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samedi 14 avril 2018

MALENCONTRAÎTREUSEMENT

Inopportunément, mais avec opportunité ; comme un cheveu à point nommé sur la soupe.


   Comme si elle l’eût fait exprès, Madeleine échappa son trousseau de clés qu’elle tenait d’un doigt passé dans l’anneau, et tandis qu’elle se baissait devant moi pour le ramasser, je plongeai si malencontraîtreusement dans l’échancrure de son corsage que je relevai bien vite les yeux vers la glace qui se trouvait juste derrière elle pour tomber malencontraîtreusement sur le reflet de son fessier largement offert à l’innocence désormais coupable de mes regards. Désorienté par le pigmastoflash ainsi réflexhibé de cette redondance anatomique accidentelle, je chancelai comme au bord d'un gouffre dont l’occurrence vertigineuse inonda mon cœur abéanti d’une imminence nauséeuse dont l’éventualité fulgurante lesta mon trouble d’une préoccupation des plus insistantes.


(Abimal BOCASTRO, La coda du botaniste)

mercredi 11 avril 2018

NAUSOLÉE

NAUSOLÉE, Charles Baudelaire, "Arabécédesque" (Olivier Goldsmith)


Édifice funéraire monumental dont l’aspect sinistre provoque le malaise.


J’élèverai pour toi, Démadone très-chère,
Froid et majestueux, un nausolée austère
Jusqu’à ce que le ciel en paraisse assombri ;
Et je viendrai, le cœur obscurément meurtri,
Soulageant ma tendresse auprès de ton image,
Déposer à tes pieds un frémissant hommage.

lundi 9 avril 2018

OSTATURE

Carrure squelettique imposante.


Fauchant en balançant son altière ostature,
Elle apaise tous ceux qu’elle vient libérer,
Et, bien qu’elle n’ait pas le goût de l’imposture,
Chacun de ses élus s’acharne à l’exécrer.

OSTATURE, Charles Baudelaire, "Arabécédesque, Olivier Goldsmith"

jeudi 5 avril 2018

PROBLAIMER

(v. i.)

Rechercher la difficulté, se complaire dans les complications.


   Un jour François croisa Gaston Poriac, parangon du zigoto pas trop clair, du zonard sournois trimbalant partout son baluchon d’obscurs instincts, individu malfaisant mais qui nonobstant fascinait.
   Poriac portait sur son T-shirt toujours sali un similicuir noir taillant grand, au col haut. Il avait un front bas au grand jour, qui fuyait la nuit, ainsi qu’un fin minois dont l’air chafouin sinon narquois lui cavait au rasoir plus d’un trait qui faisait qu’on y soupçonnait un froid salaupard plutôt chaud d’où l’on sait. Il y avait aussi dans son air un l'on sait trop quoi d'indistinct, d'inconsistant fort dissuadant, vil profil d’un cafard ambulant, d’un lascar attirant partout où il va un million d'infinis soucis pour assouvir son goût malsain du tracas absolu ; parfait sado-maso, tantôt bon, tantôt mauvais ; tour à tour malappris charmant, urbain discourtois ; maladroit rompu à l’art du « pas vu pas pris »… psychosociopathisant problaimant jusqu’à jouir jusqu’au bout du mal qu’il subit autant qu’il fait subir.
   Aussi, François dubitâtonnait-il quant à son puissant attrait qui l’accablait d’un fatal conflit. Lui, qui pourtant lisait illico « porc » dans « Poriac », n'ambitionnait pas d'ainsi jouir d’un plaisir consistant à souffrir sans nul but dans l'angoissant inconfort au point qu'on y crût mourir.
   Poriac sac à couacs ! murmura François, pas trop clair lui non plus, dirions-nous donc. Car pourquoi Gaston, qui problaimait à coup sûr, l’attirait-il autant ?
   Mais il vit Poriac qui fourbissait son chichi dolosif. Surpris, il crut sur l’instant qu’il allait lui sortir son machin. À la fin, louchant sur son zip, il lui lâcha : « Oh puis zut, alors ! Allons, fi, fi, vos vains avaros ! »
   Ainsi vouvoya-t-il l'obscur voyou puis, pivotant sur un talon, il tourna aussitôt dos à Poriac qui aussitôt l’accabla d’un cinglant brocard quant à son look par trop ringard, sans simili ni T-shirt pourri.
   Alors, furibond, il cria à François qui l'abandonnait, ou plutôt lui crachaboya :
    Tôt ou tard, tu auras ton lot jusqu’à l’os, mon mignon !
   ― Y a pas d’souci ! lui piailla François, ironisant à la cantonada ainsi qu’un sot jacquot dont il parodia la voix d'un tic vocal navrant. Puis, faux marin (du fait qu’il voguât toujours sans l’avoir jamais fait ainsi qu'un Cyrano pantouflard) un chouïa naïf tout nourri d’ambition s’illusionnant d’horizons lointains, il fuya un individu si craignos pour un futur d’autant plus approximatif qu’il l’imaginait mirobolant…

(Gaston PEAURIAC, L’exégète étété)

samedi 31 mars 2018

RHINAUGURER

Contribuer avec allant à une création musicale en se débarrassant bruyamment le nez.


