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mercredi 9 octobre 2019

NUEIGEUX

nueigeux "arabécédesque" (olivier Goldsmith)


Dont la blancheur des cimes se confond intimement à celle d’un ciel vaporeux.


     Mon cher Lionel,
   Cela fait bien longtemps que nous nous sommes rencontrés. Vous étiez ivre, il me semble, et pas seulement des hauteurs (ou tout au moins le laissiez-vous paraître, ce qui, bien entendu, revient au même).
    Êtes-vous donc enfin revenu de vos fichues montagnes, et passerez-vous à Honfleur ? Sinon quand abandonnerez-vous vos sommets nueigeux, ces stupides immaccumulations de blanche mort et de côtes raides, pour si bien vous aveugler de leur triste néant ? Il est grand temps pour vous de changer d’ivresse, croyez-m’en ! Et puis cela sent trop le facinutile naufrage, non ? ce goût de nulle part, ce flot figé des pentes glacées pour mieux vous détourner du monde. Et vous savez que je partage votre point de vue sur la question. Vous qui pourtant aimez le mouvement, vraiment je ne vous comprends pas, moi qui vous écris d'ici, col relevé quand il arrive parfois que le vent se lève et que, délicélestement, la nature se fâche, à se sentir vivant pour de bon !

lundi 30 septembre 2019

OBSCUIR

Faute de liaison qui rend incompréhensible le sens d’une phrase.


L'obscur objet de dire avec, pour tout bagage,
Le seul balbutiement de tournures à fuir ;
Avec toi consentir aux fautes de langage,
Aux langues qu’on emmêle en un savant obscuir. 

(Joseph LAUPINAR, Les mots bouche cousue)

jeudi 19 septembre 2019

PANTOUFFLÉTAIRE

Polémiste sans conviction réelle.


  Emberlificrottés dans notre testicouilllis séborrhéique, empatouillés dans le jus saumâtre de nos limbes oléagineux, nous voici devenus des carnassiers bidons, des polémanthropes margouilleurs d'un zoo sans clôtures, poussahs poussifs, pantoufflétaires braillards, écornifleurs pourfendeurs de cacahuètes piégées et grands buveurs de Viandox sec.

(Samuel MORDOGUE, Mort-aux-rats)

mardi 10 septembre 2019

QUÊTRE

Tension de l’esprit appliquée à son propre principe.


Il est des murs maudits dont on ne sait pourquoi
L’aspectre fout la trouille à nous transir d’effroi,
Et, quoique sans y croire, on n’en mène pas large…
C’est véritablement une histoire de barje !
On ne peut demeurer cloîtré dans la maison
Sans entendre des poings cogner sur la cloison ;
Qu’on se trouve au sous-sol ou dans l’une des chambres,
On a comme un frisson qui nous saisit les membres.
Alors on se dit ça : c’est notre cœur qui bat
À nous faire inventer cet infernal sabbat.
On respire un bon coup… on attend… on écoute…
On reprend ses esprits… pourtant demeure un doute
Absurde qui persiste à nous glacer les sangs
Tant nous semblons cerné d’inconnus menaçants ;
Et, hanté de non-sens, de quêtre inassouvie,
Nous comprenons alors que nous sommes en vie
Et que vivre toujours nous semble sans raison
Tant qu’on ne bâtit pas soi-même sa prison ;
Que ce n’est plus la peur qu’il importe de craindre,
Mais le manque vécu dans un besoin d’étreindre
Qui nous porte aussi loin qu’on peut le souhaiter.
Vivre ne suffit pas au désir d’exister.



(Samson d’ALLUNELLE, Méditations hypnothétiques)

mardi 3 septembre 2019

RÉPITIÉ

Geste passager d’humanité octroyé de guerre lasse.


Les flots sont pleins de haine et jettent sur nos flancs
L’Hydre sans répitié de leur vague démente,
Et le vent est si fort qu’on voit les goélands
Voler à reculons dans l’énorme tourmente.

Charles BAUDELAIRE  "Arabécédesque : RÉPITIÉ" (Olivier Goldsmith)

mercredi 28 août 2019

SONNEPTÉNAIRE

Poème à forme fixe composé de quatorze heptasyllabes justifiés de vingt-huit caractères, espaces comprises, de coupe 4/3 pour les deux quatrains sur quatre rimes, et 3/4 pour les deux tercets suivants sur trois rimes. Le respect des règles de versification classique, reine mère des contraintes, n'est pas tant une obligation qu'une politesse.


Repère un vers de sept pieds 
Qui t’emprisonne au problème 
Maint labyrinthe en toi-même 
Pour en froisser tes papiers 

Un truc chiant qui travaille 
Le cœur tout plein du dégoût 
De battre au vent et surtout 
Pour accomplir ta trouvaille 

Que d’un rien vraiment banal 
Naisse au jour l’objet final 
Par défis presque ordinaires 

Mais qu’ensuite après essais 
Il nourrisse à pleins succès 
Tes prochains sonnepténaires 

(Apollon KLOSTROGNIAMENTALK, Sonnepténaires)

mercredi 21 août 2019

TROMPRE

Faire du bruit par peur du silence, du noir.


Je vois nos descendants, qu’un même rêve exhorte,
Aller loin dans le ciel sonder leur propre nuit
Et, pour trompre à leur suite (ô silence où tout fuit !),
Des chevelus jouant de la musique forte.

