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jeudi 31 août 2017

MOUVRANT

Qui s'agite en un dernier sursaut.


Point d’orgue irrésolu d'immortelle lenteur
Dont l’esprit pénétrant nous hante et nous tourmente ;
Insensible frisson d'une flamme mouvrante
Délivrant entêtant un mensonge enchanteur…


"Mouvrant" Charles Baudelaire, portrait (Carjat 1861) "arabécedesque, olivier Goldsmith"

jeudi 10 août 2017

NUAGITATION

"Nuagitation" Baudelaire "olivier goldsmith" https://arabecedesque.blogspot.com


Ample mouvement des nébulosités célestes.


D'où viens-tu, étrange étranger ? Dis-moi : quel est ton pays ?
Il y a belle lurette que j'ai oublié le nom de ce lieu que vous prétendez être mien.
Mais ta famille, tes amitiés, tes amours ?
Vous usez là de termes qui ont le même effet sur moi que des gouttes d'eau sur les ailes d'un canard.
Mais la beauté existe-t-elle au moins pour toi ?
Oui, mais si décevante pour être à ce point imparfaite dès lors qu'il me prend de la contempler.
Et l'or ?
J'adore ! ainsi que toutes les richesses palpables qui me sont luxe et volupté, pour en façonner mille et une choses merveilleusement inutiles qui me fassent oublier le plomb que l'on mêle à l'étain des rêves sans frontières.
Que viens-tu donc faire dans ce blog tarabesquissé, étrange étranger, dans ce blog éphémère et vaporeux si tout te messied à ce point ?
Attarder sur vos têtes la foranité de mes nuagitations orageuses, avec un large sourire d'ange maudit qui ne ressemble à rien de tout ce que vous pouvez me demander de connaître.

NUAGITATION Charles Baudelaire, "olivier goldsmith, Arabécédesque"

mardi 8 août 2017

OUTRANFIER

[èr]

Démesurément immodeste.


   Plus tard enfin je serai morte dans mon habit de nuit, idéambullant outranfière dans ma somptueuse résignature pour me blanceindre close dans cette métaphantorme soliterrante de ma pérennité.

(Mélisa LESCARNEAU, Blakoyoma express)

jeudi 27 juillet 2017

RAMOLLOSSE

Gros chien de garde beaucoup moins méchant qu'il ne paraît.



Le Ramollosse & son Maistre


Parmy certains gros Chiens qu'on peut justement craindre,
               Il en est de tres-malheureux
               Qui n'aiment pas estre hargneux.
Ainsi ce Dogue noir que nul n'oseroit plaindre.
Ce Ramollosse estoit assez terrifiant,
               Et plus il vouloit estre aimable,
               Plus son Maistre, homme abominable
               En dépit d'un aspect riant,
Luy donnoit du baston, du pied ou de la pierre,
Comme s'il eust voulu le réduire en poussiere
Pour luy donner le goust de son méchant employ.

Mais le Dogue toûjours larmoyoit plein d'effroy.
Son Maistre alors fut pris d’une ire peu commune :
              Je feray de toy mon Psittbull,
              Aboya-t-il un peu maboul
Au Chien qui gemissoit de crainte & d'infortune.
Un jour, plus furieux qu'un troupeau de roquets,
Il voulut le punir d'estre si peu mauvais ;
Mais plus le Maistre estoit en humeur détestable,
Plus le Dogue poussoit sa plainte lamentable.
Il frappa tant la Beste à ces cris éperdus,
Et si férocement qu'on ne l'entendit plus.

Nul n'est jamais, helas ! ce qu'il laisse paroistre :
Si le Dogue a fort peu le don d'estre touchant,
       Un écriteau signalant Chien méchant
              En dit bien plus long sur le Maistre.

(Jean LAFONTENERRE, Fâbleries)

lundi 24 juillet 2017

STRESPIRATION

Suffocation d’origine anxieuse.