Mon premier récital fut tant rhinauguré
Dès l'introduction au tempo modéré,
Que, furieux, je fis à la mesure trente
Allégrossièrement galoper mon andante.

(Vigor CRACKMARINOV, Tempesta di minuetto)

lundi 26 mars 2018

STYLOCYBINE

Crayon à bille dispensant une encre à couleur changeante, indéfinissable.


   Écrire pour rien, croit-on. Être tenté par l’interligne. Ne plus écrire que pour agiter l’immobilité du blanc de page dans la tentation bientôt toquée de cet interligne aussitôt défini qu’on use du blanc, de la matière apparemment inerte de la surface à tracer, à minscrire, à pinscrire. À explorer.
   Écrire pour rien, d’emblée. Explorer la page pour tenter d’en dévoiler manuellement maint secret que chaque trait, chaque mot oriente vers plus de lisibilité, circonscrit, traque. Frisson imperceptible de l'œil sur du papier immédiatement disponible. Stylocybine, plutôt que typemachine onomatypique, pour faire apparaître entre chaque ligne un frisson de plus en plus perceptible. Écrire ne servant plus qu’à révéler cet interligne, chaque ligne suivante écrite pour tenter de traduire progressivement l’interligne à l’instant révélé.
   Donner à lire ainsi ce qu’il reste du texte (comme ainsi témoigne en miroir le vers qui dévoile et révèle du rythme imposé). Sang à fleur de peau. Chaleur essentielle. Chambard chamarré, bigarrures égarées au fond du corps : gouffre infiniment versatile où goinfrer l'ample propension des pulsions intempérantes.

(Rémi CHAUWDLER, Ostentations, ostentatives)

vendredi 23 mars 2018

TIMIDIOTIE

Bévue insignement commise sous l’effet d’une inhibition.


Ah ! j’ai déraisonné sous votre propre toit :
Ma timidiotie est-elle donc injure,
Et suffoqueriez-vous de haine à mon endroit
Tant je vous vois prouter du bec dans ma figure ?

Je suis gauche, il est vrai, d’être aussi maladroit,
Mais mon esprit se fige ainsi qu’un long murmure
Face à de fins esprits un peu trop à l’étroit,
Dès lors qu’il faut prouver qu’on a de la culture.

Veuillez m’en excuser… (Maintenant j’ai besoin
De m’absenter : je dois aller au petit coin,
Loin du regard de tous pour soulager mon âme ;

Que, seul avec ma honte et tiré le verrou,
Aux épreintes sujet, impuissant et infâme,
J’essaie un tant soit peu de passer par le trou.)

(Jean-Barnave de LAMAISON de FIÈVREDOR, Les Épreintes)

mercredi 21 mars 2018

UTOPURISTE

Visionnaire aveuglé par l'application rigoureuse de ses illusions.


   À jamais pris dans les filets de nos vieux mirages, utopuristes déglingués, alcesthètes en cours de déjante, nous nous évertuons encore à faire quelques bouquets de nos fleurs fanées, sachant pourtant que nous n'aurons plus cet opium voluptoire qui nous offrait le silence apaisant de la nuit dans la fureur même d'un déboussoleil à vivre toujours plus.

(Samuel MORDOGUE, Mort-aux-rats)

lundi 19 mars 2018

VAPAPOTER

Débattre en fumant sur les méfaits du tabac.


   Grisébloui de calvagnard, j’entrai dans l’antre enfumé en titubant de plus belle comme un aveugle qui panique à la surmalvenue d’une pierripétie achoppressante. Le fait est, j’eusse impitoyablement zébré d’une canne blanche cette pénombre lapédifiée d’embûches imprévisibles, vide devenant indivisible où quelques individus séant sinon séants vapapotaient brouillardemment, et dont l’apparente inertie, que semblait appesantir l’exiguïté environnante, torporait le ronronnement des phrases accumulées céans, pareil au piaffement absurde et bovin d’une monotonie accablante d’inutilité.
   Aussitôt je sentis mon front s’halituer haïssablement et mes vaines amblyations bientôt suffoquées ne parvinrent plus à me fournir l’air dont j’avais plus que jamais besoin, fût-il brûlant.
   T’assis-là, m’initia un gros brun accroupi en me tendant un paquet de blondes ouvert, – et faisant visiblement effort pour maîtriser un français irréprochable –, tandis que les goélands continuaient stupidement d’égosillonner la ville et le port.
   Ectoplasme chancelanté d’un brusque vertige à la pensée qu’il n’y avait alors plus aucun sens à quoi que ce soit dans tout acharnement manifeste à exister, jusqu’à la ruine de l’expression même, je m’exécutai maladroitement au risque de piétiner incongruellement mainte main.
    Il est parfois des moments où la sensation d’asphyxiante vacuité de notre insoutenable épaisseur fait naître étrangement ces îlots parfumés d’un improbable eden, intelloquai-je sitting in d’une percée pessoasienne élucidante, et dans l’élan d’une désinvoltige déléthèrement subtile pour tenter de dissimuler le sentiment nauséeux d’égarement qui continuait de m’envahir.
   « Le rêve ! » m’empressai-je d’extessiturioriser en déclinant l’offre pétunière, et plaisanteriant jusqu’au fausset comme je sentais l’épaisseur d’un silence circonspectral dubitâtonnant se refermer peu à peu sur l’involontaire solennité de mon abstruisme, de sorte qu’à bout d’ambitus je replongeai dans son bouillon protozoairien primordial l’ambiance pétunifiée que j’avais interrompue par l’incontinente saillie de mon embarras.

