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mercredi 9 octobre 2019

NUEIGEUX

nueigeux "arabécédesque" (olivier Goldsmith)


Dont la blancheur des cimes se confond intimement à celle d’un ciel vaporeux.


     Mon cher Lionel,
   Cela fait bien longtemps que nous nous sommes rencontrés. Vous étiez ivre, il me semble, et pas seulement des hauteurs (ou tout au moins le laissiez-vous paraître, ce qui, bien entendu, revient au même).
    Êtes-vous donc enfin revenu de vos fichues montagnes, et passerez-vous à Honfleur ? Sinon quand abandonnerez-vous vos sommets nueigeux, ces stupides immaccumulations de blanche mort et de côtes raides, pour si bien vous aveugler de leur triste néant ? Il est grand temps pour vous de changer d’ivresse, croyez-m’en ! Et puis cela sent trop le facinutile naufrage, non ? ce goût de nulle part, ce flot figé des pentes glacées pour mieux vous détourner du monde. Et vous savez que je partage votre point de vue sur la question. Vous qui pourtant aimez le mouvement, vraiment je ne vous comprends pas, moi qui vous écris d'ici, col relevé quand il arrive parfois que le vent se lève et que, délicélestement, la nature se fâche, à se sentir vivant pour de bon !

mardi 3 septembre 2019

RÉPITIÉ

Geste passager d’humanité octroyé de guerre lasse.


Les flots sont pleins de haine et jettent sur nos flancs
L’Hydre sans répitié de leur vague démente,
Et le vent est si fort qu’on voit les goélands
Voler à reculons dans l’énorme tourmente.

Charles BAUDELAIRE  "Arabécédesque : RÉPITIÉ" (Olivier Goldsmith)

mardi 21 mai 2019

INSTANSTILLANT

Qui s’écoule avec une lenteur pénétrante.


Torture instanstillante, effrayante, insensible ; 
Ennui de chaque jour en un jour confondu
Qui, du cœur sourd écho du tic-tac éperdu,
Décompose et prolonge une mort infaillible !


instanstillant "Arabécédesque" (Olivier Goldsmith) Charles Baudelaire

mardi 5 février 2019

CORUSCANSION

CORUSCANSION Charles Baudelaire Delaroche "Arabécédesque" (Olivier Goldsmith)

Hérodiade (Paul Delaroche, 1843)


Feu intermittent de signalisation maritime semblant clignoter au rythme de la houle.


   Ah ! Joséphine, vous ne m'aimez pas… et vous le devez ! car je sens bien que vous devriez me haïr franchement. Et quand je dis que vous ne m'aimez pas, cela résonne autrement mieux que toutes ces fadaises convenues que nous haïssons vous et moi. Haïssez-moi donc en ce que je suis censé représenter pour vous d'ennuyeuse impertinence. Ôtez de moi cette image odieuse de moi-même en me la jetant au visage. Haïssez-moi, je vous en conjure ! que je puisse vous aimer comme ces grands lacs transparents, purs miroirs de nos éphémères reflets, qu'on frôle fiévreusement avec ce respect dû aux idoles ! Oui, venez à moi telle que vous êtes, maîtresse avant tout de vous-même, ma bien chère amie, Béatrix, reine des splendeurs inaccessibles, pour m'entourmenter d'un éternel tourment, et de l'opulence de votre toilette lorsque celle-ci me soulève comme la houle d'une mer enivrante, capricieuse et glaciale ! Ah ! Joséphine, ma Béatrix, modèle achevé de perfection, laissez-moi vous aimer tout d'un bloc ! Ne deviendrez-vous donc jamais ma bien belle camarade ? J'aimerais tant ne pas vous laisser me fuir sans voir tournés vers moi vos grands et larges yeux tout chargés de mépris pour élever à l'immortel un beau rêve de marbre ! Ah ! ne jamais perdre de vue dans une nuit scintillante d'étoiles amoureusement dévouées la coruscansion lancinante et muette de votre omniprésence comme le témoignage inextinguible d'un amour obstiné!

lundi 31 décembre 2018

NAVOGUER

NAVOGUER "Arabécédesque" (Olivier Goldsmith) RAN ORTNER

Ran ORTNER, oil on canvas (NYC 2017) 


Tanguer et rouler gracieusement, en parlant d’un navire qui fait route.


Vivre en se débattant ou subir sans broncher,
Dans l’un ou l’autre cas c’est monter pour descendre.
Navoguer… puis sombrer ! Voler peut-être : prendre
La mer comme du ciel qu’on peut enfin toucher !