   Ventre déjà figé dans sa brûlure, gonflé comme au seuil de la pourriture. Stentoration muette et précipiteuse. Frissonnements subits avec des pointes d’horreur convulsive dans la crainte panique d’une rigidité permanente. Le cœur bondit dans la poitrine comme pour s'échapper des limites du corps. 
   Sentiment d'incomplétude percutante martelant en l'exaltant un désir culminant mais indistinct dans une gerbe d’étincelles. Réaction de tout l'être à cette velléité fugitive, étincelante dans l'esprit : douleur blanche.
    Inspiration : quête brûlante dans l’urgence de toute réplétion.
   Expiration : volonté d’anéantir toute gêne en l’expulsant par l'action supposée d'une volupté imaginaire.
    Strespiration : bouleversement singultueux d'un enthousiasme désespéré.

(Rémi CHAUWDLER, Je prends de la drogue pour qu'on le sache)

samedi 22 juillet 2017

TURLUTANNER

Tarabuster avec une sempiternelle ritournelle.


   On ne sait jamais. On ne peut pas savoir. On a beau demander, se demander, on n'en sait rien. Tout ce qu'on veut nous apprendre ne nous aide en rien. Les mots cognent dans notre tête à n'y plus suffire, comme inaptes à signifier autre chose qu'eux-mêmes. Alors c'est pour ça qu'on reste des enfants. Être adulte c'est ça, enfant retourné contre soi-même. Alors on turlutanne, jusqu'à l'épuisement appété de notre incompétence sans jamais y parvenir dans cette incapassivité turbulutannante. On voudrait aller plus loin. Pouvoir aller voir juste pour voir, fût-ce même sans le savoir. S’aventurlutanner, rencontrer de l'encore pour y avanturlutanner où l'on n'est pas encore. Ce qu'on est, le temps d'y être, quitte à le réinventurlutanner, à le plier aux exigences piaffantes de nos inassouvissicitudes.

(Stentor BRUIQUENERF, L’enfluance)

jeudi 20 juillet 2017

VILLÉGIATURNE

VILLÉGIATURNE La Maison "Joujou", HONFLEUR. https://arabecedesque.blogspot.com

Maison "Joujou", quartier du Neubourg, HONFLEUR.



Mauvais lieu de séjour.


Je suis une mansarde où nul jour ne pénètre,
Villégiaturne obscure, humide, sans standing.
Ton aiguille est toujours sur Spleen, vieux baromètre !
Joujou cassé, j'ai l'air d'un pingouin en smoking.

La mer a reculé bien loin de ma fenêtre,
Et, n'ayant plus dès lors pour grève qu'un camping,
Je ressemble, engoncé comme pour disparaître,
Au phare du Butin noyé dans son parking.


VILLÉGIATURNE,  Baudelaire (Honfleur, Maison-Joujou), "Arabécédesque", Olivier Goldsmith

jeudi 13 juillet 2017

L’épave (Charles Baudelaire)

    "L’épave" sonnet (Charles Baudelaire) https://arabecedesque.blogspot.com




L’ÉPAVE



Majestueux et vain steamer
Pour ramener à toi la mer
Et les souvenirs impossibles ;

Dilettante des profondeurs
Pour y mordre aux appâts trompeurs
Des fortunes insubmersibles...

Ton beau navire est ta prison,
Esprit volage, à l’aveuglette,
Qui désiras dans ta lunette
Ramener à toi l’horizon !

Hélas ! d’une orgueilleuse étrave
Tu peux toujours briser les flots,
Lever l’écume de sanglots :
Ton but n’est qu’un rêve d’Épave !




SONNET inversé "L'épave", Ch. Baudelaire "Arabécédesque, Olivier Goldsmith"

lundi 10 juillet 2017

ASSINDÛMENT

Avec une insistance inconvenante.


EURYCIDE
D'un amour éméché qui hoquette & zigzague
Ce Prince assindûment me convoite & m’alpague.
Faudra-t-il qu’à mon tour, assindûment ainsi,
Je réponde aux assauts d’un Amant sans mercy
Dont l’haleine, la voix & les gestes font taire
L’élan d’un cœur altier qu’un zèle impur altère ?

PAMISE
Ah ! Madame, sçachez qu’en sa lubriété
Son cœur souffre l’assaut d’un desir deserté
Dont je convoiterois volontiers l’apanage.

EURYCIDE
Je vous voy bien assez en femme de ménage
Pour d’un Prince astiquer la vacillante ardeur…
C’est l’ancillaire attrait d’un amour ravaudeur.

