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jeudi 31 août 2017
jeudi 10 août 2017
NUAGITATION
Ample mouvement des nébulosités célestes.
― D'où viens-tu, étrange étranger ? Dis-moi : quel est ton pays ?
― Il y a belle lurette que j'ai oublié le nom de ce lieu que vous prétendez être mien.
― Mais ta famille, tes amitiés, tes amours ?
― Vous usez là de termes qui ont le même effet sur moi que des gouttes d'eau sur les ailes d'un canard.
― Mais la beauté existe-t-elle au moins pour toi ?
― Oui, mais si décevante pour être à ce point imparfaite dès lors qu'il me prend de la contempler.
― Et l'or ?
― J'adore ! ainsi que toutes les richesses palpables qui me sont luxe et volupté, pour en façonner mille et une choses merveilleusement inutiles qui me fassent oublier le plomb que l'on mêle à l'étain des rêves sans frontières.
― Que viens-tu donc faire dans ce blog tarabesquissé, étrange étranger, dans ce blog éphémère et vaporeux si tout te messied à ce point ?
― Attarder sur vos têtes la foranité de mes nuagitations orageuses, avec un large sourire d'ange maudit qui ne ressemble à rien de tout ce que vous pouvez me demander de connaître.
mardi 8 août 2017
OUTRANFIER
[èr]
Démesurément immodeste.
Plus tard enfin je serai morte dans mon habit de nuit, idéambullant outranfière dans ma somptueuse résignature pour me blanceindre close dans cette métaphantorme soliterrante de ma pérennité.
(Mélisa LESCARNEAU, Blakoyoma express)
vendredi 28 juillet 2017
jeudi 27 juillet 2017
RAMOLLOSSE
Gros chien de garde beaucoup moins méchant qu'il ne paraît.
Le Ramollosse & son Maistre
Il en est de tres-malheureux
Qui n'aiment pas estre hargneux.
Ainsi ce Dogue noir que nul n'oseroit plaindre.
Ce Ramollosse estoit assez terrifiant,
Et plus il vouloit estre aimable,
Plus son Maistre, homme abominable
En dépit d'un aspect riant,
Luy donnoit du baston, du pied ou de la pierre,
Comme s'il eust voulu le réduire en poussiere
Pour luy donner le goust de son méchant employ.
Mais le Dogue toûjours larmoyoit plein d'effroy.
Son Maistre alors fut pris d’une ire peu commune :
Je feray de toy mon Psittbull,
Aboya-t-il un peu maboul
Au Chien qui gemissoit de crainte & d'infortune.
Un jour, plus furieux qu'un troupeau de roquets,
Il voulut le punir d'estre si peu mauvais ;
Mais plus le Maistre estoit en humeur détestable,
Plus le Dogue poussoit sa plainte lamentable.
Il frappa tant la Beste à ces cris éperdus,
Et si férocement qu'on ne l'entendit plus.
Nul n'est jamais, helas ! ce qu'il laisse paroistre :
Si le Dogue a fort peu le don d'estre touchant,
Un écriteau signalant Chien méchant
En dit bien plus long sur le Maistre.
(Jean LAFONTENERRE, Fâbleries)
lundi 24 juillet 2017
STRESPIRATION
Suffocation d’origine anxieuse.
Ventre déjà figé dans sa brûlure, gonflé comme au seuil de la pourriture. Stentoration muette et précipiteuse. Frissonnements subits avec des pointes d’horreur convulsive dans la crainte panique d’une rigidité permanente. Le cœur bondit dans la poitrine comme pour s'échapper des limites du corps.
Sentiment d'incomplétude percutante martelant en l'exaltant un désir culminant mais indistinct dans une gerbe d’étincelles. Réaction de tout l'être à cette velléité fugitive, étincelante dans l'esprit : douleur blanche.
Inspiration : quête brûlante dans l’urgence de toute réplétion.
Expiration : volonté d’anéantir toute gêne en l’expulsant par l'action supposée d'une volupté imaginaire.
Strespiration : bouleversement singultueux d'un enthousiasme désespéré.
(Rémi CHAUWDLER, Je prends de la drogue pour qu'on le sache)
samedi 22 juillet 2017
TURLUTANNER
Tarabuster avec une sempiternelle ritournelle.
On ne sait jamais. On ne peut pas savoir. On a beau demander, se demander, on n'en sait rien. Tout ce qu'on veut nous apprendre ne nous aide en rien. Les mots cognent dans notre tête à n'y plus suffire, comme inaptes à signifier autre chose qu'eux-mêmes. Alors c'est pour ça qu'on reste des enfants. Être adulte c'est ça, enfant retourné contre soi-même. Alors on turlutanne, jusqu'à l'épuisement appété de notre incompétence sans jamais y parvenir dans cette incapassivité turbulutannante. On voudrait aller plus loin. Pouvoir aller voir juste pour voir, fût-ce même sans le savoir. S’aventurlutanner, rencontrer de l'encore pour y avanturlutanner où l'on n'est pas encore. Ce qu'on est, le temps d'y être, quitte à le réinventurlutanner, à le plier aux exigences piaffantes de nos inassouvissicitudes.
(Stentor BRUIQUENERF, L’enfluance)
jeudi 20 juillet 2017
VILLÉGIATURNE
Maison "Joujou", quartier du Neubourg, HONFLEUR.
Mauvais lieu de séjour.
Villégiaturne obscure, humide, sans standing.
― Ton aiguille est toujours sur Spleen, vieux baromètre !
Joujou cassé, j'ai l'air d'un pingouin en smoking.