NAVOGUER Baudelaire "Arabécédesque" (Olivier Goldsmith)

mercredi 12 décembre 2018

SALUBRIÉTÉ

Ivresse salutaire.


C’est un luxe inouï d’étoffes, de dentelles
D’une femme comme ivre aux rires assassins
Qui dispense alentour le parfum de ses seins,
À moins que ce ne soit celui de ses aisselles.

Longtemps son cœur, versé dans les fausses amours,
À tout vent a battu comme une vieille enseigne.
Si parfois le soleil l’illumine et la baigne,
Ses yeux restent pourtant chargés des sombres jours.

Elle n’est plus bien jeune et pourtant elle est belle.
Un incurable mal lui ronge la mamelle
Pour soulager bientôt celui de son destin :

Elle va retrouver ainsi qu’un météore
La nuit froide, emportant dans un bruit de satin
La salubriété qui la fait rire encore.

Charles Baudelaire "Salubriété" Olivier Goldsmith (arabécédesque)

jeudi 6 décembre 2018

VAGABONDULER

Se mouvoir en formant des sinuosités irrégulières.


Et le feu, comme on rêve avant de s'endormir,
Vagabondule aux murs dans sa lente agonie,
Comme l'apaisement d'une mer infinie
Qu'un reste de fureur fait encore frémir.


"VAGABONDULER  Baudelaire "arabécédesque, olivier Goldsmith"

lundi 29 octobre 2018

FIASCOÏT

Panne sexuelle engendrée par l’idée de procréation.


Ta tristesse au front bas ou tes rires scabreux
Majestueusement enrubannés de soie
Sauront, au fiascoït si bien malencontreux,
Étoffer le désir que ton ventre fourvoie.


Fiascoït (Baudelaire) "Arabécédesque, Olivier Goldsmith"

jeudi 21 juin 2018

TAHAÏTIEN

 charles baudelaire, Tahaïtien  "Arabécédesque, Olivier Goldsmith"



Insulaire aux origines indéterminables.


Je vois dans ton œil doux des paresses marines,
Des tahaïtiens oisifs et musculeux
Qui, pris par ton odeur imprégnant leurs narines,
T'emboîtent en troupeau le pas voluptueux.

 Tahaïtien,  Ch. Baudelaire,  "Arabécédesque, Olivier Goldsmith"

vendredi 15 juin 2018

La muse amère (Charles Baudelaire)

"La Muse amère" sonnet retrouvé  de Charles Baudelaire



LA MUSE AMÈRE



Mâtine d’amour et de haine,
Mon âme est comme un diamant
Plongé dans l’eau d’une fontaine
Par le désir de mon amant.


Maîtresse ainsi de son silence,
Reine d’un empire incertain,
Je visite son indolence
Pour mûrir son vers enfantin.


Souvent, du fond des nuits sans lune,
J’utilise son infortune
Pour lui dicter ce que j’écris ;


Et, pour ranimer son marasme,
J’ajoute au rire du mépris
L’aigreur féroce du sarcasme !


"La Muse amère" SONNET Ch. Baudelaire "Arabécédesque, Olivier Goldsmith"


lundi 4 juin 2018

BASTANGAGE

BASTANGAGE https://arabecedesque.blogspot.com


Parapet disposé sur le plat-bord d’un navire faisant route pour permettre aux passagers passagèrement indisposés de se délester facilement.


L’absence de limite interdit tout bagage ;
Alors on se survit comme ivre dans son coin,
Avec parfois en proue un œil roulant au loin
Quand on ne vomit pas encore au bastangage.

Baudelaire charles 1861 Arabécédesque "olivier goldsmith"

mercredi 23 mai 2018

ÉCRISSER

"écrisser"  Charles Baudelaire "Arabécédesque, Olivier Goldsmith"


Produire le bruit caractéristique d'une plume d'oie sur du papier.


   Acier contre papier : quel divorce éclatant ! La plume d'acier n'écrisse pas. C'est un talon aiguille pour faire se tortiller la pensée qui voudrait bien courir ; un poignard pour meurtrir le papier, égratigner ce qu'on veut dire pour n'être plus qu'un exercice banal de gratte-papier, quand il n'est pas bancal. Il semble bien que la plume d'acier ne soit douée d'aucune vertu d'invention. Ce qu'elle grave doit l'être déjà dans la tête. Et puis il y a là un bruit d'écrire que je ne reconnais plus, qui désarçonne. C'est une autre manière d'écrire que je ne maîtrise pas.