PAMISE
C’est le ravissement d’une flame qui rampe
Pour réchauffer la nuit & rallumer la lampe.

(Légitimus CŒURNŒIL, Eurycide)

dimanche 9 juillet 2017

BÂFREDOUILLER

Être en proie à une confusion idéative associant précipitation phonatoire et télescopage syllabique. Parler en avalant ses mots par réaction émotionnelle paralysante.


   Asphysexiante elle m’assied. Prisque sur le fait de mon insexpérience crétive, acculculé à la nécexcité d’avoir à esprimer des pensexes excédant les bornes de ma fémisphère fusuelle, je bâfredouille des marmonies approchant le blablaze de mon intélectrocutrice, accompaniées de ce que je stuprose être descrirruption de ses attribouts dûment prétendurs mais qui ne semble plus, à la mesure de mon exprécession interloloquée, qu’épaissueur stopaque d’émousseline lapsconfusible d’une salardue nouageuse inexpriminablement délituée me prédispositionnant à ces éjérections ictusuelles fataltes à ma blêmisphère blindue.

(Roman DEGARES, Les yeux qu'elle a dans la nuit)

samedi 8 juillet 2017

CELZÉSERINER

CELZÉSERINER "Arabécédesque" (Olivier Goldsmith)


Faire abus d’égalangage. ● Abuser de tics de langage horripilants.


Celzéceux qui celzéserinent z’en celzéserins
Celzéceux qui bonimentent toutes zé tout bonnement
Celzéceux qui redondindonnent zé redondindons
Gynaugurent zé andromecquent
Qui introduisent tau jour zé à l’heure d’aujourd’hui
Les femmes zé les hommes
Les humaines zé les humains
Les emmanuelles zé les emmanuils
Les compatrieuses zé les compatrieurs
Les zétéroses zé les zétéros
Les lesbiennes zé les lesbiens
Zé les trabicyclettes zé les travélos
Bêtes zé animaux
Rates zé rats sourises zé souris
Excétérases zé ksétéras
Celzéceux qui à toutes zé à tous ellent zé luient
Qui zélatrices zé zélateurs
Qui lébruxelloisent zé lébruxilloient
Zé belgent bilgent
Brutes zé bruts
Qui pétassent zé pétardent
Doctogresses zé doctogres
Qui écrivaniteuses zé écrivaniteux
Écrivanickellent zé écrivaniquilent
Zé écrivièrent zé écrifleuvent
Celzéceux qui démagoguent zé à gogo
Qui chapeau mol zé chapeau mou
Politiquemencorrectificellent zé politiquemencorrectifilent
Celzéceux qui ségrégèrent zé ségrégavent
Qui discriminationellisent zé discriminationihilisent
Zé maritairent zé paritairent
Celzéceux qui tante et tant attentent zé autant
Qui tante et tant té tant té tant tentêtent tentêtants
Qui yapadinquiètent zé yapadsoucient
Celzéceux qui suitalaprévertuent zé suitalaprévicent
Qui vissent zé clouent
Bécotent té bécots
Poutoutent té poutoussent
Tricotent té tricots
Travaillardisent zé travaillardeurent
Zé voili zé voilou
Celzéceux qui épuisent zé puis
Qui à toute vapeur zé à tout va
À toute pompe zé à tout rompre
Solutionnent sans solution
Celzéceuses zé celzéceux qui nivellent zau niveau des celzéceuses de chez celzéceuses zé des celzéceux de chez celzéceux
Zé consensucent zé consensuent
Les celzéceuses zé les celzéceux qui celzéserinent z’en celzéserins
Celzéceuses zé celzéceux qui z’hélas zé là
Nous courent volent zé nous mangent
Nous ragent zé nous désespoirent
Nous poirotent  les poireaux
Zé les valseuses zé les valseurs
Zé les prunelles zé les prunœils 
Toutes zé tous celzéceuses zé celzéceux qui entrèrent à l’aise zau palais en faisant craquer les gravières zé les graviers zé dînèrent zau dîner de têtes zé de chefs zoù chacune zé chacun s’était faite zé fait l’une zé l’un celles zé ceux qu’elles zé ils désiraient…

(Raymot QUENONDE, Chienne et chien, et autres pairoles)