La mer a reculé bien loin de ma fenêtre,
Et, n'ayant plus dès lors pour grève qu'un camping,
Je ressemble, engoncé comme pour disparaître,
Au phare du Butin noyé dans son parking.
jeudi 13 juillet 2017
L’épave (Charles Baudelaire)
L’ÉPAVE
Majestueux et vain steamer
Pour ramener à toi la mer
Et les souvenirs impossibles ;
Dilettante des profondeurs
Pour y mordre aux appâts trompeurs
Des fortunes insubmersibles...
Ton beau navire est ta prison,
Esprit volage, à l’aveuglette,
Qui désiras dans ta lunette
Ramener à toi l’horizon !
Hélas ! d’une orgueilleuse étrave
Tu peux toujours briser les flots,
Lever l’écume de sanglots :
Ton but n’est qu’un rêve d’Épave !
lundi 10 juillet 2017
ASSINDÛMENT
Avec une insistance inconvenante.
EURYCIDE
D'un amour éméché qui hoquette & zigzague
Ce Prince assindûment me convoite & m’alpague.
Faudra-t-il qu’à mon tour, assindûment ainsi,
Je réponde aux assauts d’un Amant sans mercy
Dont l’haleine, la voix & les gestes font taire
L’élan d’un cœur altier qu’un zèle impur altère ?
PAMISE
Ah ! Madame, sçachez qu’en sa lubriété
Son cœur souffre l’assaut d’un desir deserté
Dont je convoiterois volontiers l’apanage.
EURYCIDE
Je vous voy bien assez en femme de ménage
Pour d’un Prince astiquer la vacillante ardeur…
C’est l’ancillaire attrait d’un amour ravaudeur.
PAMISE
C’est le ravissement d’une flame qui rampe
Pour réchauffer la nuit & rallumer la lampe.
(Légitimus CŒURNŒIL, Eurycide)
dimanche 9 juillet 2017
BÂFREDOUILLER
Être en proie à une confusion idéative associant précipitation phonatoire et télescopage syllabique. Parler en avalant ses mots par réaction émotionnelle paralysante.
Asphysexiante elle m’assied. Prisque sur le fait de mon insexpérience crétive, acculculé à la nécexcité d’avoir à esprimer des pensexes excédant les bornes de ma fémisphère fusuelle, je bâfredouille des marmonies approchant le blablaze de mon intélectrocutrice, accompaniées de ce que je stuprose être descrirruption de ses attribouts dûment prétendurs mais qui ne semble plus, à la mesure de mon exprécession interloloquée, qu’épaissueur stopaque d’émousseline lapsconfusible d’une salardue nouageuse inexpriminablement délituée me prédispositionnant à ces éjérections ictusuelles fataltes à ma blêmisphère blindue.
(Roman DEGARES, Les yeux qu'elle a dans la nuit)
samedi 8 juillet 2017
CELZÉSERINER
Faire abus d’égalangage. ● Abuser de tics de langage horripilants.
Celzéceux qui celzéserinent
z’en celzéserins
Celzéceux qui
bonimentent toutes zé tout bonnement
Celzéceux qui
redondindonnent zé redondindons
Gynaugurent zé
andromecquent
Qui
introduisent tau jour zé à l’heure d’aujourd’hui
Les femmes zé
les hommes
Les humaines
zé les humains
Les
emmanuelles zé les emmanuils
Les
compatrieuses zé les compatrieurs
Les zétéroses
zé les zétéros
Les lesbiennes
zé les lesbiens
Zé les
trabicyclettes zé les travélos
Bêtes zé
animaux
Rates zé rats
sourises zé souris
Excétérases zé
ksétéras
Celzéceux qui
à toutes zé à tous ellent zé luient
Qui zélatrices
zé zélateurs
Qui
lébruxelloisent zé lébruxilloient
Zé belgent
bilgent
Brutes zé
bruts
Qui pétassent
zé pétardent
Doctogresses
zé doctogres
Qui
écrivaniteuses zé écrivaniteux
Écrivanickellent
zé écrivaniquilent
Zé écrivièrent
zé écrifleuvent
Celzéceux qui
démagoguent zé à gogo
Qui chapeau
mol zé chapeau mou
Politiquemencorrectificellent
zé politiquemencorrectifilent
Celzéceux qui
ségrégèrent zé ségrégavent
Qui
discriminationellisent zé discriminationihilisent
Zé maritairent
zé paritairent
Celzéceux qui
tante et tant attentent zé autant
Qui tante et
tant té tant té tant tentêtent tentêtants
Qui
yapadinquiètent zé yapadsoucient
Celzéceux qui
suitalaprévertuent zé suitalaprévicent
Qui vissent zé
clouent
Bécotent té
bécots
Poutoutent té
poutoussent
Tricotent té
tricots
Travaillardisent
zé travaillardeurent
Zé voili zé
voilou
Celzéceux qui
épuisent zé puis
Qui à toute
vapeur zé à tout va
À toute pompe
zé à tout rompre
Solutionnent
sans solution
Celzéceuses zé
celzéceux qui nivellent zau niveau des celzéceuses de chez celzéceuses zé des
celzéceux de chez celzéceux
Zé
consensucent zé consensuent
Les
celzéceuses zé les celzéceux qui celzéserinent z’en celzéserins
Celzéceuses zé
celzéceux qui z’hélas zé là
Nous courent
volent zé nous mangent
Nous ragent zé
nous désespoirent
Nous
poirotent les poireaux
Zé les
valseuses zé les valseurs
Zé les
prunelles zé les prunœils
Toutes zé tous
celzéceuses zé celzéceux qui entrèrent à l’aise zau palais en faisant craquer
les gravières zé les graviers zé dînèrent zau dîner de têtes zé de chefs zoù
chacune zé chacun s’était faite zé fait l’une zé l’un celles zé ceux qu’elles
zé ils désiraient…
(Raymot QUENONDE, Chienne et chien, et autres pairoles)
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