"écrisser"  Ch. Baudelaire "Arabécédesque, Olivier Goldsmith"

mercredi 11 avril 2018

NAUSOLÉE

NAUSOLÉE, Charles Baudelaire, "Arabécédesque" (Olivier Goldsmith)


Édifice funéraire monumental dont l’aspect sinistre provoque le malaise.


J’élèverai pour toi, Démadone très-chère,
Froid et majestueux, un nausolée austère
Jusqu’à ce que le ciel en paraisse assombri ;
Et je viendrai, le cœur obscurément meurtri,
Soulageant ma tendresse auprès de ton image,
Déposer à tes pieds un frémissant hommage.

lundi 9 avril 2018

OSTATURE

Carrure squelettique imposante.


Fauchant en balançant son altière ostature,
Elle apaise tous ceux qu’elle vient libérer,
Et, bien qu’elle n’ait pas le goût de l’imposture,
Chacun de ses élus s’acharne à l’exécrer.

OSTATURE, Charles Baudelaire, "Arabécédesque, Olivier Goldsmith"

mercredi 28 février 2018

CHIMÉRYONIRISME

chiméryonirisme  GIF Pont au Change : animation (1854) https://arabecedesque.blogspot.com

Pont au Change : animation (1854)




Visions célestes fugitives mais prégnantes.


Ciels pleins d’illusions tendus d’horreurs marines
Où tout rêve éreinté se mue en cauchemars ;
Spectre multiplié des troubles origines
Où chiméryonirisme engloutit les regards...

"Chiméryonirisme",  "Arabécédesque, Olivier Goldsmith"
Comment se fait-il que moi, qui ai toujours eu dans l’esprit et les nerfs
tout ce qu’il fallait pour devenir fou, ne le suis-je pas encore ?
(CB 08 janvier 1860)

lundi 15 janvier 2018

VOLUPTUMULTUEUSEMENT

VOLUPTUMULTUEUSEMENT Baudelaire https://arabecedesque.blogspot.com


En se laissant emporter par les égarements d’une agitation délicieuse.


   Ah ! que m’avez-vous encore ! affligé de ce « beau corps » forcément nu ? et puisque « son beau corps à roulé sous la vague marine », alors que le fleuve de sa toilette ait l'étoffe de son parfum ! Car enfin ne sommes-nous point las de toutes ces nudités d’apparat pour nous distraire à l’envi des strophes cachectiques ? Ne sommes-nous pas assez lassés de ces Vénus qui sortent de l'eau ? Qu'elles y replongent à se vêtir d'écume si elles veulent nous captiver encore, que le poëme soit lavé de tout ce naturel dont on voudrait l'attifer.
   Et qu'ai-je à faire de ces « frissonnements », si ce n'est au satin de frissonner sur la peau comme les vagues d'une mer amoureuse, ou plutôt est-ce à nous de frissonner dans l'admiromanie de cette nudité voluptumultueusement noyée !

VOLUPTUMULTUEUSEMENT Baudelaire "Arabécédesque, Olivier Goldsmith"

jeudi 4 janvier 2018

Adieux à Paris (Charles Baudelaire)

Adieux à Paris (sonnet) Baudelaire arabécédesque




ADIEUX À PARIS




Aujourd’hui le ciel roule, ivre de mousseline,
Sur le corps étendu de la grande cité,
Hydre de boue et d’or, violente et câline,
Amas de pierre où gît l’aveugle humanité.

― Que de fois j’ai pétri ton énorme poitrine
Pour éprouver mon cœur sur ton cœur indompté,
Ajoutant au parfum de ta fleur assassine
L’étrange invention d’une âpre volupté !

Mais mon cœur désormais cherchant son ermitage,
Je viens t’abandonner un ultime regard,
Ô toi que j’aime encor, maîtresse sans visage,

Comme le manant ivre, ou comme le soudard
Dans un amour vengeur, qui froisse et qui rudoie
La fragile impudeur d’une robe de soie !



"Adieux à Paris", sonnet  Charles Baudelaire (Arabécédesque, olivier goldsmith)

mercredi 27 décembre 2017

BROCHIURE

● Opuscule, plaquette, le plus souvent de poésie personnelle, imprimée à compte d'auteur.