(Hugo SPLECTOR, La fiente de l’Esprit)


                                        _____


Infatigablement nous allons dans un gouffre
(Bien qu’à la vérité nous y sommes déjà),
Et rien dorénavant ne peut nous retenir.
Et bientôt le jour tombe, emporté lui aussi ;
Déjà je vois la nuit sans étoiles, sans hommes,
Et l'avenir profond où s'abîme le monde ;
Déjà je sens sous moi la terre qui déverse,
Comme un tombeau glacé qui ne résonne pas…
Comme si… comme si rien n’avait existé…
Que sommes-nous ? que suis-je ? Un spectre, une ombre… une âme,
Ou bien quelque animal venu gratter le sol
Pour disparaître encore et encore, englouti
Dans l'insondable flot d'une mer sans rivage…
Faire du bruit par peur du silence, du noir :
C’est là le vain projet des âmes en souffrance
(Et le fait de tous ceux qu’on nomme des fêtards).
On pourrait dire ainsi « trompre » en inversant les lettres…
Et malgré tout j’entends l’abîme, le silence
Prolonger sans répit mes piaffements stupides…
J’entends… et puis j’écoute, en dépit de moi-même…
     (Il se fige. Temps de silence)
Une brèche est ouverte au milieu de mon ventre,
Et déjà l'eau s'engouffre à l'intérieur de moi.

(Chrisostome MARLOQUÊTRE, L'âme létale)

mercredi 14 août 2019

VIRONCHONNER

Tourner en rond, s'agiter en bougonnant.


J'étais comme on peut être amer et sans le sou,
Vironchonnant en vain en rêvant de tempête :
Quelque chose manquait qui me bourrait la tête ;
Et je compris alors que je n'étais plus soûl.

(Stanislas PHOLLION, D'une mer inconnue)

lundi 5 août 2019

Valise (Noël Talipo & Sguono Shivko)


VALISE


Que renferme, au grenier, la valise en carton
Que la poussière et le silence ont recouverte ?
D’un voyage elle garde une étiquette verte.
Seul a vu son trésor, fureteur, le raton.

Peut-être est-il venu se faire un gueuleton
De chiffes, de papiers, dans la malle entrouverte
Et, dans le paradis de cette découverte,
Combla-t-il son penchant de voyageur glouton.


Rongeur globe-trotter, raconte à l’enfant sage
Les océans bravés, les torrides rivages,
L’accostage aux pontons envahis de senteurs ;

Qu’imprégné du remugle exhalé de la malle,
Il s’invente un pays qui le laisse songeur,
Longtemps, au noir grenier de son âme brumale.


NB & OG

samedi 27 juillet 2019

ARIGIDITÉ

ARIGIDITÉ "Arabécédesque" (Olivier Goldsmith) Jean Racine BAJAZET


Intransigeance d’un esprit borné.



LÆTANIA
Juste Ciel ! ce Minus…

OXANNE
                                              Estoit mal rancardé,
Car depuis Ibrahim l'a si bien possedé
Que Raymond, sous l'effet d'une heureuse fortune,
A pû luy refiler sa Came contre Thune.

LÆTANIA
On est faites ?

OXANNE
                             Not yet. Chouette fatalité !
Car, chez un con pareil, toute arigidité
Vient prouver sa limite au cerveau qu'il héberge,
Et je sçauray fléchir un poireau qui gamberge.



(Jean-Rachid de CRAMPISTON, La came de chez Ibrahim)

mardi 16 juillet 2019

BOUILLONNIR

BOUILLONNIR "Arabécédesque" (Olivier Goldsmith) Jean Racine Iphigénie

Être en proie à un accès d’exaspération improbative.



GAGAMENTOWN
Hi ! hi ! Pleurons, pleurons cette Hostie innocente,
Puisqu'à ce sacrifice il faut que l'on consente,
Et nous aurons enfin le plus bel avenir.


CHILLA
Ces mitos ça m'vénere à faire bouillonnir,
Poucave !


GAGAMENTOWN
                      Doy-je craindre une voix menaçante ?
Ah ! que doy-je esperer d’une humeur si blessante ?


CHILLA
Ferm' ta gueule fombou, boloss, gros Porc, connard !
Tu crois que t'as le flow ? Sa race le crevard !
Tu crois que j'vay t'laisser niquer ta noble Fille ?
Gagatride, t'es trop le dossier d'la famille !
On va passer l'flambeau plustost à un Psyco,
Wesh ! on va t'expliquer que t'es juste un skizo
Qui revend des mégots avec ton Calchiotte
Pour t'payer du bedo, gros bastard, face d'ilote !


GAGAMENTOWN
Et vous mesme, ça va ?


CHILLA
                                               Tu clash' mal le daron.
Zyva, mon sang m’enjoins de t'péter la cheutron,
Mais je kiff’ trop Sissi pour t'exploser, ta Mere !
Pas vray, t'as le chiro qui grave déblatere.
T’es trop relou : j’te jarte, ô face de goret !
A d'autres reviendra de te couper l'sifflet.

(Jean-Rachid de CRAMPISTON, Sissigenie)

lundi 8 juillet 2019

CERTINEXACTITUDE

Certinexactitude  "Arabécédesque" (Olivier Goldsmith) Jean de La Fontaine


Fausse vérité soutenue opiniâtrement.



Ne point sçavoir permet d’apaiser nos souffrances :
Pour cela, nous forgeons aisement des croyances.
L'ignorance est souvent le ferment de l'espoir,
Et nous sçavons trop bien ce qu'on veut bien sçavoir
Pour affiner encore, à force d'habitude,
Ce Principe appelé certinexactitude,
Tant nous craignons tousjours connoistre vrayement
Ce que nous écartons de nostre pensement.


(Célestin RONCELARD, Les hymniquitez)