumineuse si pleine d’intensité. Distension d’un jour fait nuit pour me voir comme jamais, qui révèle l’épaisseur d’une aventure sans cesse inédite.

(Rémi CHAUWDLER, Je prends de la drogue pour qu'on le sache)