(Keno SAKAMO, Pizzigratti)

mardi 13 mars 2018

Déserts (Arthur Rimbaud)

déserts" arthur rimbaud arabecdesque.blogspot.com



DÉSERTS


   Ô fantômes ! Esclave de mes lourdises, qu'on me jette aux orties ! Et le sang du monde refluera vers ma tête à battre la charge. Ah ! que mon désert s'en ressente ! — Désertion ! Ogresse affamée aux lueurs de l'auberge, l'épuisement guette sa proie et j'irai m'affaler sans le sou.
   Avant, fog immense des cités qui m'octroyait l'ombre apprise des rêves, et les regards de terreur que la nuit énervait pour me confondre. Opprobres souverains ! Aux bauges tourbillonnaires où tu te prélassais, frère d'infortune, je n'irai plus car l’exil se nourrissait de ta sève.
   Or bientôt l’aube fut pointe, yeux portés aux larmes sans faconde qu'une ivresse muette. — Et, dans la pâleur du ciel transi, dans mon habit d'acier emprunté aux pôles, je guettai un soleil farouche pour le nourrir de mes dégoûts.


HIATUS

   Soleil, j’ai embrasé l’aube d’été. Alors
   J’ai levé un à un les voiles de l’eau morte
   Et marché bras ouverts de mon immense corps
   Jusqu’au midi, jusqu’à ce que la Nuit m’emporte.


   Sang parcouru d'antiques fleurettes, vieilles hantises… Oh ! Léthé parfumé des profondeurs vertueuses, j'embrasse ton courant ! Plus tard seulement, — comme dans une fête, — le sel mordant de la peur se changera en rosée loin des ricanements sales au fracas rhythmique des sabots, — et, dès lors, aux heures vaporeuses des ornières, loin des pas de la foule qui déchiraient les fausses Nuits d'été.


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mercredi 7 mars 2018

AVENTAUTURIER

Explorateur du grand large. Écumeur insatiable des mers.


   Texte en tant que tel. Jusqu’à l’insensibilité. Pourtant on s’y épuise en y puisant, en y pêchant, en y piochant dans un océample de pages encrées de signes repléthoriques, aux déhanchements de vagues parfois scélérates ; nous, naviglecteurs instatiables, à hisser sur le pont tout ce qui peut combler nos propensions potomanimales ; nous, squalligauteurs dévorauteurs d’ôteurs détourrés au cutteur de survie à fins de vœracité, à tire-larigoûter toute la mer dans nos dégueuloirs pour la rejeter à elle-même dans un fretintamarre d’ambiguïdées frétillantes allant grossir le flot déjà nourri de la voluminosité paraphrasante ; nous, les emmerdeurs féconds qui tant s’étendent, entés de grosses pattes à trémail aux ongles noirs ancrés dans la chair de la poisse ; aventauturiers désarmés que tout rivage effraie qui soit censé sensé selon l’usage contimental déterminant depuis des lustres le cap à suivre des idées, la position des lignes imposées ; nous pourtant, erremites avides de sens et d’écume dans l’obstination à mettre terme à l’ouvrage de vivre en horizons connus.

(Lucas TOMBOURREAU, Ces vieux parnassiens sont exquis)

samedi 3 mars 2018

BAZARMONIE

BAZARMONIE (photo Ben Thouard) https://arabecedesque.blogspot.com

Photo : Ben Thouard



Premier jet non structuré d'une composition musicale prometteuse.


Sur un clavier géant je cherche à découvrir
Ce que va révéler cette bazarmonie ;
Garder l'eau de la vague au moment de mourir
Lorsqu'elle s'en retourne à la cacophonie
Pour m'accorder la vie et la soif d'avenir.

(Pierre-Nicolas JARRETTE, Moodelettes)