   Cher ami, j'ai reçu la brochiure d'André Braudier. Que dois-je faire ? Je ne vois rien là d'exploitable (pour user de votre jargon) ; rien qui puisse intéresser qui que ce soit si ce n'est la crédulité de leur auteur à en espérer autre chose que satisfaction personnelle. Sachons qui nous sommes réellement et ce que nous voulons. Autant que l'on persiste, que ce soit en connaissance de cause.
   Ce vers cependant : « Les élytres en vain opposent leurs écailles »… Mais encore une fois que faire, tant il est vrai que les vers sortis de leur contexte ont un charme particulier qui les porte au-delà de leur réel mérite ? La poësie, me direz-vous, n’est-elle pas justement cette faculté surprenante des mots de prendre cette importance qu’ils n’ont pas autrement ?
   Que dire à votre Braudier qui doit être bien satisfait de son œuvre pour vouloir faire circuler cela en dehors du cercle des amis ou de la famille ? Lui suggérer de faire un recueil de monostiches ? Il en serait bien capable et nous serions à nouveau dans l'embarras de lui donner réponse et d'avoir à mentir sans avoir à le faire. Je n'ai jamais été bien courageux pour ces sortes de choses-là. À tout hazard, je vous retourne la brochiure avec ma lettre.
   Mes hommages à votre Mère.

BROCHIURE, (Ch.Baudelaire) "Arabécédesque, olivier Goldsmith"


● Lecture de garde-robe.


   Piles de revues pipolluisantes… feuillées monégogasques... cardachiasse entassée… Paperasse à potasser à pleines liasses… Toute la pipirazzia du grand luxe éphémère déballé dans l'indiscrète intimité des blancs plafonniers… Ouverture en courant d'air sur le monde… Papier trop glacé pour… Se frayer un passage parmi toute cette brochiure de salle d'attente périodiquement renouvelée pour se libérer à toutes fesses en s'encombrant l'âme par l'autre bout…

(Fernand BARDAMNÉ, Corps caverneux)

samedi 23 décembre 2017

COQUILLASSERIE

COQUILLASSERIE https://arabecedesque.blogspot.com


Erreur typographique d'une plaisante pertinence.


   Quel fut mon étonnement de trouver là cette étoffe en guise d'étoile ! et de pester tout d’abord sur ce « desprote » et ses étourderies, qui, en vertu (si l’on peut dire) de la fatigue et du faible éclairage, s'applique à enrichir sa collection de coquilles ! La dureté du métier veut cela, sans doute. Mais cette coquillasserie a eu tôt fait de me séduire pour regretter de ne pas l'avoir commise moi-même, et voir l'étoffe de la peau vaciller avec d’autant plus de force qu’une étoile ne vacille jamais que du fait de son éloignement. Ma première strophe étant bien laborieuse, pour me voir ainsi embarrassé de cette « peau de corps si beau », cela venait à occulter une maladresse dont je me rendis coupable par une autre, splendide, dont je ne sus pas l'être, rhabillant ainsi d'emblée cette nudité un peu trop convenue, je vous l’accorde.
   Pourtant, et à propos « d'occulter », n'ai-je pas déjà commis de telles coquillasseries, comme par exemple cette « robe occupant son corps » transcrit pour « occultant son corps » ? Vous vous souvenez ? Après vos observations, je me suis bien gardé de corriger… Diable ! la poësie serait-elle donc l'art enchanteur de la coquille avantageuse ?

COQUILLASSERIE, Le serpent qui danse, Baudelaire "Arabécédesque, Olivier Goldsmith"

mardi 19 décembre 2017

DODANDELINER

DODANDELINER https://arabecedesque.blogspot.com, olivier Goldsmith

Pelouse du champ de courses, Auteuil 1908.



Onduler de tout le corps. Se mouvoir d'une manière ostensible et artificielle.




   « Ceux qui prisent ces jeux de la parade abstraite », déclarait une fois notre ami Baldelario, émergeant enfin de son éternel quant-à-soi tandis que nous sortions de la rue Frochot ; et de nous quitter là-dessus avec un grand geste accompagnant le mot de « parade » comme pour en relever toute l’ambiguïté révélatrice…

   En effet, infiniment changeante en sa pérennité cyclique dans le souci d’afficher quoique collectivement une singularité d’apparence, la mode est l'art de distinguer de soi la part intime qu'on n'ose montrer à nu. C'est cette intimité secrètement livrée pour dodandeliner de l'âme avec l'imperturbabilité d'un marbre qui bouge et vient s'offrir dans une froideur lucide et calculée. Finalement, la mode vise à une certaine surhumanité ramenée au niveau du vulgaire sans jamais y consentir sinon qu'en le transformant.

(Antoine de SAINT-FLOBERGE, La tentation mise